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Campus - EXPLOSIONS DU 4 AOÛT

Avec son livre « Artists for August », une étudiante s’engage auprès de la communauté artistique

Lorsque Petra Fallaha, jeune Libanaise habitant alors au Qatar, commence à travailler sur son livre d’art, Beyrouth était encore sous le choc des explosions au port. Son livre est aujourd’hui publié et ses bénéfices seront reversés à 37 artistes libanais.

Avec son livre « Artists for August », une étudiante s’engage auprès de la communauté artistique

La jeune auteure Petra Fallaha est aujourd’hui étudiante en 2e année de sciences et arts libéraux à l’Université de Maastricht, aux Pays-Bas. Photo Rania Matar

En cette fin d’été 2020, alors qu’elle achève sa dernière année de lycée, Petra Fallaha affronte à sa manière la catastrophe qui a secoué Beyrouth le 4 août avec la double explosion au port. Pourtant en pleine période d’examens finaux, la jeune fille a une idée fixe : celle de contribuer au mouvement de solidarité post-explosions et d’apporter son aide à ses compatriotes, plus particulièrement à la communauté d’artistes touchés d’une façon ou d’une autre par la double déflagration. « Au départ, il s’agissait de trouver un moyen d’aider les gens depuis l’endroit où je vivais à l’époque. Je me sentais déconnectée et je voulais établir des ponts, c’était important pour moi de jouer un rôle. Une façon de compenser mon absence (du Liban) », se rappelle Petra Fallaha, 19 ans aujourd’hui. La lycéenne ressent alors le besoin de communiquer avec les artistes, de leur donner la parole, mais également d’écrire. L’idée d’un livre d’art s’impose de façon spontanée. « Je me suis dit pourquoi ne pas en faire une initiative pour soutenir les artistes, pour que les bénéfices leur soient aussi reversés. C’était mon objectif principal. » Petra Fallaha, alors âgée de dix-sept ans, s’adonne à son projet, quotidiennement, pendant un mois : elle recherche des artistes sur les réseaux sociaux, les contacte et les interviewe, tout en rédigeant ses textes en parallèle. Pour la mise en page de son livre, elle apprend à utiliser le logiciel Adobe InDesign. Et approche ensuite près de 100 institutions susceptibles de financer la publication du livre et obtient une réponse positive de son école. Enfin, elle imprime son livre, Artists for August, à Beyrouth, et s’entend avec Barzakh, librairie et café à Hamra, sur sa distribution.

Canaliser sa colère et avancer

Tout au long de ce processus allant de la conception jusqu’à la publication, Petra Fallaha touche à des domaines qu’elle expérimente pour la première fois, apprenant sur le tas. Un saut dans l’inconnu, sans expérience ni compétences préalables. « J’étais parfois inquiète, il y avait des jours où je devais vraiment me motiver pour continuer. Mais le fait que je me sois sentie complètement dédiée et hantée par ce projet m’a en quelque sorte permis de le mener jusqu’au bout », confie-t-elle. « Quand il a été fini, j’ai eu l’impression de pouvoir enfin respirer, j’avais canalisé ma colère et mon énergie dedans, c’était plutôt une façon thérapeutique de traiter l’événement », poursuit cette Libanaise qui effectue actuellement sa 2e année en sciences et arts libéraux à l’Université de Maastricht, aux Pays-Bas.

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Au fil des 128 pages et 7 chapitres de son livre Artists for August, Petra Fallaha présente plusieurs profils d’artistes, de différents domaines, qu’ils soient émergents ou bien établis. Certains ont été touchés directement par la double explosion, d’autres pas. Ces derniers « ont décidé de poursuivre vraiment ce qu’ils voulaient parce que l’explosion leur a donné un sentiment d’urgence », remarque-t-elle. Malgré la diversité de leur propos et de leur expression artistique, la jeune auteure relève des sentiments communs à tous. « De la colère, de l’incertitude par rapport à ce qui allait suivre, à la façon de s’adapter, de passer à autre chose et de rester créatif », ou encore « une déconnexion ou une apathie vis-à-vis de la situation, de la tristesse et un fort sentiment de communauté ». À travers les textes qu’elle a écrits, l’étudiante a souhaité mettre en lumière les artistes et ce qu’ils tentaient de dire dans leurs œuvres. « Je voulais montrer principalement comment le 4 août a impacté la communauté artistique, même si je parle aussi tout au long du livre de la corruption, de la politique, de l’histoire, de l’ère numérique, de la santé mentale de la communauté artistique et d’autres sujets », explique-t-elle. Enfin, Petra Fallaha ajoute que, si elle a terminé son livre sur une note ouverte, c’est pour diffuser un message d’espoir, mais aussi amener les gens « à réfléchir à ces événements, d’une perspective plus large ».


En cette fin d’été 2020, alors qu’elle achève sa dernière année de lycée, Petra Fallaha affronte à sa manière la catastrophe qui a secoué Beyrouth le 4 août avec la double explosion au port. Pourtant en pleine période d’examens finaux, la jeune fille a une idée fixe : celle de contribuer au mouvement de solidarité post-explosions et d’apporter son aide à ses...

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