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Moyen-Orient - RÉPRESSION

Iran : « aucune indulgence » vis-à-vis des manifestants, avertissent les autorités

Selon le bilan officiel, 41 personnes ont été tuées en neuf jours de protestations. Mais le bilan pourrait s’avérer plus lourd, l’ONG Iran Human Rights faisant état d’au moins 54 manifestants tués.

Iran : « aucune indulgence » vis-à-vis des manifestants, avertissent les autorités

Des manifestants rassemblés devant le Parlement suédois à Stockholm, le 24 septembre 2022, en soutien aux Iraniens mobilisés dans la rue depuis le 16 septembre, suite à la mort de Mahsa Amini, arrêtée à Téhéran pour « port inapproprié de vêtements » dans la République islamique. Jonathan Nackstrand/AFP

Le chef du pouvoir judiciaire iranien a menacé hier de ne faire preuve d’« aucune indulgence » vis-à-vis des manifestants après neuf jours de protestations dans tout le pays contre la mort d’une jeune femme détenue par la police des mœurs, qui ont coûté la vie à 41 personnes. Le président Ebrahim Raïssi avait auparavant appelé les forces de l’ordre à agir « fermement contre ceux qui portent atteinte à la sécurité et la paix du pays et du peuple ». Le chef du pouvoir judiciaire, Gholamhossein Mohseni Ejei, a quant à lui insisté sur « la nécessité d’agir sans aucune indulgence » envers les instigateurs des « émeutes », a rapporté le site web Mizan Online.

Les manifestations ont commencé le 16 septembre, le jour du décès de Mahsa Amini, arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour « port inapproprié de vêtements » dans la République islamique, où le code vestimentaire pour les femmes est strict. Ces manifestations sont les plus importantes en Iran depuis celles de novembre 2019, provoquées par la hausse des prix de l’essence, en pleine crise économique, qui avaient touché une centaine de villes en Iran. Sévèrement réprimées, ces dernières avaient coûté la vie à 230 personnes selon un bilan officiel – plus de 300 selon Amnesty International.

Les manifestations de ces derniers jours sont marquées par des affrontements avec les forces de sécurité et par des slogans hostiles au pouvoir, selon médias et militants. Des vidéos en ligne montrent des scènes de violence à Téhéran et dans d’autres grandes villes comme Tabriz (Nord-Ouest). Sur certaines, on voit les forces de sécurité tirer à balles réelles en direction des manifestants.

Manifestations progouvernementales

Les autorités nient toute implication dans la mort de Mahsa Amini, 22 ans, originaire de la région du Kurdistan (Nord-Ouest). Mais, depuis, des Iraniens en colère descendent tous les jours à la tombée de la nuit dans la rue pour manifester. Hier, le ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian a de nouveau mis en cause les États-Unis, ennemi juré de Téhéran, dans les troubles, accusant Washington « de s’ingérer dans les affaires iraniennes (...) et de soutenir les émeutiers de manière provocatrice ».

Depuis le début des manifestations, plus de 700 personnes ont été arrêtées dans une seule province du nord qui a communiqué sur les interpellations, mais sans doute beaucoup plus dans l’ensemble du pays.

Selon le bilan officiel iranien non détaillé incluant manifestants et forces de l’ordre, 41 personnes ont été tuées en neuf jours de protestations. Mais le bilan pourrait être plus lourd, l’ONG Iran Human Rights basée à Oslo faisant état d’au moins 54 manifestants tués. Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) basé aux États-Unis, 17 journalistes ont été arrêtés en Iran depuis le début des protestations.

Comme il y a deux jours, plusieurs manifestations en faveur du gouvernement ont été organisées dans plusieurs villes iraniennes, dont la plus importante a eu lieu dans la capitale, à l’appel des autorités. « Il faut mettre fin à ces émeutes car elles portent atteinte au pays », a affirmé Nafiseh, une Iranienne de 28 ans participant à la manifestation hier à Téhéran. « Des martyrs ont sacrifié leur vie pour qu’on porte le hijab » a-t-elle poursuivi. « Enlever le hijab, c’est violer la Constitution de la République islamique », a affirmé de son côté Atiyeh, un universitaire de 21 ans.

Des images virales des manifestations ces derniers jours ont montré des Iraniennes brûlant leur foulard.

Le parti réformateur de l’Union du peuple de l’Iran islamique a appelé l’État à annuler l’obligation du port du voile et à libérer les personnes arrêtées. En Iran, les femmes doivent se couvrir les cheveux et le corps jusqu’en dessous des genoux et ne doivent pas porter des pantalons serrés ou des jeans troués, entre autres.

Amnesty International accuse les forces de sécurité de tirer « délibérément (...) à balles réelles sur des manifestants », appelant à une « action internationale urgente pour mettre fin à la répression ». Hier, les connexions internet étaient toujours perturbées, avec notamment le blocage des applications WhatsApp et Instagram. NetBlocks, un site basé à Londres qui observe les blocages d’internet à travers le monde, a également fait état de celui de Skype. Dans un nouveau message sur Instagram, le réalisateur iranien Asghar Farhadi, deux fois oscarisé, a pour sa part exhorté les peuples du monde à « être solidaires » des protestataires en Iran et salué les « femmes courageuses qui mènent les manifestations pour réclamer leurs droits ».

Source : AFP

L’Iran convoque les ambassadeurs du Royaume-Uni et de Norvège

Les autorités iraniennes ont convoqué hier les ambassadeurs du Royaume-Uni et de Norvège pour dénoncer des « ingérences », sur fond de protestations en Iran contre la mort d’une jeune femme arrêtée par la police des mœurs. Le ministère des Affaires étrangères a protesté auprès de l’ambassadeur britannique contre les actes « d’incitation à des émeutes et à la propagation de troubles » par des chaînes de télévision basées à Londres, selon un communiqué. « Il s’agit d’une ingérence dans les affaires intérieures de la République islamique d’Iran et d’un acte contre la souveraineté nationale de notre pays », ajoute le communiqué, sans identifier ces chaînes. La BBC farsi basée au Royaume-Uni est régulièrement critiquée par les autorités iraniennes. L’ambassadeur de Norvège a quant à lui été convoqué à la suite de propos tenus par le président du Parlement de ce pays, dénoncés par le ministère iranien comme « une ingérence dans les affaires intérieures de l’Iran ».

Le chef du pouvoir judiciaire iranien a menacé hier de ne faire preuve d’« aucune indulgence » vis-à-vis des manifestants après neuf jours de protestations dans tout le pays contre la mort d’une jeune femme détenue par la police des mœurs, qui ont coûté la vie à 41 personnes. Le président Ebrahim Raïssi avait auparavant appelé les forces de l’ordre à agir...

commentaires (2)

Ils annoncent le massacre a venir.

Pierre Christo Hadjigeorgiou

13 h 38, le 26 septembre 2022

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Commentaires (2)

  • Ils annoncent le massacre a venir.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    13 h 38, le 26 septembre 2022

  • On comprend maintenant le projet du Hezbollah et le comportement de la milice appelée police du parlement face aux manifestants libanais pacifiques

    Lecteur excédé par la censure

    10 h 05, le 26 septembre 2022

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