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Politique - Décryptage

Le « come-back » de Baha’ Hariri ?

Le « come-back » de Baha’ Hariri ?

Baha’ Hariri. Photo tirée de son compte Facebook

Depuis lundi et jusqu’à la fin de la semaine, l’hôtel Radisson à Larnaca connaît une activité libanaise inhabituelle. C’est là que le fils aîné du Premier ministre assassiné Rafic Hariri, Baha’, a choisi de tenir ses réunions avec un large éventail de personnalités sunnites, venues de toutes les régions du Liban et de différents secteurs professionnels, sans parler des autorités religieuses.

Au total, près de 200 figures sunnites, dont des présidents de municipalité, des muftis et des représentants de ce qu’on appelle les grandes familles beyrouthines, ont participé à ces réunions qui doivent se prolonger jusqu’à samedi. Selon des personnalités qui suivent ces rencontres, Baha’ Hariri a préféré tenir des rencontres par petits groupes avec les différentes personnalités, plutôt que des réunions élargies, pour pouvoir, selon les mêmes sources, poser des questions et écouter les réponses, en se voulant proche des problèmes des gens et de la communauté sunnite au Liban.

Selon ces mêmes personnalités, Baha’ Hariri a tiré les leçons de son échec aux élections législatives et il veut désormais changer totalement d’approche. Au début de l’année précédente et en vue des législatives, il avait en effet lancé en grande pompe un mouvement « Sawa liloubnan » (Ensemble pour le Liban) à travers une campagne publicitaire et médiatique assez impressionnante. Malgré cela, il n’a pas pu obtenir des sièges au Parlement et ses proches avaient même annoncé en mai 2022 qu’il avait tourné la page libanaise. Toutefois, le fils aîné de Rafic Hariri avait gardé un œil sur les développements dans ce pays. En voyant l’état de désenchantement sur la scène sunnite et l’impossibilité pour son frère Saad de reprendre les rênes de la communauté, bien qu’une bonne partie de ses partisans lui soit restée fidèle, il a décidé de faire une nouvelle tentative, en modifiant totalement sa méthode. Il ne s’agit donc plus d’impressionner la rue et la scène politique libanaises, mais d’être à l’écoute des problèmes des Libanais, sunnites en particulier, et d’essayer de leur apporter des solutions. Il a ainsi, selon les mêmes personnalités, changé une bonne partie de son équipe libanaise et il cherche à tisser des liens avec les représentants de la communauté dans les régions et pas seulement dans les grandes villes (Beyrouth, Tripoli et Saïda). Selon ces mêmes sources, il avait même planifié d’inviter à Larnaca les muftis des régions, nouvellement élus, mais beaucoup n’ont pas répondu à son appel, à la demande du mufti de la République, disent certains...

Pour mémoire

La chute de la maison Hariri

Toujours est-il que Baha’ Hariri a reçu à Larnaca un bon nombre de personnalités, profitant du fait que, jusqu’à présent, aucune partie, pas même l’ambassadeur saoudien à Beyrouth Walid Boukhari, n’a encore réussi à regrouper toutes les forces sunnites sous sa houlette. On se souvient ainsi de la rencontre unique qui a eu lieu au siège de l’ambassade saoudienne entre Walid Boukhari et les députés sunnites fraîchement élus, qui n’avaient pas tous répondu à cette invitation. Ceux qui y avaient participé n’avaient pas pu s’entendre sur une position unifiée et sur un même candidat pour la présidence de la République.

Baha’ Hariri et ses conseillers pensent donc qu’il y a une place à prendre dans ce contexte, mais cette fois, au lieu des slogans politiques, il préfère se pencher sur les problèmes quotidiens des gens et essayer de créer des structures pour les aider dans le domaine médical, éducatif, ou simplement en créant des emplois.

Selon les mêmes sources, Baha’ Hariri aurait sciemment choisi de lancer son initiative en plein « temps mort » pour ne pas être accusé d’agir en fonction d’une échéance électorale. Il ne compte même pas venir au Liban pour le 14 février, préférant se recueillir pour l’anniversaire de l’assassinat de son père à Washington. Toutefois, il se donne le temps de lancer des projets économiques pour s’imposer sur la scène politique et populaire sunnite en prévision de deux échéances. D’abord, s’il y a une élection présidentielle au cours des prochains mois, il faudra désigner un nouveau président du Conseil, et Baha’ Hariri estime qu’il pourrait avoir ses chances dans ce contexte. De même, si les élections municipales ont lieu comme prévu au printemps, il voudrait aussi avoir ses candidats dans plusieurs municipalités importantes, en guise de premier pas vers le lancement d’un mouvement populaire et politique.

Il est sans doute trop tôt pour évaluer l’impact de son initiative sur la scène politique, mais la première impression est qu’elle suscite une certaine curiosité et de l’intérêt dans les milieux sunnites. Certes, les irréductibles du courant du Futur continuent à voir d’un mauvais œil ses activités, considérant qu’il cherche à prendre la place de son frère, mais certaines figures de ce même courant qui désespèrent d’un éventuel retour de Saad Hariri sur la scène libanaise ont fait le voyage à Larnaca et ne sont pas hostiles à l’initiative de Baha’. D’autant que celui-ci a exprimé devant ses interlocuteurs son souci de préserver l’héritage de son père...

Selon des personnalités qui l’ont rencontré récemment, Baha’ Hariri considère que son action cette fois sera de longue haleine. Son souci serait donc d’aider les gens en période de crise aiguë et alors que son frère Saad Hariri ne semble pas sur le point de reprendre le flambeau politique, ses relations avec les dirigeants saoudiens étant jusqu’à présent compliquées.

Baha’ Hariri aura-t-il plus de chances que son frère ? Pour l’instant, nul n’aborde le sujet de ses relations avec les dirigeants saoudiens. Ses proches disent qu’il veut d’abord agir sur le terrain. Mais la question qui se pose est la suivante : pourquoi cette nouvelle tentative serait-elle plus fructueuse que la précédente ? S’il est vrai que la scène sunnite subit actuellement les conséquences de l’absence d’un leadership unificateur, elle n’est pas pour autant vide. Nagib Mikati y occupe le poste sunnite le plus haut au sein de l’État et souhaite y rester, alors que Fayçal Karamé pourrait bien se lancer dans la course pour être le futur président du Conseil... Affaire à suivre.

Depuis lundi et jusqu’à la fin de la semaine, l’hôtel Radisson à Larnaca connaît une activité libanaise inhabituelle. C’est là que le fils aîné du Premier ministre assassiné Rafic Hariri, Baha’, a choisi de tenir ses réunions avec un large éventail de personnalités sunnites, venues de toutes les régions du Liban et de différents secteurs professionnels, sans parler des...

commentaires (8)

il a une belle cravate

OBEGI CHARLES

14 h 28, le 20 janvier 2023

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Commentaires (8)

  • il a une belle cravate

    OBEGI CHARLES

    14 h 28, le 20 janvier 2023

  • Un article inepte, comme d’habitude, fait pour faire plaisir à un CPL moribond. Il contentera les deux pelés et les trois tondus qui croient encore à l’ancien président de la République et à son gendre . C’est ce que l’on appelle une inutilité.

    Prinzatour

    19 h 54, le 19 janvier 2023

  • Excellent article , plein de références utiles .

    Chucri Abboud

    18 h 33, le 19 janvier 2023

  • SH ne fait pas la propagande des oranges. Nous pourrions croire à une évolution positive des articles . C'est juste que cet article, c'est pour "descendre" indirectement l'arabie en démontrant "son ingérence au liban". Futé et astucieux. Bravo Madame pour ce tour de passe passe :) Nombreux n'y ont vu que du feu. Mais ce break pro orange est juste temporaire. Surtout pour éviter d'aborder les "tensions entre Bassil et le hezbollah" :) Bonne journée

    LE FRANCOPHONE

    17 h 56, le 19 janvier 2023

  • article qui sert a rien, comme tellement d'autres

    Abdallah Barakat

    15 h 58, le 19 janvier 2023

  • Le pays est décortiqué et détruit mais il a fallu décrypter l'entrée d'uranus dans la région de saturne et son effet sur la plantation de mangues au groenland ...

    Wlek Sanferlou

    15 h 41, le 19 janvier 2023

  • C'est quoi cette pretention a s'occuper fe politique Libanaise a partir de Larnaca ? Si ce monsieur n'a meme pas les tripes de venir au Liban, sans parler d'y resider, il n'a rien a faire en politique Libanaise. Par contre, s'il a envie de depenser ses sous au Lliban, alors ahlan wa sahlan les sous.

    Michel Trad

    10 h 41, le 19 janvier 2023

  • Wow! Un "décryptage" sans aucune mention du CPL ni de son chef bien-aimé (mais oui j’ironise)? Affaire à suivre…

    Gros Gnon

    07 h 31, le 19 janvier 2023

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