Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole

En quête d’une humanité perdue

En quête d’une humanité perdue

« Dépassons nos isolements, nos solitudes, nos violences, nos peurs... Et découvrons la beauté essentielle de tout être humain. » Photo d’illustration Bigstock

Dans nos sociétés présentes et modernes, l’unique réponse faite aux besoins essentiels de l’être humain est souvent celle du progrès technologique et du matérialisme. Le mépris du faible et de l’étranger, le culte de l’élitisme enferment chacun en lui-même et dans son cocon social. La libération de ces peurs et préjugés peut conduire la personne humaine à s’ouvrir aux autres, par-delà race, culture, classe, religion ou apparence. Le passage de l’enfermement à l’ouverture, de l’égoïsme à l’altruisme, du désir de pouvoir à celui de service, est au cœur de la croissance vers la maturité et la liberté.

Le véritable épanouissement passe par un approfondissement de la liberté et de la conscience personnelles. L’enjeu de cette transformation à accomplir n’est pas seulement une plus grande autonomie ou une meilleure insertion dans la société, mais aussi – surtout – la prise de conscience de notre appartenance primordiale à la race humaine. C’est la « voie du cœur » qui permet de retrouver le sens profond de la vie et le chemin de la paix.

C’est le cœur humain qui nous définit essentiellement, en deçà de nos compétences, de nos savoirs, de nos dons, de nos faiblesses, de nos habitudes, ou de nos convictions. Nous avons la tâche de le libérer des ténèbres et des peurs qui l’emprisonnent, l’empêchent d’être lui-même et l’incitent à rejeter les autres.

Passer de l’égoïsme à l’amour, de l’esclavage à la liberté, de l’enfermement à l’ouverture aux autres, c’est grandir. Nous sommes appelés à la libération du cœur et à découvrir ce qui fait le fond de notre être, notre humanité commune. On peut s’étonner que les faibles et les exclus puissent être des maîtres en humanité ! Mais c’est la vérité qu’on puisse découvrir en vivant avec eux. Essayons !

L’angoisse est indissociable de notre humanité. Dans certaines conditions, elle peut devenir source d’énergie créatrice et nous conduire sur de nouveaux chemins, nous mener vers de nouveaux accomplissements, ou nous pousser à chercher la justice et la vérité. Ceux qui se révoltent contre l’injustice et cherchent à changer la société sont souvent des hommes et des femmes seuls, en qui brûle une flamme alimentée par cette angoisse cruciale.

Pour passer du désir de mort au désir de vie, il faut pouvoir s’appuyer sur une relation vraie. C’est de la relation que jaillit le désir de vivre. C’est à travers elle qu’on trouve une raison d’exister. Nos vies évoluent dans un mouvement constant, dans une alternance d’ordre et de désordre. Tout être humain vit cette tension entre l’ordre et le désordre, entre le sentiment d’être lié aux autres et le sentiment d’être seul, entre l’évolution et la révolution, entre la sécurité et l’insécurité. L’univers lui aussi est en constante évolution. L’ancien équilibre fait place à un équilibre nouveau qui à son tour s’effondre avec l’apparition d’un nouvel équilibre. De la naissance à la mort, notre vie est faite d’étapes et nous allons de pertes en acquisitions, de deuils en plénitudes. Le changement fait partie de la vie.

Vivre humainement, c’est savoir voir, dans l’ordre apparent d’aujourd’hui, les petites et grandes anomalies qui sont des semences de changement, présages de l’équilibre de demain. Il nous faut donc accepter une certaine insécurité, voire une certaine angoisse d’isolement, vécues de façon positive, pour faire ce passage vers une nouvelle étape. L’excès de sécurité, le refus d’évoluer et d’accueillir le changement conduisent à une sorte de mort. Une trop grande insécurité peut cependant être aussi dévastatrice.

Être humain, c’est créer suffisamment d’ordre en soi pour pouvoir accueillir une certaine instabilité, un certain désordre dans le moment présent.

On ne peut favoriser une évolution qu’avec des principes clairs. En voici quelques-uns qui peuvent nous aider : toute personne est sacrée ; l’évolution fait partie de la vie ; être enraciné dans une bonne terre ; être encouragé et soutenu ; prendre le temps de réfléchir. Toutes ces balises, c’est pour savoir exercer à fond la puissance, l’intensité d’un amour qui pourrait se révéler sous différents visages : l’amour révèle et comprend, l’amour célèbre, l’amour aide l’autre à assumer la responsabilité de sa propre vie, l’amour est communion et pardon. Aimer, ce n’est pas seulement faire quelque chose pour quelqu’un, mais c’est lui faire découvrir qu’il est unique, précieux et digne d’attention. Cela peut s’exprimer par une présence douce et accueillante, par le regard, la qualité d’écoute, par la vérité de la parole et la bonté qu’elle exprime, par le ton de la voix, la façon de dispenser les soins. Tout geste rempli de respect peut révéler à quelqu’un sa valeur, même lorsque cette valeur se cache derrière des murs de colère, de haine ou de folie.

Oui, nous pouvons confirmer qu’il est possible de sortir de ce cercle infernal. Dépassons nos isolements, nos solitudes, nos violences, nos peurs... Et découvrons la beauté essentielle de tout être humain, sa capacité à donner la vie et à la recevoir. Réfléchissons ensemble sur nos besoins vitaux et la façon dont nous pouvons progresser vers un monde de partage.

Que la liberté, l’entraide, la recherche de la vérité, la responsabilité intellectuelle, la tolérance soient des valeurs principales, structurantes et reconnues en tant que telles à l’avenir.

Tous, nous avons besoin d’appartenir à quelque chose de plus grand que nous-mêmes. Œuvrons ensemble pour un monde lumineux !

Est-ce une utopie ?

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique Courrier n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, L’Orient-Le Jour offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires ni injurieux ni racistes.

Dans nos sociétés présentes et modernes, l’unique réponse faite aux besoins essentiels de l’être humain est souvent celle du progrès technologique et du matérialisme. Le mépris du faible et de l’étranger, le culte de l’élitisme enferment chacun en lui-même et dans son cocon social. La libération de ces peurs et préjugés peut conduire la personne humaine à s’ouvrir aux...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut