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Monde - FOCUS

Les États-Unis font un pas vers la reconnaissance des personnes originaires du Moyen-Orient

Après des années de lobbying, la Maison-Blanche pourrait créer une catégorie de recensement pour les personnes originaires du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

Les États-Unis font un pas vers la reconnaissance des personnes originaires du Moyen-Orient

Des affiches encouragent les citoyens américains et résidents à remplir le formulaire de recensement de 2020 à New York. Photo WikiMedia Commons

En vue du prochain recensement américain de 2030, l’administration de Joe Biden a proposé un changement notable dans la collecte des données sur la race et l’ethnicité aux États-Unis, avec la création d’une nouvelle catégorie « Moyen-Orient ou Afrique du Nord ». Les citoyens et résidents américains originaires de ces zones sont actuellement classés comme « blancs » aux côtés des individus d’origine européenne.

Soutenue par la Maison-Blanche, qui définit par le biais de son Office of Management and Budget (OMB) les normes pour les données collectées au niveau fédéral, la proposition représente une avancée considérable dans un dossier à l’ordre du jour à Washington depuis au moins 2014. Des organisations arabo-américaines avaient alors lancé une campagne soutenue en ce sens, se plaignant que les catégories existantes ne reflétaient pas fidèlement leurs identités. Processus de longue haleine, les changements apportés au recensement américain, qui a lieu tous les dix ans, doivent passer par une batterie de recherches et d’enquêtes-tests afin d’évaluer l’effet des transformations sur les réponses au recensement.

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Utilisées dans le dernier recensement de 2020, les définitions actuelles de race et d’ethnicité sont en place depuis 1997, date à laquelle l’OMB a décidé de ne pas mettre en place une catégorie Moyen-Orient et Afrique du Nord parce que « aucun accord sur une définition de cette catégorie n’avait été trouvé », selon l’avis publié dans le Federal Register.

Considérés comme « blancs »
La catégorisation juridique des personnes originaires du Moyen-Orient comme « blanches » remonte au début du XXe siècle. Des immigrés venus du Liban et de la Syrie actuels avaient alors saisi les tribunaux dans différentes affaires pour faire valoir leur éligibilité à la citoyenneté américaine. Cette dernière était à l’époque limitée par la loi aux « étrangers blancs libres, aux étrangers d’origine africaine et aux personnes d’ascendance africaine », excluant explicitement les individus d’origine asiatique. Ces immigrés avaient ainsi affirmé que bien que le Levant fasse géographiquement partie de l’Asie, ils devaient être considérés comme « blancs », mettant en avant leur origine sémitique et leur christianisme, religion majoritaire des immigrés du Moyen-Orient aux États-Unis à cette époque.

Si le sujet avait gagné de l’ampleur sous la présidence de Barack Obama, en prévision du recensement de 2020, la création de catégories pour les personnes originaires de la région a été bloquée par l’administration de Donald Trump, en poste de 2016 à 2020. L’explication officielle donnée à l’époque par le bureau du recensement était que « davantage de recherches et de tests étaient nécessaires » avant que le questionnaire puisse être mis à jour. Hansi Lo Wang, de la National Public Radio (NPR), avait pourtant révélé que le blocage provenait bel et bien de la Maison-Blanche. Durant le mandat du président républicain, les critiques avaient ainsi fustigé le gouvernement pour son inaction, l’accusant de négliger des années de recherches démontrant qu’une catégorie « Moyen-Orient ou Afrique du Nord » fournirait des données plus précises et plus utiles.

Les modifications proposées pourraient avoir de vastes répercussions sur les administrations locales et fédérales aux États-Unis, ainsi que sur les institutions privées, telles que les universités, les hôpitaux et les entreprises du troisième plus grand pays du monde. Le recensement a en effet un impact sur l’allocation des fonds gouvernementaux et il est notamment utilisé pour dessiner les contours des districts représentés au Congrès. La mesure pourrait ainsi avoir une incidence sur la prestation de services et la distribution de ressources, qu’il s’agisse de soins de santé, d’éducation ou de logement, soumis à une obligation de non-discrimination.

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« Nous avons toujours dit que nous ne cherchions pas à ce qu’un formulaire gouvernemental nous donne notre identité. Mais il n’y a pas un aspect de notre vie qui ne soit pas gouverné par les données du recensement, notre communauté est rendue invisible dans les statistiques, nous ne pouvons pas avoir d’estimation exacte du nombre que nous représentons », a énuméré Maya Berry, directrice exécutive de l’Arab American Institute, interrogée par Hansi Lo Wang, de NPR. « Il a fallu des décennies pour en arriver là aujourd’hui. Je suis folle de joie », a-t-elle déclaré quant à la proposition de catégorisation.

La proposition, qui en est encore à un stade préliminaire, émane d’un groupe de travail interagences convoqué par l’OMB. Celui-ci va désormais solliciter des commentaires sur la proposition et prévoit de prendre une décision finale à l’été 2024, selon une déclaration du statisticien en chef américain. Le prochain recensement américain aura lieu en 2030.

En vue du prochain recensement américain de 2030, l’administration de Joe Biden a proposé un changement notable dans la collecte des données sur la race et l’ethnicité aux États-Unis, avec la création d’une nouvelle catégorie « Moyen-Orient ou Afrique du Nord ». Les citoyens et résidents américains originaires de ces zones sont actuellement classés comme...

commentaires (3)

Le pays qui se moque des droits de l'homme et qui veut éduquer la planète entière. Ah et une question : les lobbys juifs ont-ils donné leur accord?

Politiquement incorrect(e)

20 h 07, le 28 janvier 2023

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Commentaires (3)

  • Le pays qui se moque des droits de l'homme et qui veut éduquer la planète entière. Ah et une question : les lobbys juifs ont-ils donné leur accord?

    Politiquement incorrect(e)

    20 h 07, le 28 janvier 2023

  • DU PUR RACISME. ET ILS ACCUSENT D,AUTRES DE L,ETRE,

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 08, le 28 janvier 2023

  • Ahurissant de voir combien un pays qui se targue d'être démocrate et libéral peut en même temps être imbibé de racisme ... à un point tel qu'on pourrait aisément l'accuser da`dopter des mesures digne de la politique de l'apartheid , jadis appliquée en Afrique du Sud et à propos de loù les laquelle j'avais publié une étude politico/sociologique , du temps où j'étais en poste dans ce pays . où les immigrés libanais ( "lebanonians") n'étaint pas considérés comme blancs à part entière et intentaient des procès contre cette mesure . les autorités suafricaines m'avaient permis à cette époque de consulter les archives juridiques de la Cour Federale de Justice . Et le Révérend Père Sélim Abou , qui était alors Doyen de l'USJ, à qui j'avais soumis cette étude , m'avait fait jurer d'en faire un film . Je vois aujourd'hui que cette histoire , cette saga de l'émigration libanaise , est d'une brûlante actualité !

    Chucri Abboud

    08 h 23, le 28 janvier 2023

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