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Culture - Liban Pop

Stéphanie Ghalbouni, le théâtre sans complexes

Stéphanie Ghalbouni, l'une des première comédiennes stand-up au Liban, est une perfectionniste qui connaît son métier. Et le public le sent bien. Elle sera au Théâtre Monnot pour une performance intitulée « Ana mech em hadan », le dimanche 31 juillet. 

Stéphanie Ghalbouni, le théâtre sans complexes

Stéphanie Ghalbouni sera au Théâtre Monnot le dimanche 31 juillet à 21 heures. Photo DR

« La stand-up comedy est pour moi comparable à une thérapie », confie Stéphanie Ghalbouni qui a fait ses débuts il y a 12 ans, bien avant que ce genre d’humour ne soit courant au Liban. « J’étais grosse et la scène était le seul endroit où je me sentais en contrôle, où les gens ne pouvaient pas me faire du mal, me lancer des pointes sur mon poids et me harceler. La stand-up comedy a transformé ma vie », confie-t-elle en toute franchise. «Il y a quelques années, j’étais très grosse, et puis je me suite fait opérer. Aujourd’hui, je pèse 65 kilos de moins, soit tout le poids de ma mère et le tiers de ma sœur ! Je me suis inscrite dans un club sportif et mon entraîneur m’a dit un jour, alors que j’étais arrivée en retard, ‘Fais cinq fois le tour du stade en courant et fais 60 push-ups’. Je l’ai regardé et je lui ai dit, c’est moi qui ai payé pour venir ici, pas toi ! ».

Photo DR

Agée de 32 ans, Stéphanie a un beau sourire et un sens naturel de la communication avec son entourage et son public, sans jamais les agresser, et toujours en toute simplicité. Soucieuse du détail et à la limite perfectionniste, elle tisse ses textes comme une pièce de dentelle. Etant l’une des rares femmes comédiennes de stand-up – elles sont cinq en tout au Liban - elle sait qu’elle n’a pas droit à l’erreur, comme tous les métiers traditionnellement réservés aux hommes. La misogynie, elle l’a sentie à plusieurs reprises. « Souvent, les gens se permettaient de me signaler que pour faire de la scène, je devais perdre du poids. Une remarque qu’ils ne feront jamais– ou très rarement – à un homme acteur. Certains spectateurs aussi ne supportent pas qu’une comédienne de stand-up parle de sexe alors que les hommes se le permettent en toute liberté. Pour ma part, je ne le fais que rarement et quand je le fais, parfois certaines personnes du public viennent me voir après le spectacle pour me faire la remarque suivante : ‘Vous êtes une femme, vous ne pouvez pas parler de ça ».

Une passion ancienne pour les planches

Stéphanie Ghalbouni s’est spécialisée en audiovisuel à l’Université Antonine où elle faisait également partie d’un groupe de théâtre, qu’elle n’a jamais quitté tout au long de ses études universitaires. Elle a pris part aussi à plusieurs ateliers avant de monter sur les planches. « À l’époque, les Libanais n’étaient pas habitués à la comédie stand-up. C’était avant la création d’Awkword en 2017. Il n’y avait même pas de salle prévue pour ce genre de performance et très peu de comédiens de stand-up. Nous nous comptions sur les doigts de la main. Nous devions tout préparer nous-mêmes avant chaque spectacle, même la location de la salle », se souvient-elle.

En 2013, elle prend son courage à deux mains et s’envole pour les Emirats arabes unis où elle participe à un programme de comédie «Dubaï Comedy Show », dans lequel elle était la seule fille. « J’avais 23 ans. J’aurais pu mieux faire… ». C’est après cette expérience qu’elle décide d’accumuler les formations pour acquérir de bonnes techniques et multiplie les ateliers d’écriture. Dans ses spectacles, et dans le plus récent qu’elle présente actuellement et qui est intitulé « Je ne suis la mère de personne », elle parle des enfants (elle a six neveux et nièces), de sa mère et du coronavirus. « La politique est un sujet que j’aborde rarement et que je ne possède pas vraiment. »

Comme toutes les femmes qui réussissent, Stéphanie Ghalbouni connaît ses points faibles et ses points forts, travaille en silence notamment en s’exerçant une fois par semaine avec l’une de ses collègues en écrivant et peaufinant de nouveaux textes, encourage les autres comédiens et se livre sur son métier et ses succès avec franchise et modestie. Pour elle, qui travaille également depuis sept ans dans une ONG soutenant les enfants à besoins spéciaux, la scène est un endroit où elle peut se débarrasser des choses qui pèsent et qui font mal. En mai dernier, elle disait à ses spectateurs : « Je suis originaire de Batroun, et demain mon père n’ira pas voter pour le Courant patriotique libre (CPL)… Car il est mort ». « C’était la première fois, deux ans après la disparition de mon père, que j’ai pu formuler cette phrase »….

« Ana mech em hadan » au théâtre Monnot le dimanche 31 juillet à 21 heures.  

« La stand-up comedy est pour moi comparable à une thérapie », confie Stéphanie Ghalbouni qui a fait ses débuts il y a 12 ans, bien avant que ce genre d’humour ne soit courant au Liban. « J’étais grosse et la scène était le seul endroit où je me sentais en contrôle, où les gens ne pouvaient pas me faire du mal, me lancer des pointes sur mon poids et me harceler. La stand-up...

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