"Interdit et inacceptable". Le président du Parlement, Nabih Berry, a été on ne peut plus clair dans son refus de tenir une séance électorale ouverte visant à choisir le prochain président de la République. Une demande réclamée par des députés grévistes de la contestation populaire qui dorment au sein de l'hémicycle depuis jeudi, alors que le Liban est sans chef de l'Etat depuis le 31 octobre, date de la fin du mandat de Michel Aoun, malgré onze séances électorales qui ont toutes échoué.
Dans un entretien accordé au quotidien local al-Joumhouria et publié mardi, le chef du Législatif, qui n'a toujours pas fixé de nouvelle session de la Chambre, affirme qu'il le fera lorsqu'il le jugera opportun.
Collège électoral
"Les demandes de tenue de séances électorales ouvertes, qui ne permettront aucune avancée dans un contexte d'absence d'entente, montrent que de telles séances signifient la paralysie totale et définitive du Parlement, ce qui est interdit et inacceptable", a lancé M. Berry mardi, balayant ainsi la demande des députés contestataires Najat Aoun Saliba et Melhem Khalaf, auxquels certains députés des Forces Libanaises (FL) se sont greffés par moment.
La Chambre "deviendrait un collège électoral et ne pourrait plus légiférer, alors que la Constitution est claire sur cet aspect : lorsque le Parlement devient un collège électoral, il ne peut plus exercer son rôle législatif. Ce n'est donc pas seulement un blocage du Parlement, mais un blocage du pays", a asséné Nabih Berry.
Selon l'article 74 de la Constitution, "en cas de vacance de la présidence par décès, démission ou pour toute autre cause, l’Assemblée se réunit immédiatement et de plein droit pour élire un nouveau président. Si au moment où se produit la vacance la Chambre se trouve dissoute, les collèges électoraux sont convoqués sans retard, et aussitôt les élections faites, la Chambre se réunit de plein droit". L'article suivant explique que "la Chambre réunie pour élire le président de la République constitue un collège électoral et non une assemblée délibérante. Elle doit procéder uniquement, sans délai ni débat, à l’élection du chef de l’Etat".
Contrôle des capitaux
Mais le président Berry ne semble pas l'entendre de cette oreille. "Beaucoup de sujets doivent être rapidement décidés en séance plénière du Parlement, comme par exemple la loi sur le contrôle des capitaux", a-t-il poursuivi avant de promettre : "J'agirai bientôt pour convoquer une séance législative consacrée à son étude et à son vote". Ce projet de loi a été longuement étudié par les commissions mixtes parlementaires, et fait partie des conditions requises par le Fonds monétaire international (FMI) pour aider un Liban exsangue.
"Qu'ils viennent et proposent des vrais candidats !"
Évoquant l'initiative des députés contestataires qui tiennent le sit-in au sein du Parlement, M. Berry a lancé : "Qu'ils viennent et nous disent qui sont les vrais candidats qu'ils proposent !", rappelant qu'il a déjà convoqué onze séances parlementaires. "Et j'en convoquerai d'autres en bonne et due forme, dès que je jugerai opportun de le faire", a-t-il tranché.
Le chef du Législatif a enfin rappelé qu'il a "précédemment appelé au dialogue", mais que les autres forces politiques l'ont refusé. "Malheureusement, leurs désaccords - ceux qui refusent le dialogue, notamment le Courant patriotique libre (aouniste) et les FL - ont des conséquences sur le pays tout entier", a dénoncé M. Berry, en nommant les deux grands partis chrétiens.
"Le danger est très grand, et la situation va de mal en pis. Nous sommes arrivés au pire. On ne peut donc pas accepter que la situation demeure ainsi ; la (vacance) présidentielle peut encore durer quelques semaines, mais le pays ne tient plus du tout", a également estimé Nabih Berry. Des propos qu'il réitère régulièrement alors que son propre groupe parlementaire à l'Assemblée vote systématiquement blanc aux séances électorales, avant de quitter la séance, avec le Hezbollah et ses alliés, aboutissant à la perte du quorum.
Réaction de Geagea
Répondant aux critiques de M. Berry, le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a affirmé que le dialogue "est déjà en cours entre les différents partis et blocs parlementaires depuis le premier moment de l'échéance (constitutionnelle) pour élire un président de la République".
Il a ajouté que des dialogues ont lieu "directement ou indirectement", et a évoqué les dialogues, "deux fois" entre le chef du Parti socialiste progressiste (PSP) Walid Joumblatt et le Hezbollah, et "une fois" avec M. Berry. Pour le chef des FL, "malgré de nombreux échanges avec le président Berry, tous ces dialogues n'ont abouti à aucun résultat".
"Quant à l'appel du président du Parlement à des sessions parlementaires successives pour élire un président, surtout après le 31 octobre, il s'agissait plus d'une formalité que d'appels réels, car les sessions auraient dû rester ouvertes pour que les députés se consultent entre eux au Parlement de session en session jusqu'à élire un nouveau président".
commentaires (16)
l'Etat-pourriture dans lequel on vit a pour parrain principal Nabih Berri ! Venir lui reclamer de changer ce qu'il a crée releve de la naivete confondante. il faut commencer a larguer les amarres parout ou c'est possible.
Lebinlon
15 h 46, le 25 janvier 2023