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Culture - Goncourt des lycéens

Sabyl Ghoussoub : C’est beau que les lycéens aient choisi un livre qui traite de guerre et d’exil

Le troisième roman de Sabyl Ghoussoub, « Beyrouth-sur-Seine » (Stock, 2022), a décroché hier le prix Goncourt des lycéens. À chaud, il réagit avec gratitude et émotion.

Sabyl Ghoussoub : C’est beau que les lycéens aient choisi un livre qui traite de guerre et d’exil

Sabyl Ghoussoub, un ancien cancre féru de lecture et de cinéma. Photo Olivier Roller

« Je suis très ému, c’est une belle revanche sur la guerre et un magnifique hommage pour mes parents. C’est beau que les lycéens aient choisi un livre qui traite de guerre et d’exil, cela montre une grande maturité de leur part et une compréhension du monde sensible et affûtée », confie celui qui vient de recevoir le prix Goncourt des lycéens 2022, une distinction éminemment prestigieuse accordée par le public le plus exigeant, le plus authentique et le plus idéaliste, celui de la jeunesse.

Depuis la publication de son premier roman, Le Nez juif, Sabyl Ghoussoub a l’habitude de rencontrer des collégiens et des lycéens. Il sait trouver les mots et le ton justes pour les ouvrir à la littérature, sans se prendre trop au sérieux. Face à eux, il est à l’écoute et il considère leur parole. L’auteur a particulièrement apprécié la qualité des échanges avec la jeunesse dans le cadre du Goncourt des lycéens. « Beyrouth-sur-Seine semble les avoir touchés car c’est une histoire d’exilés, et ils se sont intéressés à la démarche d’un fils qui interroge ses parents pour raconter leur histoire, et que ce soit un hommage à eux, une déclaration d’amour. Tous ces jeunes de milieux très variés ont été sensibles à l’écriture, aux personnages, à la sincérité du propos. Alors que les lycéens libanais que j’ai rencontrés lors de l’événement Beyrouth Livres ont plutôt centré leur lecture sur la guerre du Liban, en retrouvant des faits dont ils ont conscience, les jeunes lecteurs qui ont participé au Goncourt se sont interrogés sur le récit de l’exil », poursuit l’auteur de Beyrouth entre parenthèses. Sabyl Ghoussoub ne tarit pas d’éloges sur une jeunesse qui l’a bouleversé. « Ils sont incroyables et leur regard est vrai. Les discussions sont franches avec eux, il n’y a pas d’hypocrisie et on peut vraiment être soi-même. J’ai tellement envie de les remercier tous pour leur lecture, pour leurs questions, pour ces moments incroyables qu’on a partagés et que je n’oublierai jamais », conclut l’écrivain avec ferveur.

La présidente du jury du prix Goncourt des lycéens 2022 Blandine Lebrequier présente l’ouvrage lauréat « Beyrouth-sur-Seine » de Sabyl Ghoussoub, à Rennes, le 24 novembre 2022. Damien Meyer/AFP

Une fois de plus, la jeunesse a fait le choix de la sincérité, en mettant à l’honneur un auteur dont la voix résonne avec justesse et acuité sur des questions délicates et contemporaines, sans jamais se défaire d’un humour au vitriol et d’une immense tendresse pour les inconsolables déracinés que sont ses parents, au sujet de qui Sabyl Ghoussoub a précisé qu’ils sont « plus que contents »… Sabyl Ghoussoub, qui tient également une chronique littéraire pour L’Orient-Le Jour, faisait partie des quinze auteurs sélectionnés pour le prix Goncourt 2022, qui a finalement été attribué à Brigitte Giraud pour Vivre vite, aux éditions Flammarion, un retour sur l’engrenage d’événements improbables ayant mené à la mort de son mari.

Pour mémoire

Sabyl Ghoussoub : Ce livre est une sorte de revanche face à la guerre

Le jury de la 35e édition du Goncourt des lycéens, créé à Rennes en 1988 et organisé par la chaîne de magasins Fnac et le ministère français de l’Éducation nationale, a rendu son verdict après plus de deux mois de lecture assidue des 15 ouvrages de la sélection du prestigieux prix Goncourt. L’annonce du nom du lauréat a été faite depuis la mairie de Rennes, berceau de ce prix. Petit frère du Goncourt, le Goncourt des lycéens se déroule chaque année de septembre à novembre et permet à quelque 2 000 élèves de lycées généraux, technologiques, professionnels et agricoles, de la seconde au BTS, de découvrir la littérature contemporaine et de susciter le goût de la lecture.

La présidente du jury du prix Goncourt des lycéens 2022 Blandine Lebrequier présente l’ouvrage lauréat « Beyrouth-sur-Seine » de Sabyl Ghoussoub, à Rennes, le 24 novembre 2022. Damien Meyer/AFP

À partir du pitch de base – un narrateur qui interroge ses parents sur leur départ du Liban pendant la guerre et sur leur arrivée en France –, Sabyl Ghoussoub construit dans Beyrouth-sur-Seine un roman ému et émouvant, mais surtout drôle et captivant. « Ce livre est ma perception de l’histoire de mes parents et de mon histoire par rapport au Liban, au moment de l’écriture, avait déclaré l’auteur au cours d’un entretien avec L’Orient-Le Jour. Cette autofiction m’a permis de me construire une mémoire écrite, qui est en soi totalement fausse et qui est l’histoire que je me raconte. C’est mon Liban à moi. »

« Le mauvais lycéen que j’étais devrait remercier les merveilleux lycéens que vous êtes. Ce prix est un énorme honneur », avait réagi par visioconférence Sabyl Ghoussoub peu après l’annonce du prix, se décrivant comme un ancien cancre féru de lecture et de cinéma.

« Je suis très ému, c’est une belle revanche sur la guerre et un magnifique hommage pour mes parents. C’est beau que les lycéens aient choisi un livre qui traite de guerre et d’exil, cela montre une grande maturité de leur part et une compréhension du monde sensible et affûtée », confie celui qui vient de recevoir le prix Goncourt des lycéens 2022, une distinction...

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