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Moyen-Orient - Élections

L’opposition turque promet un retour au jeu démocratique

Six partis rassemblés à Ankara en un front uni contre Erdogan ont présenté un programme de 240 pages et plus de 2 300 objectifs.

L’opposition turque promet un retour au jeu démocratique

Les leaders des six partis d’opposition réunis hier à Ankara. Adem Altan/AFP

L’opposition turque, constituée en Alliance nationale pour les élections prévues en mai, a promis en cas de victoire le retour à un fonctionnement démocratique en Turquie après 20 ans de règne sans partage du président sortant Recep Tayyip Erdogan.

Présentant un programme de 240 pages et plus de 2 300 objectifs lundi à Ankara, les six partis d’opposition rassemblés en un front uni doivent encore désigner leur candidat face au chef de l’État, qui dit briguer un ultime mandat et a déjà largement entamé sa campagne.

Le candidat choisi sera très certainement issu du CHP (Parti républicain du peuple, social-démocrate), le parti de Mustafa Kemal Atatürk, fondateur de la République en 1923, première force d’opposition au Parlement.

L’élection présidentielle se tiendra en même temps que les législatives le 14 mai avec, si besoin, un second tour le 28 mai.

L’Alliance nationale – communément appelée « Table des six » – entend tourner la page en revenant à une stricte séparation des pouvoirs avec un renforcement du rôle du Parlement, « un exécutif comptable » de ses décisions et une « justice indépendante et impartiale ».

Les pouvoirs de l’exécutif seraient ainsi confiés à un Premier ministre élu par le Parlement et le président ne pourrait être élu que pour mandat unique de sept ans.

M. Erdogan, chef du parti AKP (Parti de la justice et du développement, islamo-conservateur), fut d’abord Premier ministre de 2003 à 2014 avant de devenir en 2014 le premier président turc élu au suffrage universel direct et d’être réélu en 2018. En 2017, une révision constitutionnelle a élargi considérablement ses pouvoirs.

L’opposition promet, si elle est élue, que les amendements à la Constitution seront soumis au Parlement qui devra les approuver par une majorité des deux tiers – 400 voix sur 600 députés.

Ni décret ni veto présidentiels

L’opposition dit aussi vouloir supprimer les décrets présidentiels, dont M. Erdogan s’est régulièrement servi pour limoger de hauts responsables, dont le gouverneur de la banque centrale, ou pour dénoncer en 2021 la Convention d’Istanbul, qui impose de poursuivre les auteurs de violences contre les femmes.

Le président ne pourra pas non plus opposer son veto à une loi débattue par le Parlement, mais pourra renvoyer ce texte devant les députés s’il entend le contester.

L’Alliance nationale promet également que toute procédure engagée contre un parti politique en vue de son interdiction sera soumise au feu vert du Parlement.

Décision symbolique, l’Alliance nationale promet le retour de la présidence au palais présidentiel historique de Cankaya : M. Erdogan s’est fait construire sur une colline à l’extérieur d’Ankara un palais décrié de plus de 1 000 pièces, inauguré en 2014, comprenant mosquée, bibliothèque et jardin d’hiver.

Les « Six » veulent aussi renforcer la liberté d’expression et celle de la presse, en « restructurant » l’agence étatique Anadolu et la chaîne publique TRT.

Face à la grave crise économique, l’Alliance nationale assure qu’elle ramènera l’inflation « à un chiffre d’ici à deux ans » (contre les plus de 60 % sur les douze derniers mois) et de « rendre sa crédibilité à la livre turque », qui s’est effondrée ces dernières années.

Sur le front diplomatique, l’opposition n’entend pas renverser la table et respectera les traités et conventions auxquels elle adhère : « Paix dans le pays, paix dans le monde », résume-t-elle en reprenant une phrase d’Atatürk.

La Turquie restera ainsi dans l’OTAN « en tenant compte de ses intérêts nationaux » et maintiendra ses relations avec la Russie par un « dialogue équilibré », tout en renouant avec la Syrie de Bachar el-Assad.

L’opposition espère toujours faire de la Turquie un « membre à part entière » de l’Union européenne et établir une « relation d’égal à égal » avec les États-Unis, en concluant notamment un accord sur la livraison litigieuse des avions de combat F-35.

L’Alliance nationale, qui pourrait annoncer son candidat le 13 février, se défend de tarder à le désigner : « Tout se passe conformément à notre stratégie », a déclaré lundi le député et porte-parole du CHP Faik Öztrak.

Source : AFP

L’opposition turque, constituée en Alliance nationale pour les élections prévues en mai, a promis en cas de victoire le retour à un fonctionnement démocratique en Turquie après 20 ans de règne sans partage du président sortant Recep Tayyip Erdogan.Présentant un programme de 240 pages et plus de 2 300 objectifs lundi à Ankara, les six partis d’opposition rassemblés en un front...

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