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Lifestyle

Ces femmes qui habillent l’homme et transforment la représentation de la virilité

Ces femmes qui habillent l’homme et transforment la représentation de la virilité

Véronique Nichanian, styliste des collections homme chez Hermès, au défilé à Paris, le 22 janvier 2023. Photo Emmanuel Dunand/AFP

Elles sont toujours rares, mais de plus en plus nombreuses : les femmes stylistes s’emballent pour la mode homme où il y a tant à faire, en transformant la représentation de la virilité avec un regard plus sensible ou pragmatique.

Véronique Nichanian, aux manettes des collections masculines chez Hermès depuis 35 ans, a présenté samedi sa vision d’un homme jeune et sexy en insufflant de la poésie dans ce vestiaire toujours désirable, au grand succès commercial. Mais la semaine du prêt-à-porter homme qui se termine dimanche a aussi fait revenir sur les podiums parisiens de jeunes créatrices prometteuses comme la Britannique Grace Wales Bonner ou l’Américaine Emily Bode, lauréates de prestigieux prix de design dans leurs pays. La jeune créatrice Jeanne Friot, derrière la marque éponyme non genrée, a, elle, présenté une collection flamboyante tout en rouge, en plumes et paillettes dans le cadre du projet Sphere de la Fédération de la haute couture qui soutient la création émergente.

Plus de place pour l’expression

« Je me suis lancée dans la mode masculine parce qu’il y a beaucoup plus de place pour l’expression. La mode masculine n’est pas très développée, elle peut parfois être assez conservatrice », a déclaré Wales Bonner à l’AFP.

Pour Serge Carreira, la créatrice d’origine jamaïcaine par son père, connue pour apporter une touche afro-atlantique au luxe européen, s’attaque aux stéréotypes sur l’homme noir en mettant en lumière « la sensualité et poésie plutôt que la force, la performance ou l’exotisme ». Comme elle, sa compatriote britannique Bianca Saunders crée aussi des pièces pour la femme mais dit être « designer pour homme » : « Cela permet de travailler sur une toile différente et invite à l’exploration. » Spécialiste du tailoring, elle « sort de la rigidité des pièces formelles en y apportant quelque chose de vibrant et vivant », selon Serge Carreira. Avec des scènes de l’Amérique rurale recréées au théâtre du Châtelet, Emily Bode est revenue à Paris après une pause causée par le Covid et forte de son titre du designer de l’année pour homme 2022 du Conseil des créateurs de mode américains (CFDA). Dans sa collection d’inspiration vintage, des hommes portent des smokings avec des revers en strass, des costumes ornés de bouteilles de champagne à paillettes ou des manteaux en poil de chameau de coupe classique. Emily Bode qui travaille avec des tissus anciens recyclés « va chercher dans le répertoire folklorique et les références culturelles américaines très fortes une nouvelle décontraction pour l’homme », selon Serge Carreira.

Moins de clichés

Dans une approche différente, la Française Marine Serre défile désormais à la fashion week homme avec des collections mixtes qui traduisent sa vision du vêtement engagé et écoresponsable. Préfère-t-elle créer pour femme ou homme ? « C’est pareil », répond-elle à l’AFP. Pour Jeanne Friot – dont le jean upcyclé – fait à partir de jeans existants – à plumes est la pièce la plus populaire, achetée plus par les hommes que par les femmes – « les hommes ont besoin d’avoir plus d’options dans leur vestiaire et pas juste du noir, du blanc et du gris, possiblement des pièces plus féminines ou plus fun » . « En tant que styliste femme, j’ai un autre regard sur l’homme et sur la mode en général » sans coller l’étiquettes de genre sur un vêtement, explique-t-elle. Alors que les hommes tendent à suivre les représentations d’un idéal – « tiens, aujourd’hui je veux être Marlon Brando, j’enfile un blouson en cuir » –, les femmes habillent l’homme « avec moins de clichés, avec un regard extérieur et plus de neutralité », estime Pierre Hardy qui dessine les chaussures pour Hermès et travaille depuis plus de 30 ans aux côté de Véronique Nichanian. Alice Feillard, directrice offre et achat homme aux Galeries Lafayette, trouve pour sa part que les créatrices sont plus pragmatiques. « Elles ont un œil plus ancré dans la réalité, plus distant et moins fantasmé, des propositions d’un vestiaire plus complet », conclut-elle.

Olga NEDBAEVA/AFP

Elles sont toujours rares, mais de plus en plus nombreuses : les femmes stylistes s’emballent pour la mode homme où il y a tant à faire, en transformant la représentation de la virilité avec un regard plus sensible ou pragmatique. Véronique Nichanian, aux manettes des collections masculines chez Hermès depuis 35 ans, a présenté samedi sa vision d’un homme jeune et sexy en...

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