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Culture - Spectacles

Ces opéras où l’enfant est roi

Des productions participatives ou adaptées pour le jeune public connaissent de plus en plus de succès ces dernières années en France.

Ces opéras où l’enfant est roi

Une « Cenerentola » au théâtre des Champs-Élysées à Paris. Vincent Pontet/Theatrechampselysees.fr

L’opéra, un art uniquement pour adultes ? Au théâtre des Champs-Élysées, la vision de centaines d’écoliers dans la salle entonnant en chœur des airs de La Cenerentola de Rossini avec les chanteurs sur scène semble démentir cet a priori.

Dans cette maison parisienne et d’autres, comme l’Opéra Comique, mais aussi en région, des opéras participatifs ou adaptés pour le jeune public connaissent de plus en plus de succès ces dernières années.

En prélude à La Cenerentola (jusqu’au 5 février, dont trois représentations pour le grand public), le chef d’orchestre Alphonse Cemin se retourne vers la salle pleine à craquer pour la mise en voix.

« L’orchestre fait ploum, ploum, ploum et là... » dit-il en donnant le signal aux enfants, qui ont appris les airs en classe. Telle une chorale géante, ils chantent « Il était... une fois... un roi, solitaire, solitaire... ».

« Soyez dans le temps entre chaque phrase », leur conseille-t-il.

Une graine qu’on plante

Tout au long de l’action mise en scène par Daniele Menghini, des éclats de rire et des interjections fusent à la vue d’éléments de décor (trottinette, ballon de foot géant, gâteaux factices) et quand des chanteurs surgissent dans la salle ou font du « floss », une danse popularisée sur les réseaux sociaux. Les écoliers font aussi des percussions corporelles pour imiter le vent ou la pluie et même une intervention en langue des signes. Aux saluts, les artistes ont été accueillis par un tonnerre d’applaudissements.

Linda, 9 ans, a été fascinée par les surtitres, certains ont trouvé que « ça chantait très fort », tandis que pour Victor, le plus émouvant, « c’est d’être au théâtre ».

« Ça s’entend dans la voix d’un enfant qu’il est heureux de chanter », affirme le chef d’orchestre. « Certains de ces enfants ne retourneront peut-être jamais dans une salle, mais venir pour la première fois fait naître quelque chose. »

« C’est comme une graine qu’on plante, pour former le public de demain et apprendre à pousser la porte d’un opéra », renchérit Isabelle Antoine, qui gère l’initiative.

Depuis une dizaine d’années, le théâtre des Champs-Élysées adapte des opéras sur un format d’une heure, souvent en collaboration avec l’Opéra de Rouen (qui présentera cette Cenerentola en avril).

Cette année, environ 180 établissements de Paris et d’Île-de-France comme Champigny-sur-Marne ou d’Arnouville (Val-d’Oise) participent à l’opération, soit 550 classes, dont certaines classées REP. Des ateliers de chant, de toucher de costumes et de visites du théâtre sont organisés en amont.

Grâce à des mécènes, le billet est de sept euros par élève, et chaque année, environ 1 000 élèves de classes REP viennent gratuitement au théâtre grâce à des dons de particuliers dans le cadre de l’initiative « Amenez une classe à l’opéra ».

« C’est un cercle vertueux », souligne Isabelle Antoine.

À l’Opéra Comique, une opération d’un autre genre prend place grâce à la Maîtrise populaire, école de chant et projet phare de la maison. Ici, des enfants et adolescents se produisent dans des opéras qui peuvent plaire aux petits et aux grands.

L’aventure a convaincu jusqu’au metteur en scène Laurent Pelly, qui présente jusqu’au 3 février Le Voyage dans la Lune d’Offenbach, avec un décor de décharge en plastique comme métaphore de la Terre et une mise en scène surréaliste pour la Lune, le tout enrobé d’humour.

« Il faut donner aux enfants le goût des grandes œuvres », commente M. Pelly. « Notre mission est d’essayer de lutter contre la culture instantanée et de montrer le chemin des salles », ajoute-t-il.

Fondatrice et directrice de la Maîtrise populaire, Sarah Koné est convaincue que « le spectacle vivant sait se renouveler et que ça passe par l’éducation du public ».

« Les enfants de la Maîtrise ne savaient même pas qu’un lieu comme cela existait, dit-elle. Aujourd’hui, ils bénéficient de réductions s’ils ramènent du public, et ils invitent leurs parents. Il faut faire confiance à la jeunesse. »

Rana MOUSSAOUI/AFP

L’opéra, un art uniquement pour adultes ? Au théâtre des Champs-Élysées, la vision de centaines d’écoliers dans la salle entonnant en chœur des airs de La Cenerentola de Rossini avec les chanteurs sur scène semble démentir cet a priori.Dans cette maison parisienne et d’autres, comme l’Opéra Comique, mais aussi en région, des opéras participatifs ou adaptés pour le jeune...

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