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Société - Santé publique

Risque « très élevé » de propagation du choléra au Liban, avertit l’OMS

La réponse étatique repose sur trois piliers : la sensibilisation de la population aux mesures sanitaires, la fourniture permanente d’une eau non polluée à tous les ménages et l’évacuation et le traitement des eaux usées en toute sécurité.

Risque « très élevé » de propagation du choléra au Liban, avertit l’OMS

Une carte fournie par l’OMS, présentant les régions les plus à risque en rouge.

Le choléra fait son grand retour dans un Liban en plein effondrement, associé à un contexte de conflit persistant dans la Syrie voisine. Déjà 18 cas confirmés dans le pays, lundi 10 octobre, quelques jours à peine après la détection du premier cas, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le ministère libanais de la Santé. Les 14 premiers cas ont été détectés dans la journée de lundi dans un camp de réfugiés syriens entre le Nord et le Akkar, à proximité de la frontière libano-syrienne. Les quatre autres, également des réfugiés syriens, ont été détectés en fin de journée à Ersal (Baalbeck-Hermel). La maladie se manifeste par une diarrhée aiguë provoquée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par le bacille Vibrio cholerae présent dans les matières fécales. Mais elle peut aussi être asymptomatique. « Il existe un lien étroit entre la transmission du choléra et un accès inadapté à l’eau potable et à des installations d’assainissement, relève l’OMS. Typiquement, les endroits à risque comprennent les bidonvilles périurbains, ainsi que les camps pour personnes déplacées à l’intérieur du pays ou les réfugiés. »

Le ministre de la Santé Firas Abiad au cours de sa tournée dans le Akkar dimanche, en vue d’inspecter les zones déjà touchées par la maladie. Photo Michel Hallak

L’épidémie menace

Selon le ministère de la Santé, cinq personnes sévèrement atteintes sont hospitalisées, tandis que 8 malades souffrent de symptômes légers et 5 autres sont asymptomatiques. Quant au décès d’un nourrisson des suites d’une diarrhée aiguë, il est toujours sous investigation.

Si l’OMS refuse pour l’instant de parler d’épidémie au Liban, c’est parce que la maladie ne s’est pas encore propagée sur l’ensemble du territoire. Mais la menace reste entière. En moins de deux mois, l’épidémie de choléra a fait 36 morts en Syrie où plus de 10 000 personnes auraient été contaminées, selon les estimations de l’organisation onusienne. Avec les déplacements incessants de populations entre le Liban et la Syrie, et les conditions sanitaires catastrophiques dans les camps de réfugiés et les régions défavorisées, l’augmentation du nombre de contaminations ne fait aucun doute. Car l’argent manque, en pleine crise économique, pour améliorer les infrastructures sanitaires. Les aides internationales, elles, se font rares. Le terrain est donc fertile pour la propagation de la maladie des mains sales, comme d’ailleurs l’hépatite A, qui suit le même mode de transmission. Non seulement l’eau potable est largement polluée, mais elle se mêle souvent aux eaux usées, aussi bien dans les campements de réfugiés syriens que dans les régions pauvres.

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L’OMS tire aujourd’hui la sonnette d’alarme. « Le Liban présente un haut risque de propagation du choléra », prévient l’organisation. Trente ans après la dernière épidémie (1993), la crainte est élevée quant à une progression rapide de la maladie sur l’ensemble du territoire, particulièrement dans les zones frontalières avec la Syrie, dans les zones qui n’ont pas accès à l’eau potable, ou qui ne sont pas rattachées à des réseaux d’eaux usées... Une progression dont les conséquences pourraient occasionner « davantage de souffrances à un système de santé déjà éprouvé par la crise et la pandémie de Covid-19 », met en garde le docteur Alissar Rady, chef de l’équipe technique au sein de l’OMS Liban. Sans oublier « le risque élevé de résistance de la bactérie aux antibiotiques, étant donné qu’au Liban il n’y a pas de restriction sur l’usage des antibiotiques ».

Ni eau potable ni assainissement

Les raisons de ces risques élevés sont multiples. « L’infrastructure des pays de la région (dont le Liban) qui traversent des crises socioéconomiques et sécuritaires se dégrade rapidement. Parallèlement, la capacité des gouvernements à maintenir un bon contrôle de la sécurité de l’eau et de l’assainissement est faible, particulièrement avec la crise de l’énergie », observe le Dr Rady. Il faut aussi prendre en considération « les déplacements continus des populations à haut risque entre les pays de la région et ceux considérés comme endémiques », notamment entre le Liban et la Syrie. « À cela s’ajoute la rareté et la cherté de l’eau, qui déclenchent la dépendance à des sources ou des fournisseurs peu fiables. Sans oublier le manque de financement nécessaire à l’aide humanitaire, en particulier dans les milieux vulnérables », précise l’OMS. « À titre d’exemple, en 2016 déjà, 51 % des ménages du Liban utilisaient une eau contaminée », constate l’organisation.

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« Dans le nord du pays, des responsables nous ont affirmé que 100 % des sources d’eau étaient polluées », rapporte de son côté le Dr Atika Berry, chef du département de médecine préventive au ministère de la Santé. Les répercussions sont évidentes, notamment sur les produits agricoles. Le constat est sans appel, pour le Dr Abdel Rahman Bizri, spécialiste en maladies infectieuses et en microbiologie clinique. « Les infrastructures de base de la santé publique ne sont pas fonctionnelles au Liban, qu’il s’agisse de la qualité de l’eau potable, des eaux usées ou de l’alimentation souvent contaminée », regrette-t-il. Résultat, « le nombre de cas recensés pourrait ne représenter que la partie visible de l’iceberg », craint-il. Il refuse toutefois d’être alarmiste. « Seulement 20 % des atteintes du choléra présentent des diarrhées. Le reste ne présente que des symptômes faibles ou sont asymptomatiques », assure le spécialiste, également député de Saïda. En l’absence de traitement, les diarrhées causées par le choléra peuvent s’accompagner d’une déshydratation sévère, voire entraîner la mort en quelques heures, selon l’OMS.

Quelle stratégie étatique ?

« Le ministère de la Santé a mis à jour en coopération avec l’OMS la stratégie qu’il avait préparée en 2016 à l’occasion d’un pèlerinage en Irak de 300 000 ressortissants libanais », explique le Dr Atika Berry. « Cette stratégie repose sur trois piliers sans lesquels aucune prévention n’est possible : la sensibilisation de la population aux mesures sanitaires, la fourniture permanente d’une eau non polluée à tous les ménages et enfin l’évacuation et le traitement des eaux usées en toute sécurité », précise le Dr Berry. C’est dans ce cadre que le ministre de l’Éducation, Abbas Halabi, a invité hier les institutions éducatives à prendre les mesures sanitaires nécessaires pour prévenir la propagation du choléra, incluant la sensibilisation des élèves. À cela s’ajoute « la nécessaire coopération entre les autorités libanaises et les organisations internationales », concernant notamment les communautés réfugiées (syrienne et palestinienne). Une coopération qui coince parfois, dès lors qu’il s’agit d’améliorer les conditions sanitaires des communautés réfugiées. « Le Liban a besoin de support pour pouvoir lutter contre l’épidémie, reconnaît le Dr Rady. Car la capacité du gouvernement est très limitée. »

Le choléra fait son grand retour dans un Liban en plein effondrement, associé à un contexte de conflit persistant dans la Syrie voisine. Déjà 18 cas confirmés dans le pays, lundi 10 octobre, quelques jours à peine après la détection du premier cas, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le ministère libanais de la Santé. Les 14 premiers cas ont été détectés dans la...

commentaires (8)

Qu’attendent les autorités pour stopper cette épidémie en distribuant au plus vite un vaccin à la population? En optant pour le cholera contre la peste, les libanais se retrouvent à subir les conséquences de leur choix au propre comme au figuré. Ce régime est une épidémie mortelle et il serait temps de s’en débarrasser avant que toute la population ne soit décimé par ces moins que rien qui ne se soucient guère de leur sort depuis des décennies.

Sissi zayyat

11 h 16, le 16 octobre 2022

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Commentaires (8)

  • Qu’attendent les autorités pour stopper cette épidémie en distribuant au plus vite un vaccin à la population? En optant pour le cholera contre la peste, les libanais se retrouvent à subir les conséquences de leur choix au propre comme au figuré. Ce régime est une épidémie mortelle et il serait temps de s’en débarrasser avant que toute la population ne soit décimé par ces moins que rien qui ne se soucient guère de leur sort depuis des décennies.

    Sissi zayyat

    11 h 16, le 16 octobre 2022

  • Ne vous inquiétez pas. Tant que Michel Aoun et Gebran Bassil sont là, le choléra ne passera pas. Ils sauront protéger tous les libanais comme ils l’ont admirablement fait depuis 1989 et surtout depuis 2016. La preuve, le Liban est le pays le plus pauvre du monde, c’est le seul pays à ne pas avoir d’électricité publique, ni d’eau d’ailleurs mais Batroun va très bien et la vie nocturne y est florissante. Alors libanaises et libanais taisez vous et faites la queue aux ATM pour retirer juste de quoi acheter du pain et de l’eau potable en bouteilles.

    Lecteur excédé par la censure

    19 h 35, le 11 octobre 2022

  • On est en Afrique ?

    Eleni Caridopoulou

    17 h 50, le 11 octobre 2022

  • Les anciens ont été vaccinés dans les années 60/70. Est-ce que ces vaccins sont toujours protecteurs?

    Céleste

    16 h 11, le 11 octobre 2022

  • Les Libanais ne seront que honorés par le respect face la souffrance de l'humanité, quelque soit son représentant. Quant aux mesures qui s'imposent de plus en plus à tous les niveaux, y compris la gestion des populations locales et étrangères, il s'agit là d'une autre question qu'il ne faut pas négliger pour autant. Plus les temps sont durs, moins il y'a de place à la politique et la démagogie.

    W. ABDUL RAHMAN

    13 h 47, le 11 octobre 2022

  • L'Égypte n'avait que sept plaies, le Liban en a mille et une.

    Politiquement incorrect(e)

    12 h 41, le 11 octobre 2022

  • QU,EST-CE QUI RESTE QUI N,A PAS FRAPPE CE PEUPLE LIBANAIS QUI POURTANT GROGNE MAIS SE TAIT ET SE COMPORTE DANS SA MAJORITE ENCORE ET TOUJOURS SI IMBECILEMENT ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 25, le 11 octobre 2022

  • Moi je me dépêche d’acheter du chlore sanitaire. Les prix vont n-tupler.

    Gros Gnon

    04 h 10, le 11 octobre 2022

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