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Culture - Événement

Pour le directeur du MoMA, le musée de Beyrouth est un « acte de folie mais aussi un véritable projet d’espoir »

En gestation depuis 2016, le Beirut Museum of Art (BeMA), symbole de la renaissance culturelle libanaise, était l’objet d’une conversation au sein du prestigieux musée new-yorkais réunissant autour du directeur des lieux les architectes Amale Andraos et Dan Wood, les codirectrices Juliana Khalaf et Taline Boladian, ainsi que le président du BeMa, Joe Saddi, et la présidente de BeMA USA, Lili Chopra. L’événement a attiré bon nombre de collectionneurs, académiciens, journalistes et jeunes étudiants avides de comprendre l’importance et la faisabilité de ce projet. « L’Orient-Le Jour » en a profité pour rencontrer les intervenants.

Pour le directeur du MoMA, le musée de Beyrouth est un « acte de folie mais aussi un véritable projet d’espoir »

De gauche à droite : Dan Wood, Juliana Khalaf, Amale Andraos, Taline Boladian et Glenn Lowry à la tribune. Photo S. Z.

Lueur ou phare d’espoir ? Essayer de construire un nouveau musée d’art à Beyrouth en ces temps de crises sans précédent est-il vraiment un « acte de folie », comme le suggère Glenn D. Lowry, puissant directeur du Musée d’art moderne (MoMA) à New York, ou un acte de foi dans l’avenir du pays ? « C’est un acte de folie. C’est incroyable. Je suis tellement fier de tous ceux qui travaillent sur ce projet. C’est vraiment un projet d’espoir qui est essentiel pour le moment. Et je suis convaincu que ce sera un grand succès. J’adore cette architecture qui est ouverte, qui fait penser au surréalisme, qui réimagine la ville de Beyrouth. C’est une architecture sublime mais aussi très pratique. Les balcons ouverts offrent un peu de rêve et l’intérieur est tout à fait spectaculaire. C’est vraiment un succès », assure Glenn Lowry, en français, à L’Orient-Le Jour.

En gestation depuis 2016, The Beirut Museum of Art, BeMA, symbole de la renaissance culturelle de Beyrouth, est une « lueur d’espoir » et d’optimisme dans un environnement de crise. Conçu par les deux architectes primés de renommée internationale, le couple Amale Andraos et Dan Wood, de WORKac, comme annoncé en 2018, The Beirut Museum of Art devrait ouvrir ses portes en 2026.

C’est au sein du prestigieux Musée d’art moderne (MoMA) à New York, sous le patronage de Glenn D. Lowry, directeur du MoMA depuis 1995, ami et collègue de longue date d’Amale Andraos et de Lili Chopra, présidente de BeMA USA, qu’une présentation du projet du musée d’art moderne de Beyrouth a attiré bon nombre de collectionneurs, académiciens, journalistes et jeunes étudiants avides de comprendre l’importance et la faisabilité de ce projet. Une brillante conversation sous le thème « BeMA : lueur d’espoir », animée par Glenn D. Lowry, avec les deux architectes Amale Andraos et Dan Wood de WORKac, et les codirectrices du BeMA, Juliana Khalaf et Taline Boladian, après une présentation par le président du BeMa, Joe Saddi, et la présidente de BeMA USA, Lili Chopra, a mis en lumière la trajectoire du musée à travers l’architecture et le design, sa vaste collection permanente, son programme culturel et éducatif, ses publications et ses outils, et son engagement à engager la diversité des communautés à travers le Liban pour offrir ensemble leur vision aux générations futures. « Amale (Andraos) et Dan (Wood) ont transformé l’art et je suis toujours fasciné par leur travail et par le fait qu’ils soient les architectes d’un musée de Beyrouth, l’une des villes qui m’intéresse le plus, un lieu où travaillent certains de nos artistes les plus intéressants aujourd’hui, Walid Raad par exemple, est une réalisation extraordinaire », souligne Glenn Lowry. « Nous devons prendre du recul. Les musées comptent parmi les espaces civiques les plus importants de notre société, dans un lieu comme le Liban, dans la ville de Beyrouth comme encore plus qu’ils ne le font dans des endroits comme New York ou Paris, les musées sont le ciment qui peut maintenir la cohésion de la société. C’est un lieu qui rassemble les gens des points de vue, de convictions et de parcours différents vers un espace commun », relève-t-il avec enthousiasme.

Joe Saddi : Bâtir l’histoire et l’audience du musée

Pourquoi ce musée ? Quel objectif ? Quelle audience ? « Je crois que ces trois questions peuvent être résumées en une seule : pourquoi ce musée maintenant ? répond à L’Orient-Le Jour Joe Saddi. Le Liban fait face depuis trois ans à la crise la plus sévère qu’un pays n’aie jamais subi en temps de paix. C’est documenté par la Banque mondiale. L’économie est un tiers de ce qu’elle était. C’est la même question que tout le monde pose chaque fois qu’on en parle. » Maintenant ? Pourquoi maintenant ? Il y a trois raisons. La première, il faut donner de l’espoir. La deuxième, c’est que le peuple libanais n’a jamais été aussi divisé, du point de vue confessionnel, politique et économique. Je pense que l’art en général peut aider à unifier, à rassembler autour de notre culture et autour de choses qui sont belles. Et la troisième raison, c’est de préserver notre identité. En résumé : espoir, unité, identité. « BeMA est plus qu’un musée, c’est un centre culturel multidisciplinaire », souligne Joe Saddi, avant d’enchaîner : « Une audience ne se construit pas seulement au Liban, c’est à l’étranger, dans le monde des institutions similaires, dans le monde de l’art, des collectionneurs et donateurs étrangers. Nous sommes en train de bâtir l’histoire et l’audience du musée », assure-t-il.

Glenn D. Lowry, charismatique directeur du MoMA de New York. Photo DR

Lili Chopra : Préserver l’héritage culturel libanais en soutenant la future génération

« L’équipe de BeMA œuvre à soutenir la culture au Liban à travers un programme de restauration et d’éducation. Il s’agit à la fois de préserver l’héritage culturel libanais tout en soutenant la future génération. Le musée, qui sera créé en collaboration avec de nombreuses institutions culturelles, permettra de partager avec le plus grand nombre l’importance de la culture libanaise. Cette présentation du projet au MoMA – en personne et virtuelle – permet de partager avec le reste du monde la nécessité de soutenir la culture au Liban qui fait face à une crise sans précédent », relève à son tour à L’Orient-Le Jour Lili Chopra, présidente de BeMA US, qui a été « témoin au cours des six dernières années du travail extraordinaire que l’équipe de BeMa a développé » ainsi que « la passion et le dévouement indéfectibles que Rita Nammour et Sandra Abounader ont mis dans ce projet » dans un contexte « difficile et complexe ».

Le musée BeMA est voulu comme un lieu pour abriter l'art et les hommes et non comme un temple. Photo DR

Juliana Khalaf : Sauvegarder la collection et enrichir l’éducation de l’art au Liban

« Nous sommes ici pour enrichir notre héritage culturel à travers une collection qui appartient à la nation libanaise, qui est celle du ministère de la Culture. Nous sommes là pour sauvegarder le patrimoine artistique du Liban, pour créer des programmes avec des artistes et des audiences de musée et pour enrichir l’éducation de l’art au Liban. Tout est axé vers les gens de tous les âges avec une attention spéciale aux enfants dans notre programme d’éducation qui est centré sur l’éducation surtout dans les écoles publiques », explique Juliana Khalaf, codirectrice de BeMa. « Nous présenterons des découvertes d’œuvres exceptionnelles d’artistes importants qui sont connus ou oubliés et qui méritent d’être mis en lumière. En guise d’aperçu, nous avons sélectionné 1 275 pièces de 2 500 et de 110 artistes sur 400. La période s’étend des années 1880 à 2001. Bien sûr, nous avons quelques lacunes à combler en termes de mediums. Dans l’ensemble, la collection représente véritablement le discours de l’art classique, moderne et contemporain du Liban. En 2016, BeMa a signé un contrat officiel avec le ministre de la Culture de l’époque, qui a la clairvoyance de reconnaître la nécessité d’externaliser l’entretien, la restauration et la sauvegarde de ce patrimoine culturel », souligne encore Juliana Khalaf.

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Juliana Khalaf et Taline Boladian, codirectrices du BeMA. Photo DR

Taline Boladian : Protéger notre identité et notre culture

« Ce projet est tellement important pour le Liban en ce moment de crise et particulièrement urgent car, si nous ne protégeons pas la collection et ne l’abritons pas, elle pourrait disparaître et se détériorer en raison de l’état de conservation de la collection qui a besoin d’être restaurée. C’est précisément cette culture et cette collection qui doivent être sauvegardées pour les générations à venir. Nous espérons qu’à travers le musée, en élevant la culture et l’art, nous protégerons non seulement notre identité et notre culture, mais nous donnerons également aux gens l’espoir qui permet de se connecter qui transcende toute la politique et la religion et les problèmes économiques et sociaux auxquels le Liban est actuellement confronté. Nous sentons vraiment que l’art peut être un communicateur, et que c’est quelque chose qui est accessible à tous. En dépit du fait que beaucoup de personnes pensent que ce n’est pas important, nous avons malgré tout la chance de travailler sur ce projet », relève à L’Orient-Le Jour Taline Boladian, codirectrice de BeMA.

Amale Andraos et Dan Wood, les architectes du musée d’art de Beyrouth. Photo DR

Amale Andraos et Dan Wood, WORKac : Le musée en bonne place aujourd’hui

Comment ce projet sera-t-il réalisé avec un budget revu à la baisse ? « Je pense le musée aujourd’hui est en très bonne place parce qu’on a vraiment travaillé la mission et tous les programmes qui étaient fondamentaux de conservation, restauration, éducation, présenter la collection nationale, soutenir la nouvelle génération d’artistes. Tout cela est inclus et reste vraiment au cœur du projet. En tant qu’architecte, je pense que souvent les moments de contraintes sont les moments, en fait, d’une naissance d’un projet. Nous avons donc effectué un travail extraordinaire avec les membres du comité. À Beyrouth, nous avons rencontré beaucoup de personnes afin de recueillir des réactions sur ce projet. Je pense que le musée est une place très forte. Les idées essentielles sont vraiment mises en valeur », confie Amale Androas. Puise-t-elle ses idées et inspiration de Rem Koolhaas, son mentor, avec lequel elle avait collaboré il y a 20 ans ?

« Les idées sortent de mon inspiration parfois à Beyrouth, parfois par son histoire, toute la recherche que j’ai faite sur le Moyen-Orient, toute cette histoire ressort de ce projet », précise-t-elle. Quels changements dans sa vie et sa vision depuis qu’elle n’est plus doyenne de l’école d’études supérieures en architecture, urbanisme et préservation de la Columbia University ? « Le monde académique offre une richesse avec le partage, avec la vision que les jeunes apportent. Je n’ai pas quitté le domaine académique ;

je reste sur la faculté avec qui il y a toujours eu un dialogue. J’enseigne depuis 2003, j’ai enseigné un peu partout et évidemment la conversation entre la pratique et l’enseignement est essentielle pour rester en contact avec la nouvelle génération, les questions qu’elle se pose afin de les soutenir dans cette recherche. Donc revenir à l’enseignement est très important pour moi parce que, en tant que doyenne, c’était difficile d’enseigner. Je continue à aider l’université par rapport à leur nouvelle école pour le climat, c’est quelque chose qui est très important pour moi. Je garde un pied dans la pratique et un autre pied dans l’académique, mais vraiment avec un peu plus de temps pour être sûre qu’un projet comme BeMa réussisse et soit exécuté. » BeMA donc sera exécuté à cent pour cent ? « Absolument. Il y a vraiment un soutien et une dynamique très forte. Je n’ai pas de doute », ponctue-t-elle. 2026 est donc la date de l’inauguration ? « Inchallah », est la réponse traditionnelle de nos pays.

Ce projet dont l’ouverture est prévue en 2026 contribuera au renouveau de la ville de Beyrouth. La cérémonie de la pose de la première pierre du lancement de l’édifice du Musée d’art de Beyrouth, BeMA, a eu lieu le 25 février 2022 sous le patronage du Premier ministre Nagib Mikati et du ministre de la Culture Abbas Mortada, en présence du Pr Salim Daccache s.j., recteur de l’USJ de Beyrouth.

Lueur ou phare d’espoir ? Essayer de construire un nouveau musée d’art à Beyrouth en ces temps de crises sans précédent est-il vraiment un « acte de folie », comme le suggère Glenn D. Lowry, puissant directeur du Musée d’art moderne (MoMA) à New York, ou un acte de foi dans l’avenir du pays ? « C’est un acte de folie. C’est incroyable. Je suis tellement fier...

commentaires (4)

Dernier de mes soucis ce que mR Abouchaar. Pense de mes propos!,,,,,

Robert Moumdjian

04 h 21, le 14 novembre 2022

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Commentaires (4)

  • Dernier de mes soucis ce que mR Abouchaar. Pense de mes propos!,,,,,

    Robert Moumdjian

    04 h 21, le 14 novembre 2022

  • Propos inadmissible de M.Moumdjian

    Abouchaar Fouad

    17 h 34, le 12 novembre 2022

  • Je suis enthousiasmé par ce projet qui remet Beyrouth dans l’orbite culturelle mondiale. Le Liban est au bord d’une grande renaissance grâce aux libanais et à sa diaspora qui est restée à jour et connectée. An Educated Nation never dies !

    Bustros Nagi

    16 h 55, le 12 novembre 2022

  • Pour qui fait on tout cela ? Pour les chiites???? Pour l iran !?? Game over ce n est plus notre pays C est le libanistan Les gens ne veulent pas comprendre que c est un pays foutu Acta est fabula

    Robert Moumdjian

    00 h 27, le 12 novembre 2022

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