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Culture - Poésie

Maya Salameh interprète un poème en « farab-anglais » devant Brigitte Macron

Le Liban s’est discrètement et poétiquement glissé dans la visite d’État du président Macron à Washington au cours d’une soirée en l’honneur de la Première dame française.

Maya Salameh interprète un poème en « farab-anglais » devant Brigitte Macron

Maya Salameh déclamant son poème. Photo tirée du compte Twitter Jill Biden at Planet World Museum

« Et on est deux cèdres ensoleillés, rancoureux et doux. Deux cèdres au milieu d’un mardi, mélangeant langues. On se lève après le repas. On partage les secrets du matin. Je corromps mes artérioles dans l’espoir qu’ils chantent. On bavarde à propos de sang qui n’est pas le nôtre. » Ces vers, signés par la poétesse américaine d’origine libanaise, avec des mots inventés par Maya Salameh, qui semblent étranges, ont été récités en présence de Brigitte Macron dans le cadre d’une cérémonie culturelle donnée en son honneur au Planet Word Museum il y a quelques jours. Un musée où les mots du monde entier trouvent leur place.

Les deux First Ladies Macron et Biden. Photo AFP/ Getty Images, tirée de la page FaceBook Jill Biden at Planet World Museum

Sa langue, un mélange de trois dialectes

C‘est ainsi, dans ce lieu bien choisi, que la poétesse américaine de 22 ans, née d’un père d’origine libanaise et d’une mère syrienne, a partagé un langage personnel issu d’un mélange entre trois parlers différents à travers son œuvre rédigée en français sous le titre de Mardi. « Ce poème s’est imposé à moi ! Mon père est libanais, et être libanais signifie que nous parlons farab-anglais, un drôle de mélange de français, d’arabe et d’anglais. Grandir en mêlant les langues avec les gens que j’aime m’a en quelque sorte conduite à cela. Oui, je suis vraiment excitée d’être avec vous », a-t-elle confié. L’organisation de cet événement culturel, qui réunissait des étudiants issus de divers parcours avec le français en partage, revenait à la First Lady américaine Jill Biden, chevronnée en matière d’éducation : « Non seulement Brigitte et moi avons lié une amitié depuis nos rencontres internationales, mais nous avons en commun notre métier d’enseignante. » Mme Macron a longtemps été professeure dans des lycées, tout comme Mme Biden qui, elle, continue à l’être, tout en remplissant son rôle d’épouse du président américain. Un rôle qui exige d’elle, selon l’organigramme de la Maison-Blanche, de prévoir un programme en fonction du centre d’intérêt des épouses des chefs d’État étrangers en visite à Washington.

Les deux couples présidentiels. Photo tirée du compte Instagram du président Biden @Potus

« J’ai choisi ce texte parce qu’il parlait de la joie de communiquer à travers les langues, ce qui convenait bien à la visite française en Amérique, explique à L’Orient-Le Jour la jeune Maya Salameh qui vit à San Diego (Californie) où elle est née. Lorsque j’ai présenté mon poème, j’ai mentionné mon expérience multilingue en grandissant au Liban et en m’exprimant avec ma famille dans un mélange de français, d’arabe et d’anglais. » Quant à sa relation avec son pays d’origine, la poétesse répond : « J’ai visité le Liban avec mon père en 2015, et nous y avions passé deux semaines. J’ai également rendu visite à ma famille l’été dernier en juillet. Je parle l’arabe, même si je ne maîtrise pas parfaitement la lecture et l’écriture. » Ces performances littéraires, Maya les a débutées à 16 ans, quand elle a été l’une des lauréates du programme « The National Student Poets Program » et avait été conviée à lire l’un de ces poèmes à la Maison-Blanche à l’époque du président Obama. Engrangeant de nombreux prix – le dernier en date étant le Etel Adnan Poetry Prize 2022 –, Maya Salameh voit dans la poésie « une expression créative, sans règles ou restrictions, et c’était là un récipient naturel pour mes émotions ».

Jill et Joe Biden, Emmanuel et Brigitte Macron arrivant au dîner d’État le 1er décembre. Ludovic Marin/AFP

Le State Diner, une « Lovefest »

Un autre grand moment de la visite d’Emmanuel Macron à Washington loin de la politique fut le dîner d’État donné le 1er décembre en l’honneur du président français et de son épouse. Un big event, d’autant plus important cette fois-ci qu’il devait être à la hauteur des plus fins palais du monde. Selon plusieurs communiqués de presse de la Maison-Blanche, il a fallu pas moins de six mois pour le concevoir et le peaufiner. Selon Cristeta Comerford, la chef en charge des cuisines de la Maison-Blanche, « nous voulions vraiment présenter tout ce qui est américain et tout ce qui est délicieux ». Après moult consultations et essais en collaboration avec la First Lady, la chef et la pâtissière en chef de la Maison-Blanche Susie Morrison et leurs équipes, un délicieux repas a été concocté et partagé par les 350 convives, parmi lesquels figuraient le réalisateur Baz Luhrman, Anna Wintour (rédactrice en chef de l’édition américaine du magazine Vogue), l’actrice Jennifer Garner ou encore le musicien John Legend. Au menu : 200 homards du Maine pochés au beurre, du bœuf persillé accompagné de pommes de terre, de la courge du potager de la Maison-Blanche, des fromages américains, comme un bleu de l’Oregon qui avait remporté les championnats du monde du fromage en 2019, du chèvre frais de Californie ou du cheddar du Wisconsin puis, en dessert, un cake à l’orange, des poires rôties à la sauce aux agrumes accompagnées de crème glacée. Le repas était arrosé d’un chardonnay californien millésime 2018, d’un cabernet-sauvignon millésime 2019 et d’un champagne rosé de chez Roederer. Pour le Washington Post, « la visite de Macron était toute joie de vivre (en français dans le texte), mais des frictions demeurent … Allons-nous vivre une renaissance ou une fin de siècle ? »

Grand angle

La poésie peut-elle encore sauver le monde ?

« Et on est deux cèdres ensoleillés, rancoureux et doux. Deux cèdres au milieu d’un mardi, mélangeant langues. On se lève après le repas. On partage les secrets du matin. Je corromps mes artérioles dans l’espoir qu’ils chantent. On bavarde à propos de sang qui n’est pas le nôtre. » Ces vers, signés par la poétesse américaine d’origine libanaise, avec des mots...

commentaires (3)

Si ce genre de poésie gagne des prix prestigieux, alors tout le monde peut être poète : la "liberté" évoquée par cette demoiselle ne revient pas à dire tout et n'importe quoi!

Politiquement incorrect(e)

15 h 48, le 06 décembre 2022

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Commentaires (3)

  • Si ce genre de poésie gagne des prix prestigieux, alors tout le monde peut être poète : la "liberté" évoquée par cette demoiselle ne revient pas à dire tout et n'importe quoi!

    Politiquement incorrect(e)

    15 h 48, le 06 décembre 2022

  • SI CA SONT DES VERS ET DE LA POESIE LE CROASSEMENT DES CORBEAUX ET DES CORNEILLES EN EST TOUT AUSSI. DEGENERESCENCE DE LA LITTERATURE ET DE LA LANGUE. TOUT COMME LES DESSEINS DITS MODERNES BONS POUR LES GARAGES ET LES W.C.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 39, le 06 décembre 2022

  • Je ne vois pas ce qu’il y a d’"arafrenglish" dans ces vers. C’est moi, ou j’ai raté quelque chose ?…

    Gros Gnon

    08 h 05, le 06 décembre 2022

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