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Nos Lecteurs ont la Parole

Notre « Alamo » à nous

Dans la société capitaliste où nous vivons, on constate que les valeurs jadis dites humaines sont de plus en plus marginalisées. Parallèlement, on observe aussi que l’appréciation de l’éducation en général devient moins approuvée face aux valeurs pécuniaires. Les gens sont valorisés pour leur fortune et non pour les diplômes qu’ils détiennent, et les « richesses » ne sont autres que celles déterminées par leur valeur monétaire.

Une vérité contestable, car l’éducation en elle-même est une richesse inépuisable, contrairement aux richesses matérielles. L’éducation n’est pas une préparation à la vie, mais l’éducation est la vie elle-même, comme dirait John Dewey, le célèbre philosophe et pédagogue américain.

En effet, une nation est riche si ses citoyens sont éduqués. Cela était vrai pour le Liban, un pays très petit en superficie mais immense en culture, illuminant le monde arabe, en particulier grâce à son système éducatif bien élaboré et ses écoles et universités réputées. Je parle particulièrement des établissements privés qui ont fait du Liban un phare et un flambeau dans toute la région.

L’éducation est l’arme la plus puissante qu’on puisse utiliser pour changer le monde, comme l’avait dit le président Nelson Mandela. Une belle phrase qui donne à réfléchir.

Malheureusement, avec la dévaluation de notre monnaie et la crise économique accrue, la rémunération des professeurs a baissé d’une façon catastrophique et effroyable, les encourageant ou plutôt les obligeant à contrecœur à changer de secteur de travail, ou bien à considérer de partir à l’étranger. D’autre part, à cause de ces mêmes troubles économiques, plusieurs élèves ont quitté leur école.

Selon une étude récente des Nations unies, 30 000 élèves ont abandonné leur école pour aller travailler et aider leurs parents. Un chiffre ahurissant. Aussi, selon les sources du ministère de l’Éducation, durant l’année académique 2020-2021, 55 000 étudiants ont changé d’établissement, délaissant les écoles privées et optant pour des écoles publiques, à cause de la cherté de la vie. Selon l’étude, cela risquerait de mettre plus de pression sur un secteur public déjà énormément endetté, et de voir le niveau des écoles publiques baisser davantage.

D’autre part, le contenu des programmes scolaires gouvernementaux nécessite impérativement une réforme. Selon l’article paru dans L’OLJ datant du 25 novembre 2022, par Anne-Marie el-Hage, le Liban n’a pas réformé ses programmes scolaires depuis 25 ans. D’après le même article, selon Cécile Saint-Martin, attachée de coopération éducative à l’ambassade de France, « le Liban n’a pas suivi la mondialisation de l’éducation qui nécessite un fonctionnement par compétences ». La dernière réforme des programmes scolaires remonte à 1997, après quelques réajustements d’une pensée remontant aux années 1970. Donc voilà un sujet dont il faut parler peut-être tous les jours, car il ne faut surtout pas laisser ce secteur s’affaiblir et s’effondrer. C’est notre Alamo à nous.

Alamo était un fort à San Antonio, au Texas, où, en 1836, durant la guerre de l’indépendance texane du Mexique, un groupe d’Américains ont héroïquement résisté contre les attaquants mexicains beaucoup plus nombreux. Ils ont farouchement résisté mais à la fin ils ont perdu. Le terme est cependant resté dans les pages de l’histoire comme un symbole de résistance.

En effet, je répète que c’est notre Alamo, un acte de résistance, de défi, de ténacité et de refus de l’abdication.

Aujourd’hui, en tant que libanais, le système des écoles est notre dernier bastion de résistance contre les courants culturels étrangers, la médiocrité du niveau de l’éducation et aussi cette mentalité suicidaire d’« après moi le déluge » ou du laisser-aller.

Le niveau de l’éducation dans nos écoles ou nos institutions doit être notre sanctuaire, notre Bastille, et il faut les défendre et les fortifier.

La bonne éducation est une religion universelle, comme a dit Nabil Alami.

Je profite de l’occasion pour m’incliner devant tous les professeurs de toutes les écoles et tous les établissements au Liban, qui continuent à croire dans leur mission et, contre vents et marées, avec une rémunération tant affectée par l’effondrement économique, persistent noblement à éduquer et éclairer l’esprit de nos enfants, en voulant avec ténacité bâtir un futur lumineux.

Nous sommes une nation fortunée en héritage culturel, riche en érudition, essayons de les sauvegarder.

Abou Dhabi

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Dans la société capitaliste où nous vivons, on constate que les valeurs jadis dites humaines sont de plus en plus marginalisées. Parallèlement, on observe aussi que l’appréciation de l’éducation en général devient moins approuvée face aux valeurs pécuniaires. Les gens sont valorisés pour leur fortune et non pour les diplômes qu’ils détiennent, et les « richesses »...

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