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Politique - Frontière maritime Liban/Israël

Un accord « historique » sur le chemin de Naqoura

« Nous attendons le moment où les délégations des deux pays entreront à Naqoura pour signer afin de pouvoir dire qu’un deal a été conclu », tempère Nasrallah.

Un accord « historique » sur le chemin de Naqoura

De gauche à droite : le vice-président du Parlement Élias Bou Saab, le Premier ministre sortant Nagib Mikati, le président Michel Aoun et le ministre sortant des Affaires étrangères Abdallah Bou Habib, hier à Baabda, après la réception de la proposition américaine finale sur la délimitation de la frontière maritime entre le Liban et Israël. Photo Dalati et Nohra

Le Liban et Israël semblent sérieusement engagés sur la voie d’un accord « historique » pour délimiter leur frontière maritime et lever les obstacles à l’exploitation de gisements gaziers, après d’intenses négociations sous l’égide des États-Unis. Quelques heures après la remise par le médiateur américain Amos Hochstein de sa proposition finale, l’optimisme prenait le dessus hier, après des semaines de hauts et de bas. En Israël, le Premier ministre a annoncé un accord « historique », sans en dévoiler la teneur. L’accord « va renforcer la sécurité d’Israël, injecter des milliards (d’euros) dans l’économie israélienne et assurer la stabilité de notre frontière nord (avec le Liban) », a affirmé Yaïr Lapid.

L'éditorial de Issa Goraïeb

La peau de la baleine

Au Liban, et sur un ton plus mesuré, la présidence de la République s’est félicitée d’une « offre satisfaisante » qui « répond aux exigences libanaises ». « La présidence estime que la formule finale a préservé les droits du Liban sur ses richesses naturelles, à un moment important pour les Libanais, et espère que l’accord sur la démarcation sera annoncé dès que possible », peut-on lire dans le communiqué publié par Baabda à l’issue d’une réunion entre le président Michel Aoun et le vice-président du Parlement, Élias Bou Saab. Principal négociateur mandaté par le chef de l’État, M. Bou Saab a fait hier la tournée des trois présidences pour leur remettre le projet final officiel. « J’espère que le président Aoun achèvera son mandat avec la délimitation de la frontière maritime », a-t-il dit. Le président Aoun « étudiera la proposition et se concertera avec le Premier ministre et le président du Parlement », a-t-il précisé. « Cette proposition accorde au Liban tous ses droits », s’est-il félicité.

Aoun s’exprimera aujourd’hui

Beyrouth a accepté l’accord dans sa version anglaise mais dit attendre d’examiner le texte en arabe pour donner sa position officielle. Le président Aoun devrait s’exprimer aujourd’hui, a indiqué le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, depuis le palais de Baabda. M. Mikati a remercié « l’équipe libanaise qui a aidé dans l’étude de l’accord ainsi que l’administration américaine et le président français Emmanuel Macron en particulier, pour ce qu’ils ont fait avec Total ». « Il a été convenu de commencer les étapes d’exploitation immédiatement après l’accord final », a-t-il ajouté.

Le texte doit parallèlement être présenté aujourd’hui au cabinet de sécurité israélien, puis à l’ensemble du gouvernement et au Parlement qui devrait se prononcer à son sujet. Entre-temps, le président américain Joe Biden a félicité le Liban et Israël, saluant une « avancée historique ». « Il est désormais essentiel que toutes les parties tiennent leurs engagements et travaillent à la mise en place de l’accord », a exhorté M. Biden, qui a dit avoir parlé à son homologue libanais et à M. Lapid. L’accord « va permettre le développement de gisements énergétiques au bénéfice des deux pays », a ajouté le président américain, pour qui cet accord « protège les intérêts sécuritaires et économiques d’Israël » et permet « au Liban de commencer à exploiter ses propres ressources énergétiques ». Parlant à des journalistes, un haut responsable américain a insisté, sous le couvert de l’anonymat, sur le fait que « les négociations n’avaient pas été faciles à mener » et qu’il prévoit « d’autres moments difficiles au fur et à mesure de la mise en œuvre de l’accord ». Mais il a dit s’attendre à ce que « l’accord soit paraphé » par les deux parties.

« Les choses sont réglées »

Ces annonces surviennent à 20 jours de la fin du mandat du président Aoun, une échéance coïncidant avec les législatives israéliennes du 1er novembre, qui pourraient consacrer le retour au pouvoir de Benjamin Netanyahu, actuellement chef de l’opposition. « Il s’agit non pas d’un accord historique mais d’une capitulation historique », a fustigé ce dernier hier, accusant M. Lapid d’avoir cédé aux pressions du Hezbollah et de son chef Hassan Nasrallah. « Celui qui capitule devant Nasrallah ne peut pas être Premier ministre », a martelé M. Netanyahu, répétant sa menace de ne pas honorer l’accord s’il retourne au pouvoir.

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Dans un discours tenu dans la soirée, Hassan Nasrallah a pour sa part affirmé que le Hezbollah soutiendrait l’accord si celui-ci est officiellement approuvé par les autorités libanaises. « Si le président annonce que la position officielle du Liban soutient l’accord, alors, pour nous... les choses sont réglées », a-t-il déclaré, estimant que les richesses gazières constituaient la « seule porte » vers la prospérité pour ce pays frappé par la crise. Et de poursuivre, sur un ton qui se veut prudent : « Nous attendons le moment où les délégations des deux pays entreront à Naqoura (siège de la Finul) pour signer afin de pouvoir dire qu’un accord a été conclu. »

« Compensations »

Selon des informations de presse et des responsables, le texte prévoit que le gisement offshore de Karish soit sous contrôle d’Israël et que les réserves de Cana, situées plus au nord-est, soient octroyées au Liban. Mais comme une partie de ce gisement dépasse la future ligne de démarcation, l’État hébreu toucherait une part des futurs revenus de l’exploitation gazière de Cana. Élias Bou Saab a dans ce cadre assuré hier qu’il y avait eu « un accord entre Total (le géant français pressenti pour explorer le champ de Cana) et les Israéliens » en vertu duquel ces derniers pourraient « recevoir des compensations » du géant énergétique et non du Liban.

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En juillet, le Premier ministre israélien avait évoqué ce dossier avec le président français, espérant voir Paris user de son influence pour faciliter un accord avec Beyrouth. Dans un contexte où l’Union européenne cherche à diversifier ses approvisionnements en gaz en raison de l’invasion russe de l’Ukraine, Israël mise sur Karish, prêt à entrer en production, pour doper ses livraisons vers le Vieux Continent. Dimanche, la société Energean, cotée à Londres et mandatée pour exploiter le gisement, a annoncé le début de tests pour le raccorder au territoire israélien, étape-clé en vue de la production. Mais contrairement à Karish, le gisement de Cana est encore loin de pouvoir être activé et doit faire l’objet de plus de prospection. Dans ce cadre, le directeur Moyen-Orient et Afrique du Nord de la branche exploration-production de TotalEnergies, Laurent Vivier, est arrivé hier au Liban. Après une réunion au Grand Sérail, Nagib Mikati a demandé au groupe français d’entamer « immédiatement » le forage d’exploration dans les eaux libanaises. « Les questions d’ordre logistique requièrent du temps, mais les travaux commenceront immédiatement », a déclaré pour sa part le ministre sortant de l’Énergie Walid Fayad, qui assistait à la réunion.

Le Liban et Israël semblent sérieusement engagés sur la voie d’un accord « historique » pour délimiter leur frontière maritime et lever les obstacles à l’exploitation de gisements gaziers, après d’intenses négociations sous l’égide des États-Unis. Quelques heures après la remise par le médiateur américain Amos Hochstein de sa proposition finale, l’optimisme...

commentaires (9)

Je me demande qui est le gagnant dans cette affaire?

Eleni Caridopoulou

19 h 54, le 12 octobre 2022

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Commentaires (9)

  • Je me demande qui est le gagnant dans cette affaire?

    Eleni Caridopoulou

    19 h 54, le 12 octobre 2022

  • Ainsi la grande endive peut à nouveau saluer le pygmée de service

    Lecteur excédé par la censure

    16 h 19, le 12 octobre 2022

  • MIKATI, A FORCE DE TE COURBER POUR PARLER AUX PYGMEES TU RISQUES D,EN DEVENIR UN TOI-MEME MALGRE TA TAILLE...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 04, le 12 octobre 2022

  • Quelle photo touchante. Le multi milliardaire, le multi centaines de millions, le multi millionaire, le multi soumis, le multi gaffeur. C’est le jeu que doit proposer l’OLJ à ses lecteurs: qui est qui ?

    Lecteur excédé par la censure

    12 h 26, le 12 octobre 2022

  • HISTORIQUE LE PAYEMENT D,UNE PART DES BENEFICES A ISRAEL VIA TOTALENERGIE ET SA RECONNAISSANCE DE FACTO ET LE SILENCE DU FANFARON BARBU.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 50, le 12 octobre 2022

  • Et combien nos voleurs ont touche pour conclure cet accord?

    CW

    08 h 25, le 12 octobre 2022

  • Comme au Casino la partie s’est jouée de manière surnaturelle avec l’avancée des pions de manière menaçante de la part de nos voisins. Au départ le jeton neuf était pour deux plus pour nous que pour eux et à l’arrivée on le perd parce que le jeton huit était menacé alors oubliez neuf comme ça huit c est bon !C’est ça Le grande victoire du Liban ! bravo!Au fait en quoi cela empêchait les autres puits de commencer à être exploité ?

    PROFIL BAS

    07 h 01, le 12 octobre 2022

  • Préparez vous chers politiciens a guarnir vos comptes off shore de million de dollars additionels. La fiesta continue

    Robert Moumdjian

    04 h 17, le 12 octobre 2022

  • Pourquoi s'arrêter en si bon chemin ? Nous appelons l'Etat à continuer sur la lancée de ces négociations afin de conclure avec Israël un accord de paix. Nous voulons la paix avec nos voisins.

    K1000

    02 h 23, le 12 octobre 2022

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