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Moyen-Orient - REPÈRE

Turquie-Israël : la normalisation après une décennie en eaux troubles

L’accord annoncé mercredi entre Tel-Aviv et Ankara prévoit le retour des ambassadeurs et consuls respectifs afin de rétablir une « représentation diplomatique totale » entre les deux pays après plus d’une décennie de brouille. 

Turquie-Israël : la normalisation après une décennie en eaux troubles

Le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, à droite, et son homologue israélien, Yaïr Lapid, lors d’une conférence de presse à Ankara, le 23 juin 2022. Ozan Kose/AFP

Les faits

La Turquie et Israël ont annoncé, mercredi, la normalisation totale de leurs relations. Selon un communiqué publié par le bureau du Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, l’accord inclut le retour des ambassadeurs et consuls respectifs afin de rétablir une « représentation diplomatique totale » entre les pays. « Le renouvellement des liens avec la Turquie est un atout économique important pour les citoyens israéliens. Nous continuerons d’agir afin de renforcer le statut international d’Israël sur la scène internationale », a affirmé le leader centriste, ancien ministre des Affaires étrangères et Premier ministre par intérim depuis juillet dernier.

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La nouvelle intervient un peu plus d’une semaine après les condamnations du président turc qui accusait Israël, le 8 août, de « tuer des bébés et des enfants » au lendemain des bombardements israéliens contre Gaza. Si elle est soudaine, la nouvelle n’est pourtant pas totalement surprenante. Depuis l’arrivée à la Maison-Blanche de l’administration Biden, plus intransigeante vis-à-vis de la politique d’Ankara, la Turquie avait cherché à renouer avec l’État hébreu, notamment dans le but de s’attirer les faveurs de Washington et de briser son isolement diplomatique dans la région. Le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu, annonçait ainsi en juin que les deux gouvernements avaient entamé un processus en vue de restaurer les liens diplomatiques après plus d’une décennie de brouille.

Le contexte

Historiquement, les liens qu’entretiennent Tel-Aviv avec Ankara sont sensiblement meilleurs qu’avec les capitales arabes. La Turquie est le premier pays à majorité musulmane à reconnaître l’État hébreu, peu après sa création, dès 1949. Au lendemain de la guerre des Six-Jours, Ankara refuse de rompre les liens avec Tel-Aviv, même si elle appelle au retrait des troupes israéliennes des territoires occupés en 1967.

Pour mémoire

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Malgré l’approfondissement de la coopération, notamment militaire et commerciale, la relation se détériore il y a une dizaine d’années. Le 31 mai 2010, l’armée israélienne mène une opération en haute mer contre le bateau humanitaire « Mavi-Marmara » à destination de Gaza, coûtant la vie à neuf militants turcs. Quatre anciens responsables israéliens sont jugés par contumace, avant d’être condamnés en 2014 par une cour criminelle turque réclamant la coopération d’Interpol afin d’émettre un « bulletin rouge » facilitant leur arrestation.

Sous l’influence du président Recep Tayyip Erdogan et de son parti l’AKP (Parti de la justice et du développement), Ankara développe depuis le début des années 2000 une politique de la main tendue à l’égard des voisins arabes. Afin d’asseoir sa puissance régionale, la Turquie opère un « re-branding » en se présentant comme une inconditionnelle de la cause palestinienne et comme chef de file du monde sunnite. En 2018, un nouvel incident consomme la rupture entre Tel-Aviv et Ankara. Après le meurtre par l’armée israélienne de Palestiniens à la frontière avec Gaza, cette dernière rappelle son ambassadeur en Israël et expulse l’envoyé de l’État hébreu. Malgré une rhétorique belliqueuse, la coopération entre les deux pays n’a pas cessé et les liens n’ont jamais été véritablement rompus. En 2021, le commerce bilatéral augmentait de 30%, atteignant un volume annuel de 7,7 milliards de dollars. Au lendemain de son élection en juillet 2021, le président israélien Isaac Herzog recevait un appel téléphonique de son homologue turc le félicitant.

Les enjeux

Afin de rompre son isolement géopolitique, notamment dans le cadre du réagencement stratégique et des alliances émergentes suite aux accords d’Abraham signés entre Israël et plusieurs pays arabes, Ankara tente de se rapprocher de certaines capitales régionales comme Riyad, Le Caire ou Abou Dhabi. Le rétablissement des liens avec Tel-Aviv permettrait de parfaire cette posture régionale, tout en maintenant un discours de défense des droits des Palestiniens.

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Alors que la menace d’une crise énergétique plane sur les marchés européens suite à la guerre en Ukraine, un rapprochement entre Ankara et Tel-Aviv pourrait également permettre de raviver le projet de pipeline israélo-turc en discussion depuis plusieurs années. Le chantier concurrent de l’EastMed, qui prévoit de transporter du gaz naturel d’Israël vers l’Europe via Chypre et la Grèce, laissait la Turquie sur le bord de la route. L'objectif semble être ainsi, dans le même temps, de rompre son isolement en Méditerranée orientale. 

Les faits
La Turquie et Israël ont annoncé, mercredi, la normalisation totale de leurs relations. Selon un communiqué publié par le bureau du Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, l’accord inclut le retour des ambassadeurs et consuls respectifs afin de rétablir une « représentation diplomatique totale » entre les pays. « Le renouvellement des liens avec la Turquie est un atout...

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