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Culture - Entretien

Omar Abboud, scientifique le jour, pianiste la nuit

Le clavier rythme son parcours : de New York où il combine son amour de la musique et sa fascination pour la technologie, à Beyrouth où il est invité à présenter le 30 novembre un concert (« Departures ») à l’AUB dans le cadre du programme musical Zaki Nassif.

Omar Abboud, scientifique le jour, pianiste la nuit

Le Libano-Canadien Omar Abboud : en communion avec les autres à travers la musique. Photo DR

Concilier un métier d’ingénieur à plein temps et une passion pour la musique en professionnel, tout en assurant des concerts à travers le monde et en maintenant actif un trio de chambre à New York, est une gageure et un pari presque impossible à tenir. Et pourtant, Omar Abboud, pianiste et ingénieur libano-canadien, l’a fait et continue de le faire depuis New York, où il réside depuis 10 ans. De sa passion à son métier, la musique, et plus particulièrement le piano, a rythmé son parcours ! Il est né au Canada, a grimpé du haut de ses quatre ans sur un siège pour atteindre les touches du piano et ne s’est plus arrêté de jouer depuis. Omar Abboud (28 ans), ingénieur informatique le jour et pianiste de concert la nuit, obtient son baccalauréat en recherche opérationnelle de l’Université de Columbia, une licence en interprétation au piano du Conservatoire royal de musique du Canada et une maîtrise en sciences informatiques et en génie à Harvard pour tirer parti de ses compétences techniques. En tant que pianiste, il s’est produit dans des salles telles que le Symphonie Space, Weill Hall au Carnegie Hall, la Chamber Music Society du Lincoln Center et le Conservatoire national de musique Edward Said à Ramallah, en Palestine. Actuellement, il se concentre sur les nouvelles expériences de produits pour les plateformes communautaires, telles que Facebook Groups & Events. Aujourd’hui, il partage son expérience de l’alternance ainsi que sa passion pour la musique.

Alors que votre carrière en tant que musicien était assurée, vous avez quand même choisi de vous diriger vers des études d’ingénierie et de mener votre passion et votre métier avec un même élan et une même détermination, et de réussir les deux. Pourquoi ce parcours difficile, mais néanmoins réussi ?

D’abord, mon grand-père était un réfugié palestinien ; c’est son éducation qui l’a sauvé. J’ai compris qu’il fallait toujours avoir un plan B et que j’avais effectivement une carrière de pianiste qui se profilait, mais je voulais aller plus loin. J’ai donc décidé de voyager jusqu’aux États-Unis pour réaliser mon rêve, terminer mes études universitaires et étudier l’ingénierie. La valeur de l’éducation en tant que moyen de liberté et de réussite a eu une très grande influence sur ma décision de poursuivre mes études. C’est ainsi que j’ai réussi, à travers le Forum économique mondial, à fonder une initiative numérique pour aider les immigrants et les réfugiés récemment arrivés à trouver les ressources dont ils ont besoin pour commencer leur vie aux États-Unis dans leur langue maternelle.

Le Libano-Canadien Omar Abboud : en communion avec les autres à travers la musique. Photo DR

Quel est votre secret pour réussir les deux sans que l’une n’empiète sur l’autre ?

Je sens que mon métier inspire ma musique. Quelquefois, en étant sur mon ouvrage scientifique, j’ai comme l’impression qu’il me vient des idées pour les traduire en musique et en même temps, la musique me détend lorsque je reviens du travail. Elle me permet d’évacuer mon stress. Je peux être en communion avec les autres grâce à la musique. Elle contribue à établir une balance dans ma vie. C’est en fusionnant un vrai métier et une vraie passion que mon être est complet, que je me sens dans la plénitude du monde. Développer mes muscles créatifs à travers la musique fait de moi un meilleur scientifique de données. Le piano est un instrument spécial car il possède une gamme extraordinaire de possibilités. En raison de cette gamme d’expressions, jouer du piano n’a jamais été ennuyeux pour moi. Vous pouvez passer votre vie à découvrir le piano, et mon métier de scientifique me permet d’avancer et d’aider les autres.

Qu’est-ce qui rapproche votre métier de votre passion ?

On a souvent dit que les mathématiques et la musique sont issues d’un même univers et du même emplacement dans le cerveau. La musique requiert beaucoup d’analyse et l’ingénierie exige beaucoup de créativité. Mon métier sert ma passion, et vice versa.

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Je sens que les sciences humaines et les sciences doivent collaborer. Ceux qui prétendent qu’on est dans la vie soit scientifique, soit artiste et que ça ne peut se mélanger ont tort. Nietzsche déclarait que la vie est un tissu de forces actives (tout ce qui relève de l’art et qui n’a pas besoin pour exister de s’opposer à d’autres forces) et réactives (celles qui ne peuvent se déployer dans le monde sans annihiler d’autres forces). Allier les deux pour ce penseur, c’était accéder au grand style. En tant que musicien, j’ai tellement réfléchi à la façon d’amener la musique aux gens, comment évoquer certains sentiments et comment communiquer avec un public à travers la performance. C’est intéressant d’étudier comment des sons intrinsèquement différents amènent les gens à réagir positivement ou négativement. Steve Jobs refusait qu’on le taxe de génie informatique seulement : « Mon succès dans Apple, disait-il, c’est d’avoir placé la créativité au centre de la technologie. »

Pourquoi avoir choisi la ville de New York comme lieu de résidence ?

Lorsque j’ai décidé de faire ce choix difficile, celui d’arriver à réussir et le scientifique, et l’art, je me suis senti un peu différent et, pourquoi pas, un peu fou. New York est la ville où tout est permis, où les personnes les plus sages et les plus audacieuses se côtoient. Quel que soit votre mode de vie, vous trouverez un répondant dans cette ville…

«Departures »(« as-Safar »),de Omar Abboud, ce mercredi 30

novembre, à 20h, à l’Assembly Hall de l’Université américaine de Beyrouth (AUB).

Le programme

Maurice Ravel : Le tombeau de Couperin ;

Aram Khachaturian (arrangement par Oscar Levant) : Berceuse du ballet Gayané ;

Arno Babadjanian: Prelude & Vagarshapat Dance ;

Arno Babadjanian : Capriccio ;

Zaki Nassif (arrangements de Omar Abboud) : « Fantaisie sur des thèmes par Zaki Nassif » ;

Nikolai Kapustin : Sonate nº 2, op. 54.

Lien YouTube :

https://www.youtube.com/watch ? v=ae-DfPf5cr0

Concilier un métier d’ingénieur à plein temps et une passion pour la musique en professionnel, tout en assurant des concerts à travers le monde et en maintenant actif un trio de chambre à New York, est une gageure et un pari presque impossible à tenir. Et pourtant, Omar Abboud, pianiste et ingénieur libano-canadien, l’a fait et continue de le faire depuis New York, où il réside...

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