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Lifestyle - SAVEURS du liban

Kfar Habou, de la douceur et du miel

Cet été, nous vous proposons une promenade à travers huit villages libanais, à la découverte de leur charme, leurs coopératives, leurs produits phares et... leurs recettes. Le tout à l’écoute de la nature et dans le respect des traditions. Visites, rencontres avec des femmes et des hommes qui ont vu leur vie se transformer, et recettes faciles sont au rendez-vous de cette nouvelle série gourmande, en partenariat avec « Terroirs du Liban », une marque développée par Fair Trade Lebanon. Cette semaine, arrêt à Kfar Habou, un village agricole apprécié pour son climat et son miel.

Kfar Habou, de la douceur et du miel

Un produit qui fait la fierté du village. Photo Joao Sousa

Ce matin, direction Kfar Habou, à 100 km au nord de Beyrouth. Le trajet est relativement court, 1h30 pour atteindre ce village situé à 300 mètres d’altitude, baignant dans un climat agréable à toutes les saisons de l’année. Ici, les églises enlacent les mosquées, et ses 5 000 habitants, toutes confessions réunies, ont toujours cohabité dans une parfaite harmonie, même aux pires heures de la guerre civile. Cependant, nombre d’entre eux ont dû partir à la recherche d’un emploi ou, pour les plus jeunes, poursuivre des études supérieures. Le village, essentiellement agricole, est célèbre pour ses oliviers, ses légumes, ses agrumes, ses arbres fruitiers, et surtout ses pêches, pommes, prunes et poires. À cette large gamme sont venues s’ajouter des variétés exotiques tels l’avocat, la mangue et l’anone. Le village vend ses récoltes dans tout le pays et les grandes villes comme Tripoli ou Beyrouth.

Kfar Habou, 300 mètres d’altitude et un climat agréable à toutes les saisons de l’année. Photo Joao Sousa

Selon certains documents et témoignages, le village aurait plus de 700 ans. Pourtant, certains trésors archéologiques phéniciens et romains laissent penser qu’il pourrait remonter à plus de 4 000 ans. Des tombeaux situés dans les vallées du village sont hélas très mal entretenus et des pièces et trésors archéologiques auraient été dérobés. Bien que riche en eau, Kfar Habou souffre néanmoins d’un problème majeur : en effet, la source d’eau de « al-qabou » autour de laquelle a été bâti le village est aujourd’hui polluée par les déchets des localités en amont de la source.

De gauche à droite : Élias Abou Doloh, fondateur et membre de la coopérative de Kfar Habou, Fatmé el-Debel, spécialiste de la mélasse de grenade, Joussara Doumit, présidente de la coopérative et Sahar Abou Doloh. Photo Joao Sousa

Des coopératives qui font battre le cœur du village

Deux coopératives constituent aujourd’hui l’âme économique de Kfar Habou. L’une, enregistrée et spécialisée en apiculture et agriculture, et l’autre naissante, Thimarouna, active mais pas encore enregistrée, centrée sur la production agricole et la mouneh, essentiellement sa très appréciée confiture d’abricot. Les ruches des villageois de Kfar Habou, qui sont placées en hiver au village et en été dans les forêts et hautes montagnes environnantes, ont produit plus de 10 tonnes de miel l’an dernier. Dix des 20 apiculteurs actifs sont membres permanents de la coopérative. Élias Abou Doloh, fondateur et membre de la coopérative de Kfar Habou, nous raconte ses débuts : « En 1984, mon père a acheté quelques ruches d’abeilles et les a placées dans notre jardin. Deux ans plus tard, une maladie, le varroa, les a affectées, contaminant une grande partie de la production de miel, ce qui pousse dès lors les villageois à adopter des méthodes modernes d’apiculture. Au bout de quelques mois, la ruche malade était guérie et s’était multipliée en 14 nouvelles ruches. Nous avons alors décidé de poursuivre nos efforts dans la production de miel et de nous perfectionner. » Cette coopérative a été fondée en 1999 suite à son initiative dans le but de se procurer des aides du ministère pour combattre la maladie du varroa. « Aujourd’hui, notre coopérative qui reçoit de nombreuses formations et aides de contributeurs, parmi lesquels Fair Trade Lebanon, soutient les agriculteurs et apiculteurs du village et les aide à entretenir leurs terres et leurs ruches en leur procurant services, produits et pesticides à prix réduit », explique Élias Abou Doloh qui depuis son plus jeune âge s’y est intéressé en suivant les pas de son grand-père et de son père. Aujourd’hui, la coopérative récolte le miel de ses membres et le vend à des commerçants, facilitant encore plus la tâche aux apiculteurs du village.

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La sœur d’Élias, Sahar, a abandonné sa carrière dans l’enseignement en 2015 en fondant Thimarouna dont la production est constituée de récoltes des agriculteurs du village. « Je suis à présent une businesswoman ! »

Élias Abou Doloh, fondateur et membre de la coopérative de Kfar Habou. Photo Joao Sousa

lâche-t-elle en riant. « Avant je n’y connaissais rien, maintenant, je m’y connais en tout ! Mais je préfère m’occuper des questions administratives », ajoute-t-elle, soulignant que son choix a été motivé par de meilleures conditions de travail. Treize des 15 membres de Thimarouna, qui ont suivi des formations avec Fair Trade Lebanon, entre autres, sont des femmes du village. Des adolescents et de jeunes adultes s’y intéressent aussi et se portent volontaires pour gérer les réseaux sociaux et la communication. Selon la présidente, l’établissement permet aux habitantes de Kfar Habou d’avoir un emploi, d’être productives et d’intégrer la roue économique. Fatmé el-Debel, spécialiste de la mélasse de grenade à Thimarouna, assure à elle seule le revenu de sa famille et soutient son mari, atteint il y a 15 ans d’un handicap partiel. Avant de se joindre au groupe, elle préparait la mélasse chez elle et se contentait de la vendre à ses proches. « Depuis que j’ai rejoint l’équipe, ma production et mon revenu ont sensiblement augmenté. Thimarouna est ma seconde famille, elle m’a beaucoup soutenue et a permis d’élargir mon cercle de connaissance. J’ai pu aussi découvrir de nombreux villages à travers nos nombreuses expositions », affirme cette mère de famille. Joussara Doumit, tout comme Fatmé, a quitté son tablier de femme au foyer en adhérant à la coopérative. « Au début, mon mari, comme la majorité des hommes dans notre société rurale, ne comprenait pas vraiment mon engagement. C’est là que j’ai appris à confectionner toutes sortes de mouneh libanaise que je prépare aujourd’hui pour ma famille et mes enfants. Grâce aux diverses formations, je me suis lancée dans la production de miel et j’ai intégré la coopérative agricole », raconte la femme fièrement, assurant que ses enfants ont aujourd’hui pris la relève des ruches et de la production de miel et n’ont plus à quitter le village à la recherche de travail.

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Le nectar de Kfar Habou

Depuis 1920, Kfar Habou est recherché pour sa variété de miel – miel de cèdre, miel de chêne et miel d’agrumes – mais aussi pour sa gelée royale et son pollen dont les graines attachées aux pattes des abeilles sont recueillies méticuleusement à la porte des ruches. Le pollen est généralement mélangé à du miel pour être dégusté et permet un grand apport en vitamines. Le miel et surtout le miel de cèdre recueilli dans les hautes montagnes est un remède naturel et protège l’organisme de nombreuses maladies chroniques en renforçant l’immunité. « J’ai lancé un défi l’année dernière à tous nos clients, raconte fièrement Élias. J’ai promis 2 kilos de miel gratuit à ceux qui consomment un kilo de notre miel en début d’hiver et qui malgré tout tombent malades !

Poulet au miel de chêne et à la citronnelle. Photo Joao Sousa

Et croyez-moi, personne n’est venu en réclamer ! » Traditionnellement, les apiculteurs élevaient leurs abeilles dans des cruches avant les nouvelles ruches modernes. Ils récoltaient leur miel une fois par an en ouvrant la cruche dont le bas était scié et hermétiquement fixé sur place. Pour attirer les abeilles vers la ruche, on la frottait avec des feuilles d’orangers. Aujourd’hui plusieurs outils et machines permettent une production qui tient à rester la plus traditionnelle possible, sans compromettre la qualité du produit.

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Kfar Habou, 300 mètres d’altitude, et un climat agréable à toutes les saisons de l’année. Photo Joao Sousa

RECETTE DU POULET AU MIEL DE CHÊNE ET À LA CITRONNELLE

Préparation pour 4 personnes : 30 minutes.

Cuisson : 50 minutes.

Marinade : 5h.

INGRÉDIENTS
1 poulet fermier
2 tiges de citronnelle
3 gousses d’ail
3 cm de gingembre frais
Le jus d’un citron
Une pointe de piment de cayenne en poudre
3 c.à.s. de miel de chêne Terroirs du Liban
3 c.à.s. de sauce soja.

PRÉPARATION
Découper le poulet en morceaux. Ôter le bout des tiges de citronnelle un peu dures. Peler le gingembre et les gousses d’ail. Mettre le tout dans un bol à mixeur, ajouter la poudre de piment et faire tourner pour obtenir une pâte. Mélanger le miel avec la sauce soja et le jus de citron dans un saladier. Puis ajouter le contenu du mixeur. Mélanger et verser cette marinade sur les morceaux de poulet. Filmer le plat et le mettre au réfrigérateur pendant 5 heures. Préchauffer le four à 180°. Enfourner le poulet et laisser cuire 10 minutes en retournant une fois les morceaux et en les arrosant de marinade.

Servir avec des légumes sautés et une salade d’herbes.

En partenariat avec

Ce matin, direction Kfar Habou, à 100 km au nord de Beyrouth. Le trajet est relativement court, 1h30 pour atteindre ce village situé à 300 mètres d’altitude, baignant dans un climat agréable à toutes les saisons de l’année. Ici, les églises enlacent les mosquées, et ses 5 000 habitants, toutes confessions réunies, ont toujours cohabité dans une parfaite harmonie, même aux...

commentaires (1)

Bonjour, serait il possible de mieux localiser les villages dans vos articles, afin de pouvoir, à l’occasion, visiter ces petits coins de paradis. En vous remerciant. MN

Douaiher Marie-Noelle

07 h 07, le 15 août 2022

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Commentaires (1)

  • Bonjour, serait il possible de mieux localiser les villages dans vos articles, afin de pouvoir, à l’occasion, visiter ces petits coins de paradis. En vous remerciant. MN

    Douaiher Marie-Noelle

    07 h 07, le 15 août 2022

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