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Économie - Restructuration

Le groupe bahreïni al-Baraka descend en flammes la Banque du Liban

Le groupe bahreïni al-Baraka descend en flammes la Banque du Liban

La maison mère d’al-Baraka Bank SAL a réagi samedi à la mise sous tutelle visant sa filiale. Photo tirée de la page Facebook de la banque libanaise

Silencieux vendredi, premier jour du week-end dans plusieurs pays du Golfe, le groupe bancaire bahreïni al-Baraka a réagi avec véhémence, dès le lendemain, à la décision de la Haute Autorité bancaire, dirigée par le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, de désigner un administrateur provisoire à la tête de sa filiale libanaise afin de la « redresser ». Cité dans un communiqué au vitriol publié samedi, le PDG du groupe, Houssem Ben Haj Amor, a jugé que la BDL était « pleinement responsable de la situation fâcheuse dans laquelle le secteur financier libanais se trouve et de l’incapacité des banques à recommencer à fonctionner normalement ».

De manière incidente, la réaction du groupe bancaire a donc confirmé officiellement l’information qui circule depuis vendredi, selon laquelle la petite banque (5 agences, selon les chiffres de l’Association des banques (ABL)) faisait partie des trois enseignes ciblées par une mise sous tutelle décidée par l’autorité, avec la Federal Bank (9 agences) et la Banque de crédit national (3 agences).

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La BDL, l’ABL, les autorités et les deux autres banques citées n’ont pas réagi publiquement pour l’instant. Mais d’après les informations que nous avons pu confirmer dès vendredi, la mission de chacun des administrateurs consiste à « élaborer un plan financier visant à redresser leurs opérations et assainir leur gestion » pour la banque à la tête de laquelle ils ont été nommés. Cette mise sous tutelle a été décidée dans un contexte de crise qui perdure depuis 2019 et qui a réduit à néant la confiance dans le secteur financier et les institutions du pays.

80 % des actifs placés à la BDL

Dans son communiqué, le groupe bahreïni explique qu’al-Baraka Bank SAL a été sanctionnée par la BDL pour ne pas avoir « présenté de plan de restructuration de ses activités » ni « appelé ses actionnaires à injecter davantage de capital ». Il condamne fermement cette décision et indique être en train d’étudier ses « options sur le plan judiciaire, au Liban et à l’étranger », afin de protéger les intérêts de ses actionnaires comme de ses clients, et de « reprendre le contrôle » de sa filiale.

Présent dans 16 pays et spécialisé dans la finance islamique, il « rejette (aussi) l’interprétation faite par la BDL de la situation », avant de l’accuser d’avoir « échoué à formuler un plan global et crédible de restructuration du secteur bancaire » qui prenne en considération les intérêts de toutes les parties concernées. Il reproche également à la banque centrale d’avoir « refusé de laisser al-Baraka Bank ainsi que d’autres banques (implantées au Liban) accéder aux actifs » qu’elles avaient placés auprès d’elle, suggérant que cela aurait permis au secteur de recommencer à « fonctionner normalement ». Le groupe, qui assure avoir toujours « collaboré étroitement » avec les autorités bancaires du pays depuis le début de la crise pour « soutenir la liquidité » et « protéger les intérêts de ses consommateurs », affirme avoir placé « plus de 80 % de ses actifs, représentant les dépôts de ses clients », à la BDL.

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La direction d’al-Baraka assure en outre que « cette action, à travers laquelle la banque centrale crée un précédent alarmant pour les institutions financières et les investisseurs étrangers au Liban », n’a pas d’impact « financier ou réglementaire » sur le groupe dans sa globalité, qui dépend de la Banque centrale de Bahreïn (CBB). Elle affirme enfin avoir « fait les provisions nécessaires pour couvrir son exposition au Liban » et rappelle que la BDL n’a aucun droit de regard sur ses activités dans les 15 autres pays où le groupe est présent.

Conscientes des risques

Selon les données les plus récentes compilées par l’ABL, la filiale libanaise d’al-Baraka comptait fin 2020 420,4 milliards de livres de dépôts et 556,1 milliards de livres d’actifs. Ces chiffres ne donnent pas la répartition entre la portion en livres et en dollars, mais la conversion du total en livres est faite sur la base de la parité officielle de 1 507,5 livres pour un dollar. Selon les données de l’ABL, Federal Bank totalisait 860,9 milliards de livres d’actifs et 722,1 milliards de livres de dépôts à fin 2020, contre respectivement 658,3 milliards et 478,1 milliards pour la Banque de crédit national.

Les banques libanaises restreignent depuis l’automne 2019 l’accès des déposants à leurs fonds en devises, sans y être autorisées par la loi. Une situation que les pouvoirs publics, les élus et la BDL ne se sont pas empressés de régulariser, dans un contexte d’effondrement de la livre et de l’explosion de l’économie du cash.

De nombreux déposants ont contesté en justice les restrictions en place, avec plus ou moins de succès. Les banques, dont l’exposition à la dette et à la BDL varie d’une enseigne à l’autre, considèrent pour leur part l’État et la BDL comme responsables de la situation. Le premier, qui accumule les déficits depuis des années, a fait défaut en mars 2020 sur des obligations en devises (eurobonds) fortement rémunérées dans lesquelles beaucoup de banques avaient massivement investi. La seconde n’a plus assez de réserves pour rembourser les dizaines de milliards de dollars placés par les banques chez elle, notamment sous la forme de certificats de dépôt. Les banques sont, elles, critiquées pour avoir inconsidérément placé l’argent des déposants alors qu’elles étaient conscientes des risques dans un pays où la classe politique et les dirigeants de banque sont parfois intimement liés.

Appelé à l’aide par le Liban, le Fonds monétaire international demande depuis 2020 que le secteur bancaire soit restructuré et que les pertes du pays (plus de 72 milliards de dollars selon les estimations officielles) soient réparties entre l’État, la BDL, les banques et les déposants. Un plan de restructuration du secteur est actuellement en préparation, mais ses détails dépendent de l’audit de chacune des banques du pays, en commençant par les 14 plus importantes.

Silencieux vendredi, premier jour du week-end dans plusieurs pays du Golfe, le groupe bancaire bahreïni al-Baraka a réagi avec véhémence, dès le lendemain, à la décision de la Haute Autorité bancaire, dirigée par le gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, de désigner un administrateur provisoire à la tête de sa filiale libanaise afin de la « redresser ». Cité dans...

commentaires (3)

quels sont les déposants qui vous on permis de déposer leur argent à la BDL pour faire vos montages financiers et gagner d avantage d argent. tout est pourrie dans ce pays finalement principalement les mentalités

Le juste milieu

22 h 15, le 21 novembre 2022

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Commentaires (3)

  • quels sont les déposants qui vous on permis de déposer leur argent à la BDL pour faire vos montages financiers et gagner d avantage d argent. tout est pourrie dans ce pays finalement principalement les mentalités

    Le juste milieu

    22 h 15, le 21 novembre 2022

  • C'est cocasse comme situation, ils ont obéit à la BDL jusqu'à ce qu'on touche à leur argent et à leur pouvoir ! Parfait :))

    Pandora

    14 h 10, le 21 novembre 2022

  • C'est maintenant que les crapules bancaires se reveillent pour pleurnicher ? Alors que voila deja 3 ans qu'ils obeissent servilement aux directives ILLEGALES de la BDL et de l'ABL. Bien fait pour leur pomme. Leur place, tous, haut fonctionnaires venaux et crapules bancaires, est en prison pour vol et escroquerie en bande organisee. Haro sur une justice gangrenee a leur service.

    Michel Trad

    10 h 56, le 21 novembre 2022

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