Le patriarche maronite Béchara Raï est revenu à la charge, dimanche, sur l'affaire de l'arrestation du vicaire patriarcal de Haïfa et de Jérusalem Moussa el-Hage, appelant les autorités à ne pas qualifier les Libanais vivant en Israël "d'agents". Dans son homélie dominicale, Mgr Raï a par ailleurs fustigé, une fois de plus, les atermoiements dans la formation du nouveau gouvernement, accusant les "personnes concernées", le chef de l'État Michel Aoun et le Premier ministre désigné Nagib Mikati, de "prendre à la légère" ce dossier.
"Ce qu'il s'est passé avec l'archevêque Moussa el-Hage est un examen fait par les autorités pour voir jusqu'où ils peuvent s'en prendre à l'Église maronite. Certains se plaignent de l'intervention de la religion dans l'État, mais aujourd'hui, ils s'attaquent à une confession fondatrice" de l'Etat, a dénoncé Mgr Raï. "Nous réclamons (des autorités) qu'elles arrêtent de qualifier les citoyens libanais qui vivent dans les territoires occupés +d'agents+. Si elles ne le font pas, elles provoqueront un grand mal pour nos paroisses en Terre sainte", a-t-il déclaré, mettant en garde contre "le danger" qui court si les évêques maronites ne peuvent plus se rendre dans leurs paroisses, dont certaines comptent, en plus des Libanais réfugiés en Israël, des maronites qui vivaient en Palestine avant 1948.
Plus de dix mille Libanais appartenant aux communautés chrétienne, druze et chiite ont fui en Israël en mai 2000. Au cours des vingt dernières années, plus de la moitié ont quitté Israël soit pour revenir au Liban, soit pour s’installer dans un pays tiers. Ceux qui ont décidé de rentrer au Liban ont purgé diverses peines de prison et perdu leurs droits civiques. La semaine dernière, le ministre sortant de la Justice, Henri Khoury, avait annoncé son intention de relancer le travail de la commission ministérielle chargée de trouver un mécanisme pour le traitement des dossiers de ces Libanais souhaitant rentrer au pays.
"Nous sommes les premiers à respecter la loi et la justice", a encore lancé le patriarche, demandant aux responsables de restituer le passeport de Mgr Hage et de lui permettre de traverser la frontière à Naqoura "sans arrestation ni inspection".
L'archevêque avait été arrêté il y a une dizaine de jours par la Sûreté générale, lorsqu'il arrivait au Liban-Sud en provenance d'Israël. Mgr Hage avait été interrogé pendant 13 heures par les autorités libanaises, alors qu'il transportait 460.000 dollars et des médicaments fournis par des Libanais de diverses confessions résidant en Israël à leurs proches dans un pays en plein effondrement. Dans une interview accordée à L'Orient-Le Jour, l'archevêque a estimé que sa détention visait à envoyer "un message musclé au patriarche", dont les relations avec le Hezbollah pro-iranien qui exerce une vaste influence sur l'État libanais sont houleuses.
"Un détail"
En ce qui concerne la formation du gouvernement, dans laquelle aucune avancée n'a été enregistrée depuis la seule visite du Premier ministre désigné à Baabda, fin juin, le patriarche a critiqué le fait que le "régime" se comporte dans ce dossier comme s'il n'était qu'un "détail dans la structure du système libanais". "La désignation d'un Premier ministre n'a de la valeur que si elle est suivie de la mise sur pied du cabinet", a-t-il lancé, disant "s'étonner que les personnes concernées par ce dossier s'en moquent, ce qui est une violation de la Constitution et de Taëf". "Ce que nous craignons, c'est que si les forces politiques ne parviennent pas à former un gouvernement, qu'il en sera de même pour élire un président", une échéance dont le délai commence dans un mois.
Depuis sa réunion à Baabda, le 29 juin, au cours de laquelle il avait soumis au chef de l'État une mouture gouvernementale consistant en un remaniement de son cabinet actuel, dans laquelle il avait remplacé, entre autres, le ministre de l'Energie (un grec-orthodoxe proche des aounistes), Nagib Mikati ne s'est plus entretenu avec le président.
Le patriarche a évoqué, en outre, les tensions ayant éclaté ce week-end entre des habitants de Rmeich, village majoritairement maronite du Liban-Sud, et des éléments armés du Hezbollah, se disant "désolé" d'un tel incident. "Nous appelons les forces de sécurité à faire leur devoir et protéger notre population conformément à la résolution 1701 de l'ONU, qui interdit à toute force armée de se trouver" dans la région de Rmeich. La résolution 1701, qui visait à mettre fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah, prévoyait notamment qu'aucune force paramilitaire ne se trouve au sud du Litani.
commentaires (4)
ILS INSISTENT a nous faire avaler que la palestine est la terre des arabes. soit ! ainsi tout arabe devrait alors avoir le droit de la visiter, d'y resider meme. ainsi cela s'appliquant aux arabes israeliens , qui oserait les qualifier de traitres, de collaborateurs ou d'agents ? PERSONNE, au contraire on les qualifie parfois de "resistants" oh la grosse blague qui veut traiter d'agents stipendies les libanais qui resident en palestine .
Gaby SIOUFI
09 h 56, le 01 août 2022