Rechercher
Rechercher

Campus - TÉMOIGNAGES

Rentrée tardive à l’UL : les étudiants partagés entre enthousiasme et angoisse

Il y a quelques semaines, les cours ont repris en présentiel à l’UL. Une première depuis le début de la pandémie en 2020.

Rentrée tardive à l’UL : les étudiants partagés entre enthousiasme et angoisse

Marie-Ange Habchy. Photo Gabrielle Habchy

Après la décision de l’administration centrale de l’Université libanaise (UL) de dispenser les cours en présentiel cette année, les salles de classe ont repris vie dans les différentes facultés au fur et à mesure de l’ouverture des campus. Comment les étudiants ont-ils vécu cette rentrée universitaire – très tardive à cause de la grève des enseignants – dans un contexte de grave crise économique ? Pour nombreux d’entre eux, ce retour en classe constitue une source de joie, à l’instar de Jane Beyrouthy, étudiante en 3e année de génie, qui confie éprouver « un grand bonheur de pouvoir enfin retrouver ses collègues ». Certains confient que les interactions sociales avec les camarades leur avaient manqué. Marie-Ange Habchy, étudiante en troisième année à la faculté d’information, qui assiste aux cours en présentiel pour la première fois après deux ans d’enseignement dispensé exclusivement en ligne, évoque une expérience estudiantine « presque normale ».

Jane Beyrouthy. Photo Leanna Beyrouthy

De multiples avantages

Si certains étudiants critiquent ce retour au cours « physique », Josette el-Hage, actuellement en master à la faculté des sciences politiques estime que « la rentrée en présentiel était devenue inévitable ». Pour elle, il est essentiel pour le développement des étudiants et pour la qualité de leurs apprentissages d’échanger en classe, de participer à des débats et à des discussions, et d’exprimer leurs propres opinions en direct. Autre avantage à ce retour dans les salles de classe, celui avancé par Charelle Chakhtoura, diplômée en biologie et étudiante en 3e année de journalisme, qui insiste sur l’impact du face-à-face sur la motivation des étudiants et la qualité de leur travail. Un avis partagé par Kevin Tarabay. L’étudiant en 3e année à la faculté d’information considère ce retour sur les campus comme une occasion « à ne pas rater ».

Charelle Chakhtoura. Photo Robin Farah

Une opportunité qui s’offre à lui pour la première fois, à quelques mois seulement de l’obtention de son diplôme et de son entrée dans le monde professionnel. Soulignant la diversité des étudiants à la faculté « qui viennent de partout », le futur journaliste insiste sur ce point qui distingue selon lui l’université du collège. Avec un petit bémol en revanche, Marie-Ange Habchy remarque lors de cette rentrée « une baisse alarmante » du nombre des professeurs au sein de sa faculté. Elle se dit reconnaissante envers « les enseignants qui poursuivent leur mission malgré la crise pour éviter l’effondrement du secteur éducatif et, en particulier, de l’Université libanaise ». Jane Beyrouthy, qui précise que l’enseignement à la faculté de génie à Roumié est hybride, se réjouit que, malgré les difficultés financières, l’administration continue d’assurer ses obligations envers les étudiants en leur fournissant le matériel.

Kevin Tarabay. Photo DR

Incertitude et anxiété

Même si tout semble se dérouler normalement pour le moment, certains étudiants confient se sentir inquiets pour la suite du semestre. Charelle Chakhtoura, par exemple, avoue craindre une nouvelle grève des professeurs. L’étudiante en journalisme qui dit avoir apprécié l’apprentissage à distance, surtout qu’elle poursuivait une double licence, précise : « Si je ne pouvais pas assister aux cours, j’avais la possibilité de visionner les enregistrements des leçons. D’un autre côté, c’était moins coûteux que si je devais me déplacer à la fac. Et pour les projets, je pouvais les envoyer en version numérique par e-mail. » Par ailleurs, la jeune biologiste confie avoir été obligée de reporter son stage dans un laboratoire à cause de la reprise du présentiel à la faculté d’information.Quant à Kevin Tarabay, qui espère pouvoir bien organiser son quotidien et équilibrer son mode de vie, il confie être « mitigé » face à cette rentrée. Tiraillé entre l’obligation de travailler et l’horaire imposé par la faculté, l’étudiant de 20 ans craint de ne pas pouvoir coupler ces deux aspects de sa vie et « être à la hauteur » de ses ambitions et de ses objectifs.

Josette el-Hage. Photo Joséphine Cortbaoui

S’adapter au contexte difficile

Selon les étudiants interrogés, le planning des cours a été établi de manière à minimiser leurs déplacements. Dans certaines facultés, « l’horaire a été modifié près de trois fois, avant qu’il ne soit définitif ». À la faculté de droit et des sciences politiques, par exemple, Josette el-Hage affirme que « l’administration a préparé un horaire qui s’étale sur quatre jours par semaine au lieu de cinq pour réduire les frais de transport des étudiants et les soutenir face à la crise économique que traverse le pays ». Une étudiante en sciences politiques, qui a demandé à garder l’anonymat, tient à préciser : « Les toilettes de la faculté sont hors service. Et les coupures du courant électrique affectent l’enseignement et nous empêchent de bien suivre les cours. Parfois, nous sommes obligés d’activer la lumière de nos téléphones pour voir. » Sa collègue Josette el-Hage ajoute : « Quand nous n’arrivons plus à voir, nous nous précipitons tous pour nous asseoir près des fenêtres. » Et de conclure : « Nous ne savons pas si nous pourrons continuer ainsi. Nous vivons au jour le jour. »


Après la décision de l’administration centrale de l’Université libanaise (UL) de dispenser les cours en présentiel cette année, les salles de classe ont repris vie dans les différentes facultés au fur et à mesure de l’ouverture des campus. Comment les étudiants ont-ils vécu cette rentrée universitaire – très tardive à cause de la grève des enseignants – dans un contexte de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut