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Moyen-Orient - Syrie

À l’approche d’un probable deal nucléaire, la tension monte entre Washington et Téhéran

Suite à des frappes attribuées à des milices pro-iraniennes, les États-Unis ont lancé entre mardi et mercredi deux raids aériens à Deir ez-Zor, dans le Nord-Est syrien, tuant quatre combattants affiliés présumés à la République islamique.

À l’approche d’un probable deal nucléaire, la tension monte entre Washington et Téhéran

Des éléments des Forces démocratiques syriennes (FDS) – à dominante kurde – et de la coalition antijihadiste dirigée par les États-Unis, au cours d’exercices militaires dans la province de Deir ez-Zor, dans le nord-est de la Syrie, le 25 mars 2022. Delil Souleiman/AFP

C’est dans un contexte marqué par l’imminence d’un retour des États-Unis dans l’accord sur le nucléaire iranien que Washington a procédé, entre mardi et mercredi, à deux frappes aériennes contre des positions des forces pro-iraniennes dans la province de Deir ez-Zor (Nord-Est syrien). Menés en représailles à des attaques imputées ce mois-ci à Téhéran contre ses intérêts dans le pays, ces raids ciblés s’inscrivent dans la volonté américaine de protéger son assise dans la région. « L’armée américaine tente d’établir un concept clair pour dissuader de nouvelles attaques soutenues par l’Iran contre ses forces en Syrie, souligne Nicholas Heras, chercheur au Newlines Institute for Strategy and Policy. Mais Washington et Téhéran ne souhaitent pas que la situation dégénère en une guerre de plus grande ampleur, car ce n’est dans l’intérêt d’aucun des deux pays. » À l’heure où l’accord de Vienne semble sur le point d’aboutir, les États-Unis paraissent opter pour une dissociation des dossiers syrien et nucléaire, à l’image du projet de deal qui n’englobe pas les activités régionales de l’Iran et son programme balistique. Survenues à un moment-clé dans les négociations sur l’accord de Vienne entamées en avril 2021, ces opérations sont également intervenues alors que la Maison-Blanche finissait l’étude des réponses iraniennes au projet d’accord sur le nucléaire proposé par les négociateurs européens en vue de réactiver le deal dont Donald Trump s’était unilatéralement retiré en 2018. Dans la nuit de mardi, le commandement de l’armée américaine pour le Moyen-Orient (Centcom) avait annoncé avoir largué des bombes guidées sur des bunkers contenant des munitions et d’autres matériels militaires soupçonnés d’être utilisés par des milices affiliées au corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC). Cette attaque, n’ayant pas fait de victime, avait été menée en réaction à une frappe de drone imputée à Téhéran à la mi-août. Celle-ci avait visé les forces américaines et leurs alliés syriens présents sur la base d’al-Tanf, une garnison située dans le désert du sud de la Syrie. Si Téhéran a démenti, à l’issue de la première frappe américaine de mardi soir, tout lien avec les groupes armés ciblés par Washington, les États-Unis pointent régulièrement du doigt les factions pro-iraniennes dans les multiples attaques à la roquette ou au drone visant leurs intérêts en Irak et en Syrie. Disposant encore de centaines de militaires dans ce dernier pays, les Américains y sont officiellement présents pour coordonner la lutte contre l’État islamique aux côtés de leurs alliés locaux, notamment les Forces démocratiques syriennes, à dominante kurde.

Des trajectoires différentes

Mercredi soir, peu après qu’une série d’attaques à la roquette eut visé Green Village ainsi que Conoco – deux bases américaines situées dans le Nord-Est syrien –, le Centcom a annoncé avoir lancé, en guise de représailles, une seconde opération aérienne ciblant à nouveau des combattants liés à l’IRGC. Tandis que l’attaque de mercredi soir attribuée à Téhéran avait fait trois blessés légers parmi les forces armées américaines, la dernière frappe menée par Washington aurait tué quatre personnes suspectées d’être des combattants soutenus par l’Iran et d’avoir tiré la récente salve de roquettes, selon le communiqué du commandement américain au Moyen-Orient. « Nous répondrons de façon appropriée et proportionnelle à toute attaque contre nos soldats », a prévenu hier le nouveau commandant des forces américaines dans la région, le général Erik Kurilla.

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Au moment où la seconde frappe en Syrie était décidée en haut lieu, Washington a fait part mercredi soir de ses commentaires à ses partenaires à Bruxelles au sujet de l’accord, avant que ces derniers ne les transmettent aussitôt à Téhéran. Signe de la volonté américaine de ne pas saper l’avancée des négociations sur le JCPOA, le sous-secrétaire d’État à la Défense Colin Kahl a affirmé hier matin que « la frappe de la nuit dernière était une communication claire aux Iraniens que ces dossiers sont sur des trajectoires différentes ».

Rassurer ses alliés régionaux

Une logique qui n’est pas sans rappeler celle de l’Iran, qui utilise régulièrement, en marge des tractations diplomatiques, ses proxies en Irak et en Syrie pour intensifier la pression sur les États-Unis. Dès 2019, les attaques attribuées à Téhéran et à ses supplétifs s’étaient ainsi multipliées en vue d’accélérer le retrait américain de la région, notamment depuis l’assassinat en janvier 2020 de Kassem Soleimani, ancien chef de la Force al-Qods, l’unité d’élite des gardiens de la révolution. « L’Iran cherche à s’enraciner en Syrie pour être dans la meilleure position possible pour mener une guerre contre Israël », observe Nicholas Heras. Cherchant à empêcher que la Syrie ne devienne la tête de pont de Téhéran, Israël mène en représailles des frappes régulières contre les intérêts iraniens dans la région, sans les revendiquer la plupart du temps. Des raids qui se sont multipliés depuis la guerre en Ukraine, alors que la Russie, qui contrôle l’espace aérien de la Syrie, s’est retirée de certaines zones du pays au profit d’éléments du Hezbollah libanais et de groupes pro-Téhéran.

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De leur côté, les États-Unis « cherchent à maintenir une campagne anti-État islamique “facile à entretenir” tout en se concentrant sur la Chine et la Russie, ajoute Nicholas Heras. La politique américaine à l’égard de Téhéran est précisément conçue pour atteindre l’objectif de ce pivot (vers l’est) ». Si l’administration Biden poursuit la politique américaine de désengagement de la région, les récentes attaques menées par Washington en Syrie semblent néanmoins témoigner de sa volonté de rassurer ses alliés au Moyen-Orient, en premier lieu desquels Israël et les monarchies du Golfe. Lors de sa tournée effectuée à la mi-juillet en Israël, dans les territoires occupés et en Arabie saoudite, le président démocrate avait ainsi offert des gages au Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, en signant avec lui un pacte de sécurité engageant les États-Unis à ne jamais permettre à l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire. Peu après, Joe Biden avait prononcé un discours à Djeddah lors duquel il avait promis, devant les six membres du Conseil de coopération du Golfe, que son pays « ne se détournerait pas » du Moyen-Orient en laissant « un vide que pourraient remplir la Chine, la Russie ou l’Iran ».

C’est dans un contexte marqué par l’imminence d’un retour des États-Unis dans l’accord sur le nucléaire iranien que Washington a procédé, entre mardi et mercredi, à deux frappes aériennes contre des positions des forces pro-iraniennes dans la province de Deir ez-Zor (Nord-Est syrien). Menés en représailles à des attaques imputées ce mois-ci à Téhéran contre ses intérêts...

commentaires (3)

Israel first ! Ofcourse...

Politiquement incorrect(e)

11 h 04, le 26 août 2022

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Commentaires (3)

  • Israel first ! Ofcourse...

    Politiquement incorrect(e)

    11 h 04, le 26 août 2022

  • "… À l’approche d’un probable deal nucléaire, la tension monte entre Washington et Téhéran …" - et quand le "deal" sera conclu, ils se boufferont le nez pour de bon? Inshallah!

    Gros Gnon

    09 h 34, le 26 août 2022

  • Ultime semblant de duel à fleurets mouchetés en attendant le big deal. Ouf ce sont bientôt les grandes multinationales occidentales qui vont financer les milices de l’entité néo-safavide et donc cela soulagera le citoyen libanais qui jusque-là supportait presque seul ce poids financier. Ce ne sont pas les citoyens syriens iraquiens iraniens ou yéménites qui sont réputés rouler sur l’or en effet. Mais bien entendu plus tu donnes à manger à un ogre et plus il en redemande. Donc bien sûr ce big deal est tout sauf une bonne nouvelle pour le Liban. Mais il fallait le prévoir dès l’élection de Joe Biden. C’est bien cette élection là qui a été la catastrophe pour le Liban et tous les pays sous domination néo-safavide. Never mind, nous n’avons besoin de personne pour nous libérer, ce sont nos oppresseurs néo-safavides qui ont un besoin vital d’aide étrangère surtout si les peuples qu’ils dominent commencent à se soulever contre eux. Nous avons juste besoin que personne ne vienne les aider EUX. Mr Poutine est tellement occupé en Ukraine qu’il ne pourra pas rééditer le scénario de 2015 où il a sauvé Bachar el Assad et toute l’entité néo-safavide. Cela nous suffit on n’en demande pas plus !

    Citoyen libanais

    06 h 58, le 26 août 2022

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