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Économie - Sécurité alimentaire

Cargo ukrainien annulé par son acquéreur au Liban : le mystère du Razoni reste entier

Le Razoni aurait trouvé un nouvel acheteur en Turquie.

Cargo ukrainien annulé par son acquéreur au Liban : le mystère du Razoni reste entier

Le Razoni, dans le détroit du Bosphore, à Istanbul, le 3 août 2022, après avoir fait l’objet d’une inspection de la part des équipes russe et ukrainienne. Yasin Akgul/AFP

Après la saga de la crise du pain au Liban, qui aura duré plusieurs semaines et qui serait « terminée », selon ce qu’a affirmé la semaine dernière le ministre de l’Économie et du Commerce, Amine Salam, c’est une autre histoire rocambolesque en rapport avec le Liban qui a fait les titres de la presse internationale en ce début de semaine. À savoir l’annulation par un acquéreur au Liban d’un cargo ukrainien à destination du port de Tripoli (Liban-Nord) en raison « de cinq mois de retard », selon ce qu’a déclaré ces derniers jours l’ambassade d’Ukraine. L’information a été reprise par le site indépendant ukrainien The Kyiv Independent, devenu célèbre pour sa couverture de la guerre russo-ukrainienne de l’intérieur et qui a créé l’esclandre dans la presse internationale et sur les réseaux sociaux, l’invasion de l’Ukraine par la Russie ayant eu lieu il y a un peu plus de cinq mois. Poursuivant son communiqué sur le réseau social Twitter, l’ambassade ukrainienne a précisé mardi que l’annulation du chargement s’est faite conformément à un accord conclu entre l’acquéreur et le vendeur, et que ce dernier « étudie actuellement d’autres commandes d’achat de céréales ».

Le Razoni, cargo battant pavillon sierra-léonais, avait quitté le 1er août le port ukrainien d’Odessa, sur la mer Noire, avec « 26 500 tonnes de maïs », destinées au fourrage, selon des données publiées sur les réseaux sociaux par la société ukrainienne de courtage agricole Maxigrain. Une cargaison commandée « avant la guerre », précise le site, et un départ suivi par nombre de médias internationaux en sa qualité de première cargaison de céréales ukrainiennes sortant du pays depuis la signature d’un accord à cet effet entre l’Ukraine et la Russie.

Mercredi dernier, des experts turcs et russes avaient inspecté le navire au large d’Istanbul, avant son arrivée qui était prévue dimanche au Liban. Dès la veille, l’ambassade d’Ukraine avait prévenu d’un « report », avant d’annoncer lundi le « refus » de l’acheteur de réceptionner le chargement et, enfin, son annulation mardi. L’identité du client reste jusqu’à présent un secret bien gardé. Selon Elena Faige Neroba, responsable du développement commercial chez Maxigrain, la cargaison avait été achetée sous contrat « FOB », soit « franco à bord » (free on board), qui signifie l’achat ou la vente de marchandises sans frais de transport, taxes ou assurances. Suite à l’accord d’annulation conclu entre l’acheteur et le fournisseur, celui-ci « doit donc trouver un nouvel acheteur », avait-t-elle écrit lundi sur Twitter également. Chose faite mardi soir. En effet, selon l’AFP reprenant des informations tirées de sites de traçage du trafic maritime et du site d’informations Middle East Eye, le Razoni aurait trouvé un nouvel acheteur en Turquie. « Le cargaison a été vendue et va être déchargée (au port de) Mersin », a ainsi affirmé Ahmed Al-Fares de l’agence maritime Ashram, selon ce site.

Problème de paiement ?

Une autre raison concernant l’annulation de la cargaison du Razoni par son acheteur initial au Liban, publiée mardi par l’organisation britannique indépendante spécialiste des marchés Argus, laisse croire que la destination finale du cargo aurait été la Syrie, après son déchargement et son transit au Liban. Selon ce cabinet également, la raison de l’annulation par « un acquéreur syrien » serait plutôt liée à un problème de paiement, la crise économique sévissant dans ce pays rendant difficile l’accès à des devises pour payer les importations, à l’instar du Liban.

Le mystère du Razoni reste donc entier, alors que les « 11 » autres cargos chargés au total de plusieurs centaines de milliers de tonnes de céréales ukrainiennes, tous partis de trois ports ukrainiens entre les 1er et 9 août, sont eux tous en route vers leurs destinataires initiaux, incluant le Royaume-Uni, la Chine, la Turquie, la Corée du Sud, l’Italie et l’Irlande.

L’accord entre l’Ukraine et la Russie a été rendu possible afin de reprendre les exportations de céréales ukrainiennes bloquées par la guerre et celles de produits agricoles russes, malgré les sanctions occidentales, pour atténuer la crise alimentaire mondiale et la hausse des prix dans certains des pays les plus pauvres. Le Liban est extrêmement dépendant des céréales russo-ukrainiennes, notamment du blé.

Mercredi, Frederick Kenney, coordinateur par intérim du Centre de coordination conjointe (CCC) établi à Istanbul et chargé de superviser l’application de cet accord russo-ukrainien, a affirmé que les premières exportations de cette denrée essentielle venant d’Ukraine devraient commencer la semaine prochaine. Le haut responsable des Nations unies a précisé que les silos ukrainiens étaient remplis de maïs lorsque la Russie a lancé l’invasion du pays et que trois des ports ukrainiens ont alors été « pratiquement figés dans le temps », ajoutant qu’il était « impératif de sortir les navires sur place, chargés de maïs, afin d’accueillir de nouveaux navires ».

Enfin, concernant la saga du Razoni, Frederick Kenney a déclaré que le CCC ne peut intervenir dans des disputes commerciales et se concentre sur sa mission visant à assurer que les navires transitent par un couloir sécurisé dans les eaux minées de la mer Noire.

Après la saga de la crise du pain au Liban, qui aura duré plusieurs semaines et qui serait « terminée », selon ce qu’a affirmé la semaine dernière le ministre de l’Économie et du Commerce, Amine Salam, c’est une autre histoire rocambolesque en rapport avec le Liban qui a fait les titres de la presse internationale en ce début de semaine. À savoir l’annulation par un acquéreur...

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