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Politique - Présidentielle

Bassil défie Nasrallah : égalité entre Moawad et le vote blanc

Des réunions entre les deux alliés sont en cours pour calmer les tensions.

Bassil défie Nasrallah : égalité entre Moawad et le vote blanc

En marge de la séance d’hier, Hassan Fadlallah, député du Hezbollah, discute avec le chef du CPL Gebran Bassil, en présence de Ali Ammar du côté du parti chiite et de Nicolas Sehnaoui, Salim Aoun et Ghassan Atallah du côté aouniste. Photo tirée du compte Flickr du Parlement

Égalité. À l’issue de la neuvième séance pour élire un président de la République, qui a fait (encore une fois) chou blanc en raison du défaut de quorum provoqué par le retrait des députés du 8 Mars, le vote blanc prôné par le camp du Hezbollah a perdu pour la première fois son statut de favori. S’effondrant de 52 voix lors de la huitième séance à seulement 39 cette fois-ci, les bulletins sans nom sont arrivés ex aequo avec le principal candidat de l’opposition, le député réformiste de Zghorta Michel Moawad. Un rééquilibrage qui intervient en pleine période de tension entre le Hezbollah et son allié chrétien, le Courant patriotique libre de Gebran Bassil, qui a voulu envoyer un message clair et sans ambiguïté au parti de Hassan Nasrallah.

« Pile poil »

La baisse du score du vote blanc à son plus bas depuis le début de l’échéance électorale fin septembre est un coup à la stratégie présidentielle adoptée par le Hezbollah, à savoir rester en terrain neutre le temps qu’un compromis se dessine, du moins au sein du 8 Mars lui-même. La formation pro-iranienne et ses alliés n’ont en effet toujours pas réussi à s’entendre entre eux sur un candidat. Si le tandem chiite Amal-Hezbollah préfère le leader des Marada, Sleiman Frangié, le chef du CPL veut avoir son mot à dire, puisqu’il préside un large groupe parlementaire chrétien. Et jusqu’à nouvel ordre, M. Bassil refuse d’avaliser le choix des autres composantes du 8 Mars, d’autant plus qu’il est connu pour son animosité vis-à-vis du zaïm de Zghorta. Si ce différend présidentiel est depuis plusieurs semaines la source de tensions entre les deux signataires de l’accord de Mar Mikhaël, la réunion controversée du Conseil des ministres, lundi, a été la goutte qui a (presque) fait déborder le vase. Les aounistes n’ont pas pu compter sur le soutien des ministres du Hezbollah pour torpiller la séance convoquée par le Premier ministre sortant Nagib Mikati, et qu’ils considèrent comme anticonstitutionnelle en l’absence d’un président élu. Gebran Bassil a alors menacé dans une allocution le lendemain de « sortir du vote blanc » au plus vite, tandis que ses députés affirmaient à qui veut les entendre qu’ils comptaient rompre avec cette stratégie utilisée pour « imposer » Sleiman Frangié.

Chose promise, chose due. « Nous n’avons pas tous voté blanc. Nous avons distribué les rôles de façon à susciter une égalité » entre le camp du Hezb et celui de l’opposition, reconnaît à L’Orient-Le Jour César Abi Khalil, député aouniste de Aley. Ainsi, parmi les élus du parti orange, trois ont voté pour l’ex-patron des douanes Badri Daher (proche des aounistes, actuellement emprisonné dans le cadre de l’enquête sur l’explosion au port de Beyrouth), tandis que quatre ont déposé des bulletins (qui ont finalement été annulés) contenant uniquement le nom ou le prénom de Michel Moawad. Le message est on ne peut plus clair.

Mais pourquoi les députés du « Liban fort » ne sont-ils pas allés jusqu’au bout dans le défi ? « Pour montrer au Hezbollah que nous maintenons nos options ouvertes », explique un cadre du parti sous couvert d’anonymat. Fait notable, si Gebran Bassil s’est rendu à l’hémicycle, il n’a pas déposé un bulletin dans l’urne et s’est contenté de déclarer brièvement aux journalistes en sortant : « Pile poil », en référence à l’égalité entre les deux camps. « Nous voulions envoyer un message au Hezbollah pour signifier notre désaccord avec ses positions récentes », affirme le cadre aouniste. Il peut en effet s’agir d’une façon pour Gebran Bassil de dire au Hezbollah qu’il ne pourra pas maintenir sa domination sur la vie politique libanaise sans son soutien et sans la couverture chrétienne qu’il lui octroie. Mais le CPL n’est clairement pas prêt à couper le cordon avec son seul allié sur la scène politique, ni aux conséquences qui pourraient en résulter. « Il ne s’agit pas de provoquer une rupture avec le parti de Dieu et beaucoup de nos députés ont voté blanc », confirme le responsable du CPL, qui affirme que des réunions sont en cours entre des cadres des deux partis pour calmer les tensions. Déjà en marge de la séance d’hier, les députés Hassan Fadlallah et Ali Ammar, du Hezbollah, se sont entretenus avec M. Bassil.

Légère progression de Michel Moawad

À égalité donc avec le vote blanc, Michel Moawad a affiché lui aussi 39 voix à son compteur. En comptant six absents parmi ses soutiens (Salim Sayegh, Waddah Sadek, Sethrida Geagea, Melhem Riachi, Camille Chamoun et Neemat Frem), le député de Zghorta bénéficie donc de l’appui de 45 parlementaires au total, deux de plus que la dernière séance, lors de laquelle il avait enregistré un recul important. « Nous avons obtenu deux voix de la part du bloc de la Modération nationale (principalement composé de députés sunnites ex-haririens, NDLR) », affirme le député du Koura Adib Abdel Massih, proche de Michel Moawad. Depuis le début de l’échéance, ces députés gris votent pour le « nouveau Liban », dans l’attente d’un compromis. Cette fois-ci, neuf députés ont voté pour le « nouveau Liban », soit autant que la dernière fois. Sauf qu’on comptait alors deux absents dans leurs rangs. « Michel Moawad est pour nous un très bon candidat, et certains de nos députés votent pour lui de temps en temps parce qu’il a tous les critères que nous recherchons, affirme Walid Baarini, député sunnite du Akkar qui relève de ce bloc. Nous estimons toutefois qu’il n’a pas de chance d’être élu puisqu’il ne fait pas l’objet d’un compromis. »

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Affaiblis par l’absence d’un véritable leadership depuis le retrait de Saad Hariri de la vie politique en janvier dernier, les députés de la communauté sunnite craignent d’être mis à l’écart d’un éventuel compromis présidentiel, surtout s’ils soutiennent ouvertement une bataille qui pourrait ne pas aboutir. C’est d’autant plus le cas que la candidature de Michel Moawad fait l’objet d’un veto du Hezbollah, qui le considère comme un candidat de défi. « Nous n’aimons pas perdre », a déclaré Nabil Badre, député sunnite de Beyrouth, aux médias à sa sortie de la séance.Preuve de la division dans les rangs des opposants, cette fois-ci aussi leurs voix ont été éparpillées : outre Michel Moawad, le professeur Issam Khalifé a obtenu 5 voix (celles du député de Saïda, Oussama Saad, et de 4 députés issus de la contestation) et Ziyad Baroud, l’ancien ministre de l’Intérieur, a obtenu une voix (celle d’Élias Jaradi, député du Sud issu de la contestation). Une voix à l’intention du candidat déclaré Fawzi Bou Malhab a aussi été recensée. Fait notable : l’ancien député indépendant Salah Honein a obtenu pour la première fois une voix, celle de Michel Doueihy, député de la contestation.

Égalité. À l’issue de la neuvième séance pour élire un président de la République, qui a fait (encore une fois) chou blanc en raison du défaut de quorum provoqué par le retrait des députés du 8 Mars, le vote blanc prôné par le camp du Hezbollah a perdu pour la première fois son statut de favori. S’effondrant de 52 voix lors de la huitième séance à seulement 39 cette fois-ci,...

commentaires (13)

Publiez mon commentaire SVP celui du matin et non celui ci. Merci.

Sabri

15 h 49, le 09 décembre 2022

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Commentaires (13)

  • Publiez mon commentaire SVP celui du matin et non celui ci. Merci.

    Sabri

    15 h 49, le 09 décembre 2022

  • Pathetique...

    Hanna Philipe

    14 h 12, le 09 décembre 2022

  • Tout de suite les grands mots, Imbassil défie HN? Mais bien sûr. Un scénario appris et répété avec lui pour arriver à leur fin. Vous continuer à gober les mensonges et les absurdités en croyant que le gendron ose moufeter si son maître ne lui donne pas sa bénédiction en amont pour brouiller les pistes? La preuve, à la neuvième séance et après avoir aboyé et juré de ne plus utiliser le vote blanc, il l’a fait et continuera de le faire tant que son maître le lui demande. Allons allons un peu de sérieux.

    Sissi zayyat

    12 h 35, le 09 décembre 2022

  • La société libanaise éduquée et civilisée a horreur de la classe politique pourrie et incompétente. Mais franchement, Sleiman Frangieh président de la république… qu’a t on fait au Bon Dieu pour que 50 ans après l’élection de son grand père, on hérite du petit fils … qui est pro syrien jusqu’aux os. Je rappelle que aucun régime syrien n’a admis l’indépendance et la souveraineté du Liban depuis sa création et que les médias syriens continuent à nommer le Liban comme un appendice de la Syrie.

    Lecteur excédé par la censure

    12 h 31, le 09 décembre 2022

  • Si les députés de l’opposition partent du principe que c’est perdu d’avance parce que Moawad refuse de faire des concessions en tant que futur président libre et patriote, c’est qu’ils sont d’accords de rester sous les bottes des vendus. Leur comportement est, on ne peut plus débile et tordu. Pour faire élire un président patriote, il faut justement se rassembler derrière celui qui refuse les compromissions pour redistribuer les rôles de chacune des communautés comme le stipule la constitution et non pas comme l’exige les vendus corrompus. Ça n’est pourtant pas difficile à comprendre même pour les plus incultes,et bouches des députés. Et que font ils en fait, ils nourrissent les corrompus en se dispersant et en leur donnant une occasion inespérée pour eux à gagner la bataille pour cause de lâcheté et de manque de patriotisme et d’adhésion et de manque de discernement. Ils font de tout pour leur permettre d’arriver à leur but, en nous faisant croire qu’ils les combattent. C’est le syndrome de Stockholm ou une attitude avérée de vendus qui ne veulent pas se l'avouer.

    Sissi zayyat

    12 h 18, le 09 décembre 2022

  • "... Bassil défie Nasrallah ..." - Le dernier à avoir défié Nasrallah était Raffic Hariri...

    Gros Gnon

    12 h 10, le 09 décembre 2022

  • CLOWNS ET CLOWNERIES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 04, le 09 décembre 2022

  • Allez encore un effort, il ne reste plus qu'a tordre le cou à Nelson Mendela.

    Christine KHALIL

    10 h 54, le 09 décembre 2022

  • C'est une tragicomédie à Libanaise qui se termine toujours de la même façon : les mafieux finissent par imposer leur diktat à tous les Libanais avec un vendu à la tête de la présidence qui ne sert que les intérêts Iraniens ...

    Zeidan

    10 h 19, le 09 décembre 2022

  • Qui aura enfin le courage de nous délivrer définitivement de tous ces empêcheurs de vivre dignement ??? - Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 29, le 09 décembre 2022

  • Quel gâchis et quelle perte de temps. Les Libanais seraient-ils si naifs pour croire encore qu'un president sans l'aval du Hezbollah va avoir les coudes franches pour sortir le pays de l'enfer politique, economique, financier, environmental et demographique dans lequel il s'enlise de plus en plus? C'est pas demain la veille que cela va arriver, a moins que l'Iran, le patron du Hezb, ne change de cap et decide qu'il en a marre des mollahs.

    Jacques Saleh, PhD

    01 h 20, le 09 décembre 2022

  • Quel gâchis et quelle perte de temps. Les Libanais seraient-ils si naifs pour croire encore qu'un president sans l'aval du Hezbollah va avoir les coudes franches pour sortir le pays de l'enfer politique, economique, financier, environmental et demographique dans lequel il s'enlise de plus en plus? C'est pas demain la veille que cela va arriver, a moins que l'Iran, le patron du Hezb, ne change de cap et decide qu'il en a marre des mollahs.

    Jacques Saleh, PhD

    01 h 13, le 09 décembre 2022

  • Et dire que c’est sur cette crasse politique que compte le peuple pour le sortir de la mouise dans laquelle ils l’ont eux-même mis… pauvre Liban

    Gros Gnon

    01 h 11, le 09 décembre 2022

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