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Environnement - Liban

Carrières illégales : Yassine veut récolter 2,394 milliards de dollars d’impayés

Ces sites sont au nombre de 1 235 suivant une récente étude de l’armée sur laquelle se base le ministre sortant de l’Environnement en vue de calculer ce que doivent leurs exploitants à l’État. Il envisage des actions en justice. 

Carrières illégales : Yassine veut récolter 2,394 milliards de dollars d’impayés

Une carrière à Chekka. Photo Live Love/L’Orient-Le Jour

Pas moins de 1 235 carrières illégales ayant fonctionné entre 2007 et 2021 doivent à l’État la somme de 2,394 milliards de dollars, selon des chiffres avancés mercredi par le ministre sortant de l’Environnement, Nasser Yassine, au cours d’une conférence de presse tenue à Beyrouth. Une somme que le ministre entend récupérer par des actions en justice, par le biais d’une action menée par une commission formée des ministres sortant de la Justice, de l’Intérieur, des Finances et de lui-même, en coopération avec l’armée libanaise et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Pour déterminer le nombre de carrières actives (ou ayant été actives) au Liban et en vue de calculer les sommes dues à l’État à travers leur activité, le ministère s’est basé sur une étude volumétrique menée sur le terrain par l’armée. Cette étude permet de connaître le nombre de carrières contrevenantes ainsi que leur superficie et le volume de sable ou de pierre extraits au fil des années. « Nous avons recensé 1 235 carrières illégales disséminées partout dans le pays, dont 149 situées sur des terrains appartenant à l’État », confie Nasser Yassine à L’Orient-Le Jour. « Nous possédons désormais des données sur l’emplacement géographique de chaque carrière, le nom du propriétaire et ce qu’il doit à l’État », poursuit le ministre, qui ajoute qu’il n’a « pas l’intention de régulariser la situation de ces sites, mais de réclamer l’argent qu’ils auraient dû verser au Trésor ». « Le Trésor réclame 2,394 milliards de dollars à ces carrières. Cette somme a été calculée sur base du coût de la dégradation environnementale, de la réhabilitation des endroits défigurés et du montant des taxes qui auraient dû être payées », ajoute le ministre. Selon des données fournies par le ministère de l’Environnement dans un communiqué de presse, ces carrières couvrent 15,15 millions de mètres carrés et ont réussi à extraire 196,87 millions de mètres cubes de sable et de pierre. Un grand nombre de ces endroits continuent de travailler malgré la crise, assure le ministre.

Dégâts parfois « irréversibles »

Les exploitants des très nombreuses carrières qui défigurent les paysages libanais ne sont que rarement en possession d’un permis délivré par le Haut Conseil des carrières en vertu du décret 8803/2002 (la seule législation dans le domaine au Liban, qui prévoit de présenter des cartes du projet et des études sur son impact ainsi que sur la nature du sol, etc.). La plupart de ces balafres sont exploitées sous divers permis comme celui de « bonification de terrains » ou de construction. Ce qui complique lourdement la tâche de tous ceux qui tentent de chiffrer cette activité aussi souterraine que catastrophique pour l’environnement.

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Quand les carrières sont exploitées selon des permis non adaptés, leurs propriétaires ne payent pas leurs dus suivant les critères de la législation appropriée, ne respectent aucune limite imposée par l’autorité concernée et ne s’acquittent pas des coûts de réhabilitation du terrain dégradé, contrairement aux dispositions de la loi. Les bénéfices qu’ils engrangent donc de la vente des matières premières ne profitent qu’à eux seuls et le pays n’en récolte que la dégradation environnementale.

Selon Nasser Yassine, la somme réclamée par le Trésor pourrait être revue à la hausse « en raison du coût relatif au réaménagement des lieux », souvent défigurés par des années d’exploitation aléatoire. « Dans certains endroits il est possible de réparer les dégâts causés à l’environnement, mais dans d’autres les dommages sont irréversibles », reconnaît le ministre.

Le recouvrement des sommes dues par les exploitants de carrières illégales pourrait servir à « mieux gérer ce secteur, en coopération avec l’armée », ajoute-t-il. Une réunion est prévue mardi entre M. Yassine et le ministre de la Justice Henri Khoury, pour élaborer un plan d’action qui pourrait permettre de poursuivre en justice les exploitants de carrières qui refusent de payer.

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Pas moins de 1 235 carrières illégales ayant fonctionné entre 2007 et 2021 doivent à l’État la somme de 2,394 milliards de dollars, selon des chiffres avancés mercredi par le ministre sortant de l’Environnement, Nasser Yassine, au cours d’une conférence de presse tenue à Beyrouth. Une somme que le ministre entend récupérer par des actions en justice, par le biais d’une action...

commentaires (10)

Si on comprend bien, on laisse charcuter ce pays pour pouvoir imposer des amandes pour se renflouer et faire fructifier leurs comptes à l’étranger. Pas bête la guêpe.

Sissi zayyat

21 h 55, le 22 décembre 2022

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Commentaires (10)

  • Si on comprend bien, on laisse charcuter ce pays pour pouvoir imposer des amandes pour se renflouer et faire fructifier leurs comptes à l’étranger. Pas bête la guêpe.

    Sissi zayyat

    21 h 55, le 22 décembre 2022

  • Quelle malediction !!! Un pays qui devrait proteger son environnement et vivre d'un tourisme durable se retrouve dans une frenesie d'autodestruction sans fin . Ce systeme politique , personne ne le remet en cause ! C tragique ! Pourquoi ce silence ?

    nabil samir

    16 h 40, le 22 décembre 2022

  • Je viens de lire dans un autre article un abattage et un massacre d’arbres centenaires dans les montagnes du Ftouh Kesrwan. C’est tellement malheureux de laisser faire , cette defiguration de notre paysage, du pays de nos enfants, de nos ancestres. C’est tellement triste vraiment. que de racailles et barbares qui brulent notre pays natal. Quel malheur

    Abdallah Barakat

    02 h 58, le 22 décembre 2022

  • Inno ye3né t3ich w’tfi’ Yâssine et prédécesseurs.

    PPZZ58

    20 h 31, le 14 décembre 2022

  • La somme réclamée est colossale et les propriétaires de ces entreprises illégales seraient classées comme des entreprises criminelles dans les pays "développés ". Il faut d'abord arrêter ces crimes ignobles, à tout prix, et urgement, et qui détruisent un si beau pays aux montagnes majestueuses. Pour l'argent, soyons raisonnables, ces criminels ne payeront pas un sous, étant certainement "protégés" par la Cosa Nostra. La priorité est donc évidente, c'est d'arrêter au plus tôt ce massacre environnemental, géologique, et touristique. Il est même improbable que qui que ce soit, soit arrêté. Mais une fois défiguré, déjà, ce beau pays au paysages paradisiaques, est très différent de celui des années 50, 60, et même 70.

    Raed Habib

    08 h 49, le 09 décembre 2022

  • Tout simplement vous détruisez le Liban. Personne ne respecte rien dans pays laisser à lui même. La honte. Malheureusement un mot méconnu au Liban

    Elias

    13 h 57, le 08 décembre 2022

  • Bof, il invoqueront la "suspicion légitime" et feront suspendre le juge. Tout simplement...

    Gros Gnon

    12 h 18, le 08 décembre 2022

  • Effet d'annonce. Attendons de voir s'il y aura des condamnations. Il peut se passer mille choses avant d'en arriver à voir des gens condamnés. Rappelons également que l'objectif est de fermer ces carrières illégales.

    K1000

    11 h 07, le 08 décembre 2022

  • Bravo pour l’effort de ce - bla bla statistique inutile – L’important c’est comme assure M. le MINISTRE : Un grand nombre de ces endroits continuent – et continueront - de travailler malgré la crise, malgré l’état.

    aliosha

    10 h 17, le 08 décembre 2022

  • À QUEL POINT ON SE MOQUE DES GENS ....

    Gebran Eid

    09 h 22, le 08 décembre 2022

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