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Culture - Festival

Un vivier de talents : les Ateliers de l’Atlas récompensent Dania Bdeir

Dans le cadre du Festival du cinéma marocain, la jeune cinéaste libanaise a participé aux Ateliers de l’Atlas où son projet « Pigeon Wars » (« Kash hamem ») a reçu l’un des quatre prix au développement.

Un vivier de talents : les Ateliers de l’Atlas récompensent Dania Bdeir

Les participants et lauréats aux Ateliers de l’Atlas 2022. @FIFM 2022

La jeune cinéaste libanaise Dania Bdeir prend décidément de la hauteur. Son premier court métrage, Warsha, a décroché en janvier 2022 le prix du meilleur court métrage international au Festival international de Sundance. Ce qui l’a rend éligible aux oscars. Cet opus – qui a glané de nombreuses connaissances dans divers festivals, dont le grand prix au Festival européen du film court de Brest – fait le gros plan sur un ouvrier vivant en apesanteur dans la cabine d’une grue, et qui arrive à transcender les tabous et à se libérer de ses chaînes une fois dans sa zone de solitude. C’est également sur un sujet « en altitude » qu’elle travaille actuellement et qu’elle a présenté aux Altiers de l’Atlas le vivier de talents organisé en marge du Festival du film de Marrakech. Dania Bdeir a réussi à bénéficier d’un des quatre prix Atlas au développement pour son projet de long métrage Pigeon Wars (Kash hamem). Elle s’est confiée à L’Orient-Le Jour au sujet de ce film lors d’une visite au Beldi, dans la banlieue de la ville de Marrakech, où se déroulaient les Ateliers. « Pigeon Wars parle de ce sport qui existe au Liban, en Syrie, en Jordanie et même à New York, et qui consiste à élever des pigeons sur le toit d’un immeuble et à «entraîner» les oiseaux dans des courses compétitives contre d’autres clans de pigeons. C’est un hobby fascinant qui a ses coutumes et ses codes, et qui est transmis de père en fils », raconte la jeune cinéaste. Bdeir a découvert ce loisir national en 2010 en suivant les oiseaux un jour où, encore étudiante à l’université, elle rêvassait les yeux au ciel. « Dans mon film, je parle de cette jeune fille à l’esprit compétitif qui découvre ce monde-là et qui en devient complètement obsédée. Son objectif est de devenir reine des pigeons, mais pour cela, il faut qu’elle collabore avec Hassan, un jeune homme très machiste issu d’un autre milieu qu’elle. Autour de ces oiseaux et sur les toits de Beyrouth, c’est une belle histoire d’amitié qui va naître, témoignant de la diversité des cultures dans Beyrouth », indique Bdeir.

La jeune cinéaste Dania Bdeir et le producteur Pierre Sarraf. Photo DR

Du court au long

Dania Bdeir en est encore au tout début du développement de son film. Elle travaille avec le producteur Pierre Sarraf (boîte de production « Né à Beyrouth ») qui l’avait rejointe à la fin de son film Warsha. Il avoue avoir cru en ce scénario et affirme sa volonté d’accompagner la jeune réalisatrice depuis le début. Bdeir s’est également entourée d’une coproductrice canadienne, Sahar Youssifi, et de la scénariste Ban Fakih, « avec laquelle j’ai immédiatement connecté ». Toutes deux ont été sélectionnées pour participer à un laboratoire d’écriture en France, « Le groupe Ouest », et ont suivi déjà trois sessions en Bretagne. La dernière session se déroulera en décembre. Par ailleurs, Dania Bdeir a réussi à obtenir, de par sa nationalité canadienne, un fonds du Canada, ce qui lui a permis de continuer l’aventure.

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« Outre le cadre du Beldi qui est une source d’inspiration en soi, ce qui est intéressant à Marrakech, précise Bdeir, c’est que ces ateliers invitent un grand nombre de personnes de l’industrie du cinéma, des producteurs européens, et des agents de vente et de distribution qui sont intéressés par des travaux arabes et nord-africains. Ils écoutent nos pitchs et notent des rendez-vous. Pour ma part, j’ai eu de très bons retours avec un consultant, et je suis prête aujourd’hui à retravailler sur une seconde version plus solide avec Ban jusqu’à atteindre le bon développement du film. »

Après Warsha (rendez-vous aux prochains oscars), Dania Bdeir n’a pas dormi sur ses lauriers mais a poursuivi le travail, soutenue par l’énergie d’un producteur qui la pousse à aller toujours plus loin, à explorer des horizons nouveaux, comme dans les Ateliers de l’Atlas, et à voler encore plus haut.

Les ateliers paradisiaques

C’est dans le site paradisiaque du Beldi qui prête à la réflexion, aux échanges et au partage d’idées que les Ateliers de l’Atlas encadrent les jeunes talents depuis 5 ans déjà, dont deux fois en ligne. Car, malgré l’absence du Festival de Marrakech de la scène cinéma en raison de la pandémie, les Ateliers de l’Atlas ont poursuivi leurs activités en ligne. Ils étaient dirigés par Rémi Bonhomme en 2018, lequel est devenu aujourd’hui directeur artistique du Festival de Marrakech, passant la main à Thibault Bracq qui en est actuellement responsable.

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Parmi les participants libanais, on notait également la présence de George Peter Barbari, réalisateur de Sin of Not Living en 2021. Cette 5e édition a réuni donc 250 professionnels internationaux autour d’une sélection de 23 projets et films portés par une nouvelle génération de cinéastes marocains, arabes et africains. Les 16 projets en développement et 6 films en tournage ou postproduction ont bénéficié d’un accompagnement sur mesure représentant près de 150 heures de « mentoring » (parrainage) assuré par des consultants en scénario, production, distribution, montage et musique. À citer, entre autres activités parallèles, la masterclass d’Asghar Farhadi, présentée au Beldi juste pour ces jeunes talents, et une table ronde menée par la Libanaise Hania Mroué (Metropolis) qui regroupait des représentants de boîtes de production et de distribution pour parler des problèmes et défis du film indépendant.

En cinq éditions, ce programme professionnel a accompagné 111 projets et films, dont 48 marocains. Preuve du succès de cette plateforme, de nombreux films qui y ont participé ont ensuite été sélectionnés et primés lors de prestigieux festivals, à l’instar du Festival de Cannes (Ashkal, de Youssef Chebbi, Sous les figues, de Erige Sehiri), de ceux de Venise (Reines, de Yasmin Benkiran, Les damnés ne pleurent pas, de Fyzal Boulifa) ou de Locarno (Fragments from Heaven, de Adnane Baraka). Ces films faisaient d’ailleurs partie cette année de la sélection de la 19e édition du Festival international du film de Marrakech.

À la fin de leurs activités qui ont duré du 14 au 17 novembre, les Ateliers de l’Atlas ont distribué huit prix et cinq bourses représentant une dotation globale de 106 000 €. Les cinq projets marocains participant au programme « Regards sur l’Atlas » bénéficient automatiquement d’une bourse au développement de 3 000 €.

Le palmarès

Le jury des 3 prix Atlas à la postproduction, composé de Gaia Furrer (Venice Days), Éric Lagesse (Pyramide Films) et Sébastien Onomo (Special Touch Studio), a récompensé les films Inshallah a Boy, d’Amjad el-Rasheed (Jordanie), Disco Afrika, de Luck Razanajaona (Madagascar), et A Golden Life, de Boubacar Sangaré (Burkina Faso).

Le jury des 4 prix Atlas au développement, composé des producteurs Lamia Chraibi (La Prod), Nicole Gerhards (Niko Film) et Farès Ladjimi (Supernova Films), a récompensé les projets La mer au loin, de Saïd Hamich (Maroc); Pigeon Wars, de Dania Bdeir (Liban); Demba, de Mamadou Dia, et Lënde, de Katy Lena Ndiaye (tous deux du Sénégal). Par ailleurs, le prix Artekino International décerné par la chaîne franco-allemande

Arte a été remis au projet en développement Whale Belly, de Sameh Alaa (Égypte).

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