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Lifestyle - This is America

Au musée du quotidien, l’ordinaire devient extraordinaire

Le quotidien et la routine tuent, dit-on, et chacun s’acharne à s’en sortir comme il peut... Une jeune femme de l’État du Vermont semble penser le contraire, plaidant en faveur de la recherche de la beauté dans les objets usuels. Au point de leur dédier un musée inédit, générant toute une dynamique artistique.

Au musée du quotidien, l’ordinaire devient extraordinaire

Des objets ordinaires qui deviennent extraordinaires dans ce Museum of Everyday Life. Photo tirée de la page Facebook du musée

« One man’s trash is another man’s treasure » (« La poubelle des uns est le trésor des autres) ». Ce vieux proverbe anglais fait écho au Museum of Everyday Life, le musée de la Vie quotidienne. Installé dans une vieille grange du nord de l’État du Vermont, il s’intéresse à l’esthétique cachée des menus objets (épingles de sûreté, vieilles boîtes d’allumettes, clés rouillées, ciseaux). Loin d’être statique, ce lieu bouge puisqu’il organise, entre autres activités, des expositions portant sur la dynamique de notre quotidien. Sur son site web, il se présente comme « une expérience muséale révolutionnaire en cours basée à Glover, dans le Vermont. Notre mission est une classification épique et lente du quotidien, une expression détaillée et théâtrale pleine de gratitude et d’amour pour la vie minuscule et peu glamour sous toutes ses formes. Nous célébrons ici la banalité et le plaisir mystérieux présents dans les objets anodins, mais très appréciés, auxquels nous avons accès tous les jours. Dans la poursuite de cette mission, nous nous posons certaines questions : « Comment serait-ce d’imaginer un musée rempli, non pas d’objets rares, mais de pièces parfaitement familières ? » « À quoi cela ressemblerait-il de défier les musées traditionnels ? » et « Comment serait-ce possible de créer des assemblages d’éléments inaugurant des liens essentiels et vibrants entre les objets et les personnes ? »

Des objets ordinaires qui deviennent extraordinaires dans ce Museum of Everyday Life. Photo tirée de leur page Facebook

Plus loin que l’insolite

C’est en tous les cas ce qu’a réussi à faire la créatrice de ce musée Claire Dolan, qui a voulu l’emmener plus loin que juste pour une escale insolite. Cette infirmière et marionnettiste vivant dans le Vermont a fondé ce musée dédié au banal en 2011 après avoir nettoyé sa grange et réalisé qu’elle détenait un grand nombre de gadgets dont la portée méritait d’être mise en relief loin de toute nostalgie. Elle leur a ainsi donné trois dimensions. La première est développée dans le département de philosophie, entraînant la production et la publication d’écrits théoriques sur les personnes, et leur relation aux objets et les méthodologies de conservation. La deuxième s’épanouit dans la Société de performance du musée de la Vie quotidienne qui monte des spectacles de marionnettes et autres représentations scéniques, dans un souci permanent d’interroger la vie quotidienne à travers celle des objets. Enfin, Claire Dolan s’est intéressée à élaborer des expositions qui rendent plus tangible et concret le théorique de notre quotidien. « Nos expositions spéciales ont exploré des objets ordinaires, tels que le crayon, l’épingle de sûreté, le miroir, la brosse à dents, l’allumette, les serrures, les clés et les ciseaux, explique-t-elle sur son site. Ces expositions examinent les objets en profondeur, retracent leurs origines et examinent, en outre, leur vie à travers l’histoire en relation avec toutes sortes d’expériences humaines. » Ces expositions spéciales font appel à la contribution de nombreuses personnes de différents horizons (étudiants, voisins, collectionneurs, artistes), dont l’apport enrichit l’événement.

L’entrée du musée. Photo tirée de leur page Facebook

De l’Artsy à l’art

Actuellement, et sous le titre Becoming Clean, les cimaises du Museum of Everyday Life développent le thème de la propreté. Dès l’entrée dans cet espace insolite, le visiteur peut entendre le bruit de l’eau qui coule en faisant face à une ancienne baignoire remplie, entourée de tout le nécessaire pour prendre un bon bain : éponges, articles exfoliants, divers savons et nettoyants, vieilles poignées de robinet en porcelaine, bidet, bassins pour tremper ses pieds, canard en caoutchouc pour les enfants et affiches vintage illustrant le mode d’emploi pour bien se laver les mains. Un pamphlet explique l’installation : « Des baignoires émaillées bourgeoises aux bains de sable des nomades du désert, des baptêmes aux bains publics, l’humanité a développé une énorme variété de stratégies en réponse à l’impulsion persistante de se «nettoyer». L’état d’être sale est-il perpétuel ? Comment vivons-nous l’impureté corporelle ? Quels habitudes et rituels quotidiens nous donnent le sentiment d’en être libérés ?

Quels autres types d’impuretés non corporelles ce lavage implique-t-il ? Le lavage des mains sans fin de Lady Macbeth soulève la question : pouvons-nous vraiment devenir propre ? »

À noter que l’expression anglaise « Becoming clean » est souvent utilisée dans son sens figuré signifiant « s’être débarrassé d’une addiction ».

Un aperçu de l’exposition actuelle sous le titre « Becoming Clean » . Photo tirée de leur page Facebook.

Le musée de l’Innocence d’Orhan Pamuk

De ce que l’on appelle les petites choses de la vie, Claire Dolan a tiré de grandes installations thématiques minutieusement élaborées, repoussant les limites de l’Arsty jusqu’à l’art. Son musée est également partenaire du festival « Banners and Cranks », une manifestation annuelle itinérante de chants et de spectacles excentriques. L’autre particularité de ce lieu est qu’il fonctionne à la manière d’un libre-service avec une pleine confiance accordée aux visiteurs. En arrivant, ceux-ci ne trouveront personne pour les accueillir. Il leur est simplement demandé d’allumer la lumière, d’entrer et de passer dans ces lieux autant de temps qu’ils le désirent. Un petit panneau leur rappelle d’éteindre les lumières avant de partir. Dans ce musée de l’ordinaire, tout devient extraordinaire. Ce qui n’est pas sans rappeler le magnifique musée de l’Innocence à Istanbul. L’œuvre de l’écrivain turc Orhan Pamuk (Prix Nobel de littérature, 2016), qui regroupe dans une maison pleine de poésie et de mystère plus d’un millier d’objets du quotidien présents dans son roman au titre éponyme.

« One man’s trash is another man’s treasure » (« La poubelle des uns est le trésor des autres) ». Ce vieux proverbe anglais fait écho au Museum of Everyday Life, le musée de la Vie quotidienne. Installé dans une vieille grange du nord de l’État du Vermont, il s’intéresse à l’esthétique cachée des menus objets (épingles de sûreté, vieilles boîtes...

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