Nouvelles pluies, nouvelles routes inondées au Liban. Plusieurs axes ont été envahis par des torrents d'eau boueuse mardi à Jounieh et Kfar Hbab, dans le Kesrouan, ainsi qu'à Jbeil, des images qui se répètent ces dernières semaines depuis le début de la saison des pluies, alors que l'Etat et les municipalités semblent toujours incapables d'assurer la maintenance des voies publiques.
فيديو آخر من السيول التي اجتاحت طريق كفرحباب غزير وشاهدوا كيف سعى مواطنون للنجاة بأنفسهم. pic.twitter.com/lyxNap73tc
— Bassam Abou Zeid (@BassamAbouZeid) November 29, 2022
Sur Twitter, le Centre de contrôle du trafic routier (TMC) a annoncé que les eaux de pluie se sont accumulées sur les voies est et ouest de l'autoroute de Jounieh, ainsi que sur la voie maritime, provoquant des embouteillages monstres.
Des images envoyées à L'Orient-Le Jour par la municipalité de Jounieh montre les rues du Vieux souk de la ville inondées.
Même scène du côté de la localité de Kfar Hbab, où de forts torrents se sont abattus sur la route, piégeant plusieurs véhicules, selon des images envoyées à notre correspondant dans le Nord, Michel Hallak. Certains automobilistes sont sortis in extremis de leur véhicule, plusieurs voitures ayant été balayées par les torrents.
La Défense civile est intervenue à Jounieh et Kfar Hbab afin de secourir les automobilistes bloqués.
A Jbeil également, l'eau a inondé des rues du Vieux souk de la ville, rapporte l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).
Il y a trois jours à peine, les mêmes scènes se répétaient dans le Sud du pays.
Les explications du ministre
Réagissant aux inondations, le ministre sortant des Travaux publics et des Transports, Ali Hamiyé, a publié une vidéo sur Twitter où il affirme qu'elles ont été provoquées par des empiétements sur les courants d'eau naturels dans la région de Sahel Alma-Chnaanir. Il en a tenu pour responsables les municipalités et le ministère de l'Energie et de l'Eau, affirmant qu'ils n'ont pas fait leur travail de contrôle sur ces cours d'eau.
فيديو من منطقة ساحل علما - شننعير يُظهر بوضوح مكان تدفق المياه وخروجها عن مجراها الى الطرقات في البلدات لتتشكل عبرها سيول،جارفة معها الاتربة الى الاوتوستراد، وهذا بسبب التعديات على مجاري المياه الشتوية والعبارات وعدم مراقبتها من قبل الجهات المختصة ( بلديات- وزارة الطاقة). pic.twitter.com/Q2zEbeHtlv
— Ali Hamie | علي حمية (@alihamie_lb) November 29, 2022
Le changement climatique
"La principale cause des inondations observées aujourd’hui à Jounieh, notamment du côté de Haret Sakher et Kfar Hbab est due à une quantité de pluies inhabituelle en un laps de temps très court", a affirmé Juan Hobeiche, président du conseil municipal de Jounieh et président de la Fédération des municipalités du Kesrouan, contacté par L'Orient-Le Jour. "C’est le changement climatique et la modification du régime de précipitations qui rendent de tels phénomènes récurrents", a-t-il ajouté.
Si la quantité de pluies est la principale cause des inondations observées dans les rues, l’élu pointe également du doigt une infrastructure désormais inadaptée. "Là où il n’y avait que quelques maisons, il y a aujourd’hui trente à quarante immeubles, alors que les canalisations sont restées les mêmes", dit-il. "Comment, dans ce cas, peut-on empêcher les débordements ?", s'est-il interrogé en évoquant particulièrement la façade maritime du Kesrouan, où la multiplication des immeubles trop élevés entrave l’évacuation de l’eau.
Autre source de problème, les déchets jetés par les automobilistes de leurs voitures, et qui viennent bloquer les canaux d’évacuation des eaux de pluies. "Le manque de civisme est un facteur important dans l’aggravation de pareils phénomènes", déplore-t-il.
Les inondations de mardi ont causé des dégâts dans le paysage kesrouanais très escarpé, notamment au niveau de "certains terrassements", indique encore M. Hobeiche. Partout dans la ville, notamment dans le vieux souk côtier, l’eau a inondé les routes et est même entrée dans les maisons et les boutiques. Interrogé sur les mesures à prendre en vue d’empêcher que de telles catastrophes ne se répètent, le président du conseil municipal insiste sur la nécessité de rénover l’infrastructure comme action radicale pour faire face au changement climatique observé.
Avec des infrastructures publiques affaiblies par une crise économique qui a commencé en 2019, le Liban se retrouve, une fois de plus, mal préparé aux tempêtes hivernales. Les pluies intenses inondent souvent de vastes étendues des zones côtières, au grand dam des automobilistes qui s’y retrouvent piégés.
Le 24 octobre, des pluies intenses avaient gravement inondé de grandes parties des zones côtières du Liban, entraînant la mort d'un homme âgé handicapé.
commentaires (6)
Il y a déjà 35 ans ,dès qu'il pleuvait,dans certains quartiers de Beyrouth l'eau ressortait par les plaques d'égouts et recouvrait les rues
Yves Gautron
20 h 10, le 30 novembre 2022