À Dar el-Fatwa, Bassil affirme être en terrain d'entente avec le mufti Deriane

Le chef du Courant patriotique libre (CPL, aouniste) Gebran Bassil a rencontré mardi à Dar el-Fatwa le mufti de la République Abdellatif Deriane, plus haute autorité religieuse sunnite au Liban, avec qui il a affirmé, dans un tweet, avoir eu une conversation "franche et très amicale".

Cette rencontre intervient dans un contexte de tensions politiques autour de la formation d'un nouveau gouvernement, attendue depuis mai dernier, qui a pris un tour communautaire notamment sur la question des prérogatives du président Michel Aoun et du Premier ministre désigné Nagib Mikati.

La rencontre de mardi entre le cheikh Deriane et la délégation du CPL intervient après que le mufti a réuni des représentants sunnites de tout l'éventail politique à Dar el-Fatwa samedi dernier, où il a mis en garde contre "toute atteinte aux prérogatives du Premier ministre", traditionnellement sunnite. Une déclaration perçue par certains observateurs comme une critique à peine voilée de M. Aoun.

Les relations entre M. Aoun, fondateur du CPL, et M. Mikati se sont tendues ces derniers mois en raison de divergences d'opinion sur la formation d'un nouveau cabinet. M. Aoun, dont le mandat expire le 31 octobre, refuse de céder ses pouvoirs à un gouvernement démissionnaire, alors que le chef du gouvernement a refusé d'ajouter six ministres d'État politiques à son équipe, comme l'exigeait le président. Les négociations sont au point mort.

À l'issue de la réunion de mardi à Dar al-Fatwa, M. Bassil a déclaré que le CPL et le mufti Deriane étaient sur un terrain d'entente "concernant la Constitution et l'accord de Taëf, auquel (nous) adhérons en termes de décentralisation, de création d'un Sénat et d'abolition du confessionalisme". L'accord de Taëf a été conclu en 1989 dans le cadre de l'effort visant à mettre fin à la guerre civile libanaise.

M. Bassil a ajouté que "l'intérêt du pays est de vivre en paix dans son environnement arabe, et le Liban n'a aucun intérêt à une ingérence extérieure afin de préserver sa souveraineté et son indépendance."

Sur la question de l'élection présidentielle, pour laquelle une première séance du Parlement est prévue jeudi, le chef du CPL a déclaré que "le vide [présidentiel] serait mortel pour le Liban", et souligné "l'importance de la formation d'un gouvernement".