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Économie - Start-up

Areeka Web, ou la psychothérapie en ligne entre Libanais

La plateforme a été lancée il y a 15 jours et ambitionne à terme de s’imposer comme une référence régionale.

Areeka Web, ou la psychothérapie en ligne entre Libanais

Teddy Kalife, fondateur de la plateforme Areeka Web. Photo DR

Briser encore plus les tabous liés à la psychothérapie au Liban et développer des canaux de consultation entre les psychologues libanais et les expatriés. Teddy Kalife, la quarantaine et ancien consultant en Australie spécialisé dans plusieurs domaines liés au développement des entreprises en Afrique et dans les pays arabes, compte atteindre ces deux objectifs à travers sa plateforme numérique Areeka Web, lancée il y a une quinzaine de jours.

Empruntant le mot arabe désignant le « divan » généralement associé aux psychothérapeutes dans l’imaginaire collectif, la plateforme permet à ses utilisateurs de communiquer via vidéo et messages vocaux et écrits, « dans le respect de la sensibilité des informations partagées et de la protection de l’identité ». Une dernière caractéristique « aussi critique qu’essentielle dans notre modèle, compte tenu du nombre de personnes qui préfèrent ne pas en parler publiquement », explique-t-il avant d’ajouter : « Pouvoir rester anonyme sans se déplacer pour bénéficier d’un service qui touche à un domaine encore très sensible au Liban et dans le monde arabe est un atout qui rend un modèle comme le nôtre attractif aujourd’hui. »

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Mais la véritable innovation se situe davantage dans le fait que la plateforme mise ouvertement sur la proximité culturelle en tant qu’argument de vente pour convaincre des patients expatriés de consulter des psychologues qui sont de la même nationalité qu’eux – qu’ils résident au Liban ou qu’ils soient eux-mêmes émigrés.

L’objectif affiché à moyen terme est de couvrir les Libanais de l’étranger avant d’aller à la conquête des autres pays de la région et de leurs « millions d’utilisateurs potentiels », selon les estimations du fondateur d’Areeka Web.

Expérience personnelle

Cette idée de « plateforme reliant des psychologues libanais aux émigrés », Teddy Kalife l’a eue après avoir déménagé en Afrique dans les années 2000, un déplacement qui lui a donné la sensation d’être déraciné et d’avoir perdu tout lien avec son pays d’origine. Ce n’est qu’une quinzaine d’années plus tard, en revenant au Liban en 2018, après être passé par plusieurs pays d’Afrique ainsi qu’en Australie, qu’il décide de donner vie à son concept.

Un processus qu’il entame dès 2019. « J’ai commencé à en discuter dans mon entourage, mais les personnes autour de moi n’étaient pas aussi enthousiastes », se rappelle-t-il, en ajoutant qu’elles ressentaient « une certaine réticence » face à une approche qui consistait à transformer le contact personnel physique avec des psychologues en un entretien derrière un écran. À cette époque, ce modèle avait pourtant déjà fait ses preuves aux États-Unis avec des plateformes comme Talkspace (fondée en 2012) et BetterHelp (fondée en 2013) et en était à ses balbutiements dans le monde arabe, surtout avec le lancement des plateformes égyptiennes Shezlong et O7 Therapy.

Le succès de ces différents projets permet à Teddy Kalife de prendre confiance sur la capacité de sa propre plateforme à faire face aux difficultés pouvant se présenter, notamment auprès d’une population peu familière avec la transition numérique qui prend forme depuis une bonne dizaine d’années et pour qui le recours à la psychothérapie n’est pas forcément entré dans les mœurs.

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Le déclenchement de la pandémie de coronavirus quelques mois plus tard et les multiples restrictions mondiales qui ont été imposées dans la foulée contribuent de manière incidente à accélérer le développement du projet. Teddy se met alors à poser les bases de sa plateforme, en mettant l’accent sur la protection des données et de la vie privée de ses futurs utilisateurs. Il investit les premiers capitaux nécessaires et parvient même à convaincre un investisseur privé libanais de mettre la main à la poche.

Fraîchement mise sur les rails, Areeka Web compte aujourd’hui 8 employés, dont 2 développeurs à plein temps chargés de sa mise en place et de son bon fonctionnement, ainsi que de 3 psychologues qui s’occupent de sélectionner les thérapeutes qui intégreront la plateforme. L’équipe en compte une vingtaine, tous avec un minimum de cinq ans d’expérience. La quasi-totalité de ces thérapeutes sont basés au Liban, ce qui leur permet d’assurer des revenus en « dollars frais » et leur donne la possibilité, s’ils le souhaitent, de rester au pays sans avoir à partir pour s’assurer un revenu décent, souligne Teddy Kalife.

Ambitieux, le consultant espère être en mesure de faire travailler 500, voire 1 000 personnes d’ici à 2 ans. Une croissance qu’il compte atteindre en s’ouvrant sur les marchés des pays du Golfe, dont l’Arabie saoudite et le Qatar, et pour laquelle il adoptera le même modèle : attirer des psychologues de ces nationalités pour garantir la proximité culturelle qu’il considère être la clef du succès.

La communauté LGBTQ+

Mais pour l’heure, il faut que le concept passe l’épreuve du marché libanais. À peine deux semaines depuis son lancement, la plateforme compte une douzaine de patients qui ont déjà été séduits. Pour se démarquer des autres plateformes qui offrent des services similaires, Areeka Web a décidé d’opter pour un modèle dans lequel les utilisateurs notent au début les motifs pour lesquels ils voudraient consulter un psychologue, avec un choix large couvrant notamment les questions liées à la dépression, au stress et à l’anxiété, à la sexualité, à la communauté LGBTQ+, aux troubles de l’alimentation, à la gestion de la colère, à la maltraitance durant l’enfance, aux troubles de l’humeur, aux traumatismes, à la toxicomanie et aux conflits familiaux.

En fonction de leurs choix, ils seront ensuite guidés vers les psychologues les mieux qualifiés pour traiter de ces sujets. Mais contrairement aux autres plateformes déjà existantes, les tarifs sont fixes et ne dépendent pas des psychologues choisis. « En optant pour un tel modèle nous avons voulu éliminer la possibilité qu’un patient puisse se sentir mal ou mieux servi en fonction des tarifs qu’il paie », explique Teddy Kalife. Pour l’instant, les expatriés qui se sont inscrits sont installés en France, au Canada et dans plusieurs pays d’Afrique. Ils y souscrivent via deux offres : une première de 196 dollars par 4 semaines et pour laquelle ils ont le droit à une rencontre en visioconférence chaque 4 semaines et à un service de messagerie vocale et écrite ; une seconde de 276 dollars par 4 semaines et pour laquelle les patients ont le droit à une rencontre en visioconférence chaque semaine, tout en ayant aussi accès à ce même service de messagerie.

À titre de comparaison, Teddy Kalife estime qu’une séance dans un cabinet physique coûte aujourd’hui au Liban en moyenne entre 400 000 et 1 million de livres libanaises (soit entre 11 et 26 dollars), alors que certains professionnels facturent leur séance beaucoup plus cher (jusqu’à 100 dollars). À ce niveau, le fondateur de la plateforme tient à préciser que celle-ci « n’a pas été lancée pour faire de la concurrence à ces psychologues », mais plutôt pour leur permettre d’attirer des clients de l’étranger grâce aux liens culturels qui les lient, « alors que ces patients doivent débourser en moyenne entre 50 et 200 dollars la séance dans leur pays de résidence ».


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