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Économie - Éclairage

La majoration des tarifs d’électricité dépend du déblocage d’une avance du Trésor

Le ministère de l’Énergie demande 300 millions de dollars pour Électricité du Liban, un montant fixé en accord avec les autres hauts responsables, selon lui.

La majoration des tarifs d’électricité dépend du déblocage d’une avance du Trésor

Le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau, Walid Fayad, lors de sa conférence de presse hier. Photo P.H.B.

Le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau, Walid Fayad, a présenté hier lors d’une conférence de presse au ministère le contenu de projets de décret rédigés par ses soins pour officialiser plusieurs demandes de financement destinés au fournisseur public Électricité du Liban (EDL), devant lui permettre d’augmenter sa production de courant de quelques heures. Cette somme doit financer une période de transition de quelques mois à l’issue de laquelle EDL pourra collecter les montants exigibles via les premières factures des abonnés calculées selon les nouveaux tarifs et ainsi être en mesure de payer ses futures commandes de carburant. Dévoilée durant l’automne dernier, la nouvelle grille devait avoir remplacé depuis le 1er novembre dernier celle en vigueur depuis 1994 qui était établie sur la base d’un baril de pétrole à 23 dollars alors qu’il avoisine actuellement les 80 dollars. Les nouvelles factures devaient commencer à être collectées dès le mois de février.

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Mais selon le service de presse d’EDL, ce calendrier n’est plus d’actualité, étant donné que la production n’a toujours pas été augmentée et se limite, dans le meilleur des cas, à une poignée d’heures par jour, contraignant nombre de Libanais à dépendre des propriétaires de générateurs privés, plus chers. Lors de sa conférence de presse, Walid Fayad a également admis que les nouveaux tarifs ne pouvaient pas être appliqués sans que la production d’EDL ne soit augmentée au préalable. « Les gens se soulèveraient, moi le premier », s’est-il exclamé.

Taux de change proche de celui du marché

Les anciens tarifs s’étendaient de 35 à 200 livres libanaises par kilowattheure répartis sur plusieurs paliers de consommation mensuelle, auxquels s’ajoutaient certains frais fixes. Or la valeur réelle de ces tarifs ne vaut quasiment plus rien aujourd’hui, compte tenu de l’effondrement de la monnaie nationale depuis le début de la crise en 2019.

Calculés en dollars, les nouveaux tarifs sont déjà plus élevés par rapport à l’équivalent des anciens prix dans cette devise, convertis selon la parité officielle de 1 507,5 livres pour un dollar. Lors du paiement, ces nouveaux prix seront, en plus, convertis en livres au taux de la plateforme Sayrafa de la Banque du Liban (38 000 livres pour un dollar), majoré de 20 %. Ce qui donnerait un taux de 45 600 livres pour un dollar aujourd’hui, soit presque autant que les 48 000 livres pour un dollar au taux actuel du marché. Une combinaison qui va logiquement contribuer à faire flamber les factures, même pour les abonnés à qui EDL n’est pas en mesure de fournir du courant, les frais fixes étant également majorés.

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Mais sans nouveaux tarifs – et une collecte sérieuse des factures –, EDL ne pourra toutefois pas financer ses achats de carburant, d’où la demande du ministre sortant de l’Énergie de débloquer une nouvelle avance du Trésor. Cet argent servira à financer la période de battement entre le moment où la production sera augmentée et celui où les fonds issus des premières factures majorées seront effectivement recouvrés.

Décomposition de l’enveloppe

Selon Walid Fayad, il a préalablement discuté de l’enveloppe totale demandée avec le Premier ministre désigné Nagib Mikati, le ministre sortant des Finances, Youssef Khalil, et le gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé. Cette enveloppe s’inscrit dans les discussions de mise en œuvre de certains volets du plan d’urgence pour l’électricité élaboré il y a un an et adopté par les autorités l’année dernière. À la demande de la BDL, le montant demandé par le ministre sortant de l’Énergie est passé de 600 à environ 300 millions de dollars. Les décrets présentés hier par M. Fayad, et déjà signés par une partie des membres du gouvernement sortant, décomposent cette somme en quatre parties :

• Les 62 millions de dollars annoncés fin 2022 pour payer deux navires de gasoil arrivés en décembre, pour une cargaison de 66 000 tonnes de gasoil, consommés par les centrales de Deir Ammar (Liban-Nord) et Zahrani (Liban-Sud).

• S’ajoutent 45 millions de dollars pour payer deux autres navires également arrivés à destination avec plus de 60 000 tonnes de fuel grade A et de grade B dans leurs cales, un chargement à destination des centrales de Jiyé (Chouf) et Zouk (Kesrouan).

• Le ministre a également demandé 54 millions de dollars pour honorer les frais d’entretien des centrales du pays.

• Et enfin 140 millions de dollars pour payer les besoins en carburant sur la période de transition (qui ne devrait pas dépasser quelques mois).

Le déboursement de ces sommes, bloquées par le ministre sortant des Finances, est au centre d’un bras de fer politique entre le camp de l’ancien président Michel Aoun et celui du Premier ministre sortant.

Accord avec l’Irak

La procédure concernant ces décisions divise le gouvernement, ce qui a conduit EDL à mettre la quasi-totalité de ses capacités de production à l’arrêt la semaine dernière, faute de carburant. Elle est également à l’origine du blocage des navires de carburant au large, soumettant le Liban à des pénalités contractuelles journalières qui ont totalisé environ un million de dollars jusqu’à présent, selon le ministre.

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En l’absence d'un gouvernement de plein pouvoir (l’actuel étant démissionnaire depuis mai) et d'un président (le mandat de Michel Aoun a échu fin octobre et le Parlement n’arrive pas à élire son successeur), le Premier ministre sortant Nagib Mikati affirme qu’un Conseil des ministres est nécessaire pour approuver ces dossiers tandis que Walid Fayad, à l’instar du Courant patriotique libre (aouniste), dont il est proche, estime qu’un décret de son ministère, signé par les autres ministres, suffirait.

Walid Fayad a enfin déclaré lors de sa conférence de presse qu’il s’attendait à ce que la première livraison de carburant prévue dans le cadre de la reconduction de l’accord avec l’Irak ait lieu dès début février, si les dirigeants libanais entérinaient les décrets d’application liés au plus vite. Cet accord avait été initialement conclu en juillet 2021, pour un an, et consiste à échanger du carburant irakien contre du fuel adapté aux centrales libanaises fourni par des sociétés tiers. L’Irak est supposé être payé en biens et services selon un mécanisme resté opaque jusqu’ici. Il s’agit actuellement de la seule source de carburant d’EDL.

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commentaires (4)

Messieurs les érudits technocrates monopolisant ce ministère illustre depuis l’avènement de l’ex fossoyeur de la république, on arrête les frais à 100 milliards de dollars, d’accord, svp ? Et s’il reste des cacahuètes après que l’argent ait disparut dans les abysses des poches de tout bord, on pourra svp réparer l’enseigne de l’EDL ?! Ça fait défaut dans les nuits étoilées. Vivent les bananes !

Ayoub Elie

13 h 14, le 17 janvier 2023

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Commentaires (4)

  • Messieurs les érudits technocrates monopolisant ce ministère illustre depuis l’avènement de l’ex fossoyeur de la république, on arrête les frais à 100 milliards de dollars, d’accord, svp ? Et s’il reste des cacahuètes après que l’argent ait disparut dans les abysses des poches de tout bord, on pourra svp réparer l’enseigne de l’EDL ?! Ça fait défaut dans les nuits étoilées. Vivent les bananes !

    Ayoub Elie

    13 h 14, le 17 janvier 2023

  • Commencez à donner du courant de façon quelque peu régulière avant de majorer les tarifs notamment celui des frais fixes. Si les frais fixes sont majorés et que l’EdL ne fournit pas de courant, ça devient une escroquerie à grande échelle dont le ministre Fayad serait le premier coupable.

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 32, le 17 janvier 2023

  • Et si, avant tout, on branchait tous ces incapables en toute urgence sur un autre courant électrique, irakien ou jordanien...qui leur fournirait...peut être...on ne sait jamais...le savoir faire pour régler enfin ces problèmes de courant électrique...libanais ? - Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 20, le 17 janvier 2023

  • Le libanais préfère payer l’électricité des ‘moteurs’ locaux en dollars et plus cher, que l’électricité de l’Etat en Livres Libanaises et moins cher. Cela peut paraître absurde, mais c’est ainsi. Il sait que des ‘gens’ vont lui faire une visite s’il est en retard de paiement pour le ‘moteur’. Par contre, lui et ses fils sortent leurs armes et les insultes si un agent EDL se présente pour la redevance.

    Mago1

    04 h 48, le 17 janvier 2023

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