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Lifestyle - SAVEURS DU LIBAN

Mounjez, entre patrimoine archéologique et légumes organiques

Cet été, nous vous proposons une promenade à travers huit villages libanais, à la découverte de leur charme, leurs coopératives, leurs produits phares et... de recettes. Le tout à l’écoute de la nature et dans le respect des traditions. Visites, rencontres avec des femmes et des hommes qui ont vu leur vie se transformer, et recettes faciles sont au rendez-vous de cette nouvelle série gourmande, en partenariat avec « Terroirs du Liban », une marque développée par Fair Trade Lebanon. Aujourd’hui, Mounjez et son magnifique panier de légumes et de fruits organiques.

Mounjez, entre patrimoine archéologique et légumes organiques

Mounjez présente fièrement sa production de légumes organiques. Photo João Sousa

Quelque 2h30 de route au départ de Beyrouth, avant que Mounjez, 130 km plus loin, reçoive ses visiteurs à musée ouvert. Car ce village de la commune du Akkar, au Liban-Nord, regorge de richesses archéologiques et historiques. Dominant du haut de ses 500 mètres d’altitude le Nahr al-Kabir qui sépare le Liban de la Syrie, il abrite trois importants sites archéologiques : Maqâm ar-Rabb ou sanctuaire du Seigneur, un temple hellénistique dédié à la déesse Némésis, dont une grande partie reste enfouie aujourd’hui, et qui daterait du Ier siècle de l’ère chrétienne. Parmi les inscriptions gravées en grec, l’une d’entre elles, retrouvée sur une base de statue, remonte à 262 après J.-C. et serait l’œuvre d’un prêtre nommé Drusus, qui l’aurait faite en l’honneur de cette déesse de la justice et de la vengeance, dont l’emblème, la roue, figure sous le nom.

Le projet agricole organique de Mounjez, l’un des plus importants au Liban, regroupe toutes sortes de fruits et de légumes plantés dans plus de 20 serres. Photo Joao Sousa

L’édifice, constitué intégralement de pierres noires, est construit avec le basalte spécifique de la région. Le deuxième trésor de Mounjez, une forteresse, le Felicium, et la basilique qu’elle porte en son sein, datent de l’époque des croisés. L’histoire révèle que, depuis les croisés, le village porte le nom de la famille franque qui l’aurait restaurée, Mont Guise, devenu Mounjez. Une autre interprétation donne une origine syriaque au nom, Ngaz ou Agnez, qui signifie trésor caché ou enfoui. Les terres de Mounjez abritent également une centaine de tombes mégalithiques datant de la période chalcolithique ou de l’âge du bronze ancien (4e-2e millénaires avant notre ère). Ces impressionnants blocs de pierre érigés en dolmen peuvent atteindre 1,6m de hauteur et 3m de diamètre, comme le voulait la coutume funéraire, il y a plus de 5 000 ans. Ici aussi les tombes sont en basalte, caractéristique de la région. En plus des squelettes, elles ont livré une multitude d’artefacts : bijoux, armes, outils et poteries. « Nous avons créé un petit musée dans la Maison du patrimoine où sont préservées des copies des restes des tombes mégalithiques qui ont été fouillées en premier lieu par le père jésuite Maurice Tallon dans les années 1960. Les véritables pièces sont aujourd’hui conservées à l’Université Saint-Joseph », affirme Samia Karam, responsable de la Maison du patrimoine. Les fouilles archéologiques sur le site se poursuivent jusqu’à ce jour. Ce village, qui regroupe ces nombreux trésors historiques datant de différentes époques, ne recense plus que 500 habitants en hiver sur ses 4 000 d’origine. Mounjez a en effet connu une grande émigration après 1976.

Mounjez, un village à musée ouvert, regorge de richesses archéologiques et historiques. Photo João Sousa

Un village visionnaire

Dans ce village agricole, particuliers et agriculteurs exploitent leurs terres au cœur d’un paysage peuplé d’oliviers, de vignes, d’amandiers et de caroubiers, faciles à cultiver. Il y a cinq ans, la municipalité a entrepris, avec le soutien de l’université de Balamand et de l’agence USAID, un projet agricole où 25 000 arbres de pins et de caroubiers ont été plantés sur plus de 20 hectares. Ces terrains sont la propriété de la municipalité ou des terres privées.

Mounjez présente fièrement sa production de légumes organiques. Photo Joao Sousa

« La municipalité a planté dans mes terres plus de 200 pins, aujourd’hui âgés de cinq ans. Ce projet est important, il a permis de reboiser Mounjez et a profité aux villageois et à la municipalité », explique Tannous Karam, ancien membre des forces de l’ordre, aujourd’hui retraité, qui est devenu agriculteur. Un projet visionnaire puisque les pins, une fois dépassés les dix ans d’âge et arrivés à maturité, produisent des pignons précieux, très convoités dans la cuisine libanaise. Mounjez a aussi su tirer profit de sa « forêt noire », qui porte son nom en raison du feuillage sombre des lauriers dont elle est entièrement boisée. La municipalité s’est lancée dans l’aménagement de la forêt afin de la transformer en sentier de randonnée, tout en tirant profit du bois taillé dans l’usine de bois biologique qu’elle a ouvert récemment, où il est transformé en bois de chauffage. Elle a également, et dans le cadre du même projet, créé une usine de production de savon et d’essence de lauriers. La jeune municipalité de Mounjez, qui n’a que dix ans d’existence, a également mis en place une multitude de projets dont un centre d’énergie solaire qui fournit de l’électricité à tout le village ainsi qu’un grand lac artificiel irrigant des terres agricoles.

Depuis sa retraite, Joseph Youssef a abandonné sa vie d’avant et son appartement en ville et s’est transformé en agriculteur. Photo João Sousa

Les producteurs « organiques » de Mounjez

La coopérative agricole de Mounjez, inaugurée en 1980, est aujourd’hui à l’arrêt en raison de plusieurs facteurs dont, essentiellement, la crise économique et sanitaire. Cette situation a poussé Fair Trade Lebanon (FTL) à trouver une solution pour soutenir les producteurs du village en renforçant leur projet agricole organique, l’un des plus grands au Liban. Ce dernier regroupe toutes sortes de fruits et de légumes plantés dans plus de 20 serres : des oliviers, des caroubiers, des vignes, des grenadiers, des amandiers, et prochainement du blé, de même qu’une presse de mélasse de caroube. Joseph Youssef, agriculteur organique de Mounjez, dont le projet fonctionne en coopération directe avec FTL, est fier de ses produits. « Nous arrosons nos plantations d’eau potable, que nous tirons d’un puits situé à plus de 75 mètres de profondeur afin qu’elle reste propre et non polluée.

Samia Karam, responsable de la Maison du patrimoine. Photo Joao Sousa

Nous respectons les standards internationaux. Aucun pesticide ou produit chimique n’est utilisé dans nos plantations », souligne-t-il. Les agriculteurs ont en effet bénéficié de nombreuses formations offertes par Fair Trade Lebanon dans divers domaines allant de l’agriculture organique au management. « Grâce à FTL, nous avons découvert plusieurs alternatives aux produits chimiques et pesticides. Nous utilisons par exemple les oignons, l’ail ou les poivrons que nous plantons, nous les broyons, les égouttons et utilisons leur eau pour l’arrosage afin de protéger les plantations des insectes. » « En guise de fertilisant naturel, nous arrosons avec l’eau de compost de bétail et de volaille que nous trempons au préalable », poursuit-il. Selon l’agriculteur qui plante ses terres hiver comme été, les formations et expertises offertes par FTL ont permis d’augmenter considérablement leur chiffre d’affaires. Joseph Youssef, un retraité qui a abandonné son ancienne vie et son appartement en ville pour se transformer en agriculteur, confie à son tour : « Depuis dix ans, je n’ai presque plus quitté Mounjez. Avant, je ne connaissais rien à l’agriculture, mais c’est en héritant de ces terres et en prenant avec mes frères le pari de les cultiver que j’ai aujourd’hui trouvé mon bonheur. »

La salade estivale sur son lit végétal croustillant. Photo João Sousa

LA RECETTE : SALADE ESTIVALE SUR SON LIT VÉGÉTAL CROUSTILLANT

Pour 4 personnes
Temps de préparation :
30 minutes.
Repos : 1h.

INGRÉDIENTS
Une vingtaine de feuilles de chou kale
500 gr de tomates cerises
8 petits concombres
Une dizaine d’olives vertes
2 c. à. s. de câpres
Pincées de poudre de piment de Cayenne
250 gr de pourpier
200 gr de rocca
200 gr de petits pois crus
Mélasse de grenade
Fleur de sel / poivre
Zeste d’un citron
Huile d’olive.

PRÉPARATION

POUR LES CHIPS DE CHOU KALE :
Laver les feuilles de chou, les essuyer et les disposer sur une plaque allant au four.
Verser un filet d’huile d’olive, saupoudrer de fleur de sel et une pincée de poudre de piment.
Mettre au four pendant 8 à 10 minutes à 180 °. Puis réserver.

POUR LA SALADE ESTIVALE :
Laver les tomates cerises et les concombres. Les tailler en petits dés.
Verser le tout dans un saladier, ajouter les petits pois crus, les olives dénoyautées coupées en rondelles, le pourpier, les câpres, une pincée de fleur de sel, la poudre de piment de Cayenne, un tour de poivre, le zeste d’un citron et deux cuillères à soupe d’huile d’olive. Réserver au frais pendant 1h.
Sur une assiette, disposer les feuilles de kale croustillantes, la salade au centre ainsi que les feuilles de rocca. Avant de servir, verser un filet de mélasse de grenade.

En partenariat avec

Quelque 2h30 de route au départ de Beyrouth, avant que Mounjez, 130 km plus loin, reçoive ses visiteurs à musée ouvert. Car ce village de la commune du Akkar, au Liban-Nord, regorge de richesses archéologiques et historiques. Dominant du haut de ses 500 mètres d’altitude le Nahr al-Kabir qui sépare le Liban de la Syrie, il abrite trois importants sites archéologiques : Maqâm...

commentaires (1)

Bonjour. Je me permets de vous signaler une faute récurente : le terme "organic" est anglais et en français on parle de produits "bio", en abrégé pour "biologiques". Cordialement.

Lilou BOISSÉ

15 h 40, le 21 août 2022

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Commentaires (1)

  • Bonjour. Je me permets de vous signaler une faute récurente : le terme "organic" est anglais et en français on parle de produits "bio", en abrégé pour "biologiques". Cordialement.

    Lilou BOISSÉ

    15 h 40, le 21 août 2022

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