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Moyen-Orient - Turquie

La censure anti-LGBTQ+ frappe à nouveau dans une université d’Istanbul

Trois films dont l’intrigue présente des personnages appartenant à la communauté homosexuelle ont été bannis par l’administration lors d’un festival de cinéma en plein air organisé au sein de la faculté de Boğaziçi.

La censure anti-LGBTQ+ frappe à nouveau dans une université d’Istanbul

Des étudiants de l’Université de Boğaziçi, à Istanbul, protestant contre la nomination directe du nouveau recteur de la faculté par le président turc, le 4 janvier 2021. Photo d’archives AFP

Plus d’un an et demi après l’éclatement d’un mouvement de protestation inédit porté par des enseignants et des étudiants de l’Université Boğaziçi d’Istanbul – souvent qualifiée de Harvard turque –, le rectorat n’en finit pas de provoquer de nouveaux émois. À l’origine du dernier épisode en date, l’organisation, par le club de cinéma baptisé BÜ(S)K, de cette prestigieuse faculté du pays d’une projection en plein air de divers films sur le campus. À l’affiche, figurent notamment trois films dont l’intrigue présente des personnages appartenant à la communauté LGBTQ+, Go, Laurence Anyways ainsi que le documentaire turc Benim çocuğum (Mon enfant).

L’événement, qui a débuté le 18 juillet courant, se tient comme chaque année pendant près d’un mois durant lequel 11 films sont projetés. Six jours avant le lancement, le club annonce sur ses réseaux sociaux la programmation, préalablement transmise à l’administration de la faculté, et approuvée par le ministère turc de la Culture et du Tourisme.

Ce n’est qu’à l’ouverture du festival que le club apprend que ces trois films seront censurés sans justification à l’appui. « Nous avons été informés de la censure par un coup de fil du conseil des activités étudiantes (dépendant du rectorat) indiquant que certains films n’étaient pas approuvés et qu’aucune autre explication ne serait donnée », explique un membre de BÜ(S)K ayant requis l’anonymat. Le club reçoit également un avertissement selon lequel des sanctions disciplinaires seront prises à son encontre s’il décide d’ignorer l’interdiction. Vendredi dernier, les étudiants ont ainsi été privés de la projection du documentaire Benim çocuğum. Primé à maintes reprises à sa sortie, il porte sur « un groupe très courageux et inspirant de parents de personnes lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres en Turquie qui redéfinissent ce que signifie être parents, famille et militants dans une société conservatrice, homophobe et transphobe », décrit le réalisateur et maître de conférences au sein de l’université Can Candan.

Bouc émissaire

Une décision qui s’inscrit dans le sillage de la répression exercée depuis janvier 2021 à l’encontre de la communauté LGBTQ+ par le précédent rectorat ainsi que celui actuellement en poste. Après la fermeture forcée en février 2021 du club étudiant LGBTQ+ de la faculté, la marche des fiertés organisée en mai dernier sur le campus est sévèrement réprimée par les autorités policières qui arrêtent plus de 70 étudiants. « Depuis un certain temps, l’administration nommée fait pression sur tous les clubs étudiants pour qu’ils n’organisent aucune activité ayant un thème ou un contenu LGBTQ+. L’interdiction (verbale) de vendredi dernier s’inscrit donc dans le cadre de cette répression homophobe et discriminatoire », ajoute Can Candan.

Pour mémoire

Face à la révolte des étudiants de Boğaziçi, Erdogan monte une affaire en épingle

Pour ces membres de la communauté pris pour cible depuis près d’un an et demi, la raison de cet acharnement tient en partie à la volonté des autorités de trouver un bouc émissaire pour justifier le matage de la contestation ayant explosé au sein du campus au début de l’an passé. À l’époque, la nomination par décret présidentiel de Melih Bulu, un proche de Recep Tayyip Erdogan, comme recteur de l’université avait déclenché une série de protestations inédites au sein de l’établissement. Jusqu’au putsch manqué du 15 juillet 2016, c’est parmi une liste de candidats établie par le conseil d’administration de l’université que le reis était chargé de nommer le recteur. Une tradition supprimée par le président, désormais seul décideur en la matière, soucieux de mettre au pas ce fleuron de l’élite occidentalisée. Alors que des centaines de protestataires opposés à cette nomination avaient été interpellés, le président turc avait pris pour prétexte une banderole LGBTQ+ accrochée sur un tableau représentant la Kaaba (édifice datant du VIIe siècle situé dans la cour de la grande mosquée de La Mecque, lieu le plus sacré de l’islam) pour laisser penser que les manifestations émanaient de jeunes athées opposés à l’islam. Et si, six mois plus tard, Recep Tayyip Erdogan a limogé Melih Bulu et nommé par décret un nouveau recteur, Naci Inci, la situation est loin d’avoir changé aux yeux d’une grande partie des étudiants et du corps professoral, ainsi que des membres de la communauté LGBTQ+.

« Université autonome, libre et démocratique »

Dans le viseur de l’administration depuis janvier 2021, Can Candan est l’un des visages du mouvement de contestation. La censure de son film, dont la première académique avait eu lieu sur ce campus en 2013 avec le soutien et la présence du recteur de l’époque, et qui avait été projeté plusieurs fois par la suite, est loin d’être une coïncidence. Le 16 juillet 2021, après 14 ans d’enseignement, Can Candan reçoit une lettre de licenciement signée du recteur actuel. Réintégré par la suite le 4 avril dernier suite à la décision du tribunal administratif de suspendre l’exécution de son licenciement, ce dernier a jugé en mai suivant que son renvoi était illégal. « Je crois que j’ai été ciblé parce que j’ai été un critique vocal, et que j’ai documenté la protestation et rendu mes images aussi publiques que possible, à un moment où la presse libre est empêchée d’entrer dans notre université, dénonce-t-il. Mon licenciement avait pour but de menacer la faculté, ce qui s’est avéré inefficace et n’a fait que renforcer notre résistance. » Toujours actif, le mouvement de contestation au sein du campus a atteint sa 82e semaine. Chaque jour, plus d’une centaine de professeurs tournent le dos au bureau du recteur en guise de protestation, arborant divers slogans, tels que « Nous n’abandonnerons pas » ou « Université autonome, libre et démocratique ». « Toute cette oppression continue de créer une réaction de la part de ceux qui appartiennent vraiment à notre université. Nous nous battons pour que notre voix soit entendue face à toutes ces oppressions et ces injustices », affirme le membre de BÜ(S)K.

Plus d’un an et demi après l’éclatement d’un mouvement de protestation inédit porté par des enseignants et des étudiants de l’Université Boğaziçi d’Istanbul – souvent qualifiée de Harvard turque –, le rectorat n’en finit pas de provoquer de nouveaux émois. À l’origine du dernier épisode en date, l’organisation, par le club de cinéma baptisé BÜ(S)K, de cette...

commentaires (3)

a se demander ce que r t erdogan le neo sultant gardera de l'heritage de m K Ataturk, sans lequel la turquie n'aurait jamais pu etre ce qu'elle est maintenant ! ce neo sultan veut ill faire de cette nation fiere de son heritage-membre des G20-un pays du 4 e monde ?

Gaby SIOUFI

11 h 07, le 27 juillet 2022

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Commentaires (3)

  • a se demander ce que r t erdogan le neo sultant gardera de l'heritage de m K Ataturk, sans lequel la turquie n'aurait jamais pu etre ce qu'elle est maintenant ! ce neo sultan veut ill faire de cette nation fiere de son heritage-membre des G20-un pays du 4 e monde ?

    Gaby SIOUFI

    11 h 07, le 27 juillet 2022

  • Merci OLJ

    Eddy

    10 h 27, le 27 juillet 2022

  • et alors ? votre article -tres long- sur une obscure université turc ne vise visiblement qu'a promouvoir les interets LGBTQ+. C'est en Turquie bon sang ! Tenez, au Myanmar aussi les LGBTetc... sont malmenés. Vite ! un article aussi ! on devient Woke a l'OLJ ??

    Lebinlon

    09 h 25, le 27 juillet 2022

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