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Culture - Expos express

Des femmes en fleurs et... Beyrouth

Quand on arrive en ville... on ne peut échapper aux cadeaux à faire, au sapin à décorer et à la bûche à commander. Mais l’art devrait occuper une ou deux lignes de votre emploi du temps. Les galeries Rebirth Beirut et Mission Art Gallery offrent, elles aussi, pour cette période de fêtes, le plaisir des yeux...

Des femmes en fleurs et... Beyrouth

Détails des toiles exposées à Rebirth Beirut: Fantine Samaha, « Sur les plaines de l’Ukraine’, 2021, acrylique sur toile, 120x120 cm ; Nicolas Baklini » Freestyle «, 2022 », aquarelle, 51 x 36 cm et Carole Ingea, « Gulene », 2022 «, résine, 17 x 53 x 20 cm ».

Sur les cimaises de Rebirth Beirut, les femmes sont à l’honneur.

À l’espace Rebirth Beirut, jusqu’au 23 décembre, Carole Ingea, Fantine Samaha et Nicolas Baaklini exposent leurs œuvres par solidarité et en soutien à l’ONG éponyme. Fondée en 2020, à la suite de la double explosion au port de Beyrouth, Rebirth Beirut s’est approprié un espace qui sert de lieu de travail et de plateforme aux artistes prêts à faire partie de ce mouvement de solidarité. Quatorze expositions pour la bonne cause, où les recettes sont partagées entre l’association et les artistes, ont déjà eu lieu. Pour ce dernier événement, ils sont trois à honorer la femme, sous l’intitulé « Les Fleurs du mal », dans cet espace qui crache la lumière. « Rien à voir avec Baudelaire et son spleen, précise l’artiste Carole Ingea. Les fleurs représentent les femmes, et le mal, c’est celui que chaque artiste s’est donné pour porter son art à maturité, c’est ce temps qu’il nous a fallu pour mieux voir les choses afin d’acquérir de l’expérience. Toutes les femmes accrochées aux cimaises ou posées sur des socles sont chacune de nous, et nous sommes toutes les femmes. » Sur toile, en acrylique, au fusain, à l’aquarelle, en bronze, en résine ou en treillis de métal, on peut y voir des femmes fatales, des femmes coquettes, des femmes enfants, mais on y voit surtout du talent. Les femmes, il connaît. Gynécologue et échographe à ne plus présenter en tant que médecin, Nicolas Baaklini révèle une nouvelle facette de lui-même en surprenant par son talent de peintre. Artiste autodidacte, il choisit l’aquarelle (medium très délicat qui ne permet pas l’erreur) pour dépeindre la femme baignant dans des eaux aux reflets changeants et gorgés de soleil. Après le plâtre, Carole Ingea a décliné ses silhouettes de femmes qui se balancent ou qui virevoltent en bronze et en résine. Quant à ses formes en treillis de métal, elles portent en elles des messages comme puisés d’un inconscient d’où surgissent toutes les angoisses des femmes. Quant aux œuvres de Fantine Samaha, elles sont au croisement d’un hyperréalisme surprenant et d’une poésie déroutante. Ses portraits ahurissants de réalisme vous interpellent et accrochent votre regard. Mais pas que, ce sont des duos humain/animal où l’on arrive presque à se demander qui est la bête et qui est l’homme ou la femme.

Le ciel bas et lourd pèse sur Beyrouth dans cette toile du peintre Élie Rizkallah. Photo DR

Beyrouth est encore là, elle vibre, elle existe
Ils sont nombreux les peintres à s’être penchés sur la ville de Beyrouth, sur ses maisons à caractère traditionnel, sur son mythique phare à Raouché, sur la maudite tour Murr ou sur l’œuf qui a caractérisé le mouvement de contestation libanais de 2019. Ils sont nombreux à avoir voulu capter l’essence de cette ville, ses secrets et ses mystères, son âme mille fois meurtrie, ses murs mille fois défoncés, sa mer mille fois polluée. Mais peu ce sont attardés sur ce qui l’enveloppe, la baigne et l’auréole : ses cieux tumultueux, ses sombres horizons et ses surfaces méditerranéennes agitées. Élie Rizkallah, artiste peintre né en 1969, a grandi en pleine guerre du Liban. Il a toujours été fasciné par les bâtiments, et la peinture fut très tôt pour lui une solution de survie, une façon de transformer une triste réalité en une incommensurable beauté. Il a été longtemps sollicité par les plus grands cabinets d’architecture d’intérieur pour réaliser des perspectives à main levée pour de prestigieux projets de palais et d’hôtels particuliers. En 2021, Élie Rizkallah quitte le pays pour s’installer à Paris et y poursuivre sa carrière artistique. Cette année-là, à l’occasion de son exposition « Beyrouth en perspective », il obtient la médaille d’honneur de la mairie de Paris (9e arrondissement). Lorsque Élie Rizkallah parle de Beyrouth, elle demeure malgré tout la ville envoûtante et fascinante qui ne cesse de se réinventer et de se transformer.

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À l’espace Mission Art Gallery et jusqu’au 18 décembre, l’exposition « Transformations » transcende notre regard sur la ville de Beyrouth et nous plonge tantôt dans des nuages évanescents qui se laissent percer par un soleil curieux, tantôt dans des masses sombres comme une chape de béton qui s’abat sur la capitale. La ville est immuable, mais son ciel aurait pu être ce qu’il était dans les mythologies grecques, une divinité qui vibre aux soubresauts, aux joies et à la souffrance de sa ville qu’elle protège…

Sur les cimaises de Rebirth Beirut, les femmes sont à l’honneur.À l’espace Rebirth Beirut, jusqu’au 23 décembre, Carole Ingea, Fantine Samaha et Nicolas Baaklini exposent leurs œuvres par solidarité et en soutien à l’ONG éponyme. Fondée en 2020, à la suite de la double explosion au port de Beyrouth, Rebirth Beirut s’est approprié un espace qui sert de lieu de travail et de...

commentaires (1)

J'ai bien compris pourquoi on a appelé l'exposition "les fleurs du mal" mais je crois que ce title n 'est pas anodin, Il met l'accent sur la vision sexiste , dépassée et toujours répandue selon laquelle les femmes sont toujours les coupables de tout ce qui arrive de mauvais dans la société .... Dommage ! Il faut faire attention au poids des mots. Je suis sûre que l'exposition doit être fabuleuse !.

Carla Jabre

22 h 58, le 16 décembre 2022

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Commentaires (1)

  • J'ai bien compris pourquoi on a appelé l'exposition "les fleurs du mal" mais je crois que ce title n 'est pas anodin, Il met l'accent sur la vision sexiste , dépassée et toujours répandue selon laquelle les femmes sont toujours les coupables de tout ce qui arrive de mauvais dans la société .... Dommage ! Il faut faire attention au poids des mots. Je suis sûre que l'exposition doit être fabuleuse !.

    Carla Jabre

    22 h 58, le 16 décembre 2022

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