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Moyen-Orient - ÉCLAIRAGE

Sissi-Macron : les années passent, les liens restent

Le raïs égyptien était reçu vendredi à l’Élysée pour une brève visite, la première depuis la réélection du président français en mai dernier.

Sissi-Macron : les années passent, les liens restent

Emmanuel Macron recevant son homologue égyptien Abdel Fattah el-Sissi, à l’Élysée, le 22 juillet 2022. Ludovic Marin/AFP

Mêmes sourires. Mêmes accolades chaleureuses. Et même complicité. Les images de la dernière rencontre, vendredi, entre le président français et son homologue égyptien sur le perron de l’Élysée n’ont pas pris une ride. Elles ressemblent, au détail près, à celles des années précédentes. Et évoquent la solidité d’un partenariat devenu étanche aux critiques, aux bisbilles passagères et aux remous de la géopolitique régionale.

Car c’est bien en fidèle allié et en partenaire historique que Abdel Fattah el-Sissi a été reçu à Paris par Emmanuel Macron pour la première visite officielle depuis la réélection de ce dernier à la présidence, en avril dernier. L’entrevue a lieu quelques jours seulement après le déplacement en France du nouveau président de la Fédération émiratie, Mohammad ben Zayed, proche du raïs égyptien, et celle du dirigeant palestinien Mahmoud Abbas, également de passage dans la capitale française mercredi dernier. « Je sens émerger un refrain : il ne rime ni avec démocratie ni avec droits de l’homme », ironisait sur Twitter un internaute en allusion aux critiques adressées à l’Élysée au regard de ces amitiés jugées peu fréquentables.

Éclairage

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Comme à l’accoutumée, les deux hommes ont passé en revue les grands dossiers d’intérêts communs, tels que le nucléaire iranien, la situation en Libye, la « lutte contre le terrorisme » ou encore le réchauffement climatique, alors que l’Égypte s’apprête à accueillir en novembre prochain la COP27, conférence de l’ONU sur le changement climatique. Cinq mois après le début de la guerre en Ukraine, et alors que Paris tente de réduire sa dépendance énergétique aux hydrocarbures russes en faisant appel à de nouveaux fournisseurs, les deux hommes ont également échangé en vue de collaborer face aux « conséquences économiques, énergétiques et alimentaires » du conflit.

Au Moyen-Orient, la rencontre intervient dans un contexte fébrile. Alors que les pourparlers entre Washington et Téhéran en vue d’un accord sur le nucléaire iranien avaient repris à Vienne en avril 2021 sans aboutir, la gestion de l’équilibre sécuritaire demeure prioritaire pour Paris comme pour ses partenaires locaux. La séquence poursuit ainsi la stratégie américaine visant à consolider un nouvel axe émergent, censé contrer l’influence iranienne, entre Israël, l’Égypte, mais aussi les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc. Vendredi, Emmanuel Macron avait également remis à l’ordre du jour l’idée d’un nouveau sommet sur le modèle de celui organisé il y a près d’un an à Bagdad. En août 2021, la « conférence des voisins de l’Irak » avait rassemblé les représentants iraniens et saoudiens, mais aussi turcs, jordaniens et égyptiens, en vue de mettre à l’honneur la stabilité du pays hôte et de contribuer à l’apaisement des tensions régionales.

Relation privilégiée

Outre les enjeux géopolitiques, il s’agit également pour Emmanuel Macron de nourrir un lien stratégique, avant tout commercial, avec son partenaire. Au cours des dernières années, la France et l’Égypte ont renforcé leur relation en matière de défense et d’armement, notamment sous l’impulsion de l’ancien ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, architecte depuis 2015 d’une relation privilégiée entre les deux pays. En l’espace de quelques années, le régime du maréchal Sissi est devenu l’un des principaux clients de l’industrie d’armement française. Un rapport de l’Assemblée nationale place ainsi l’Égypte au troisième rang des exportations avec plus de 6,6 milliards d’euros de ventes sur la période 2011-2020.

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Malgré les controverses successives et un froid passager lié en 2019 à la gestion des libertés par Le Caire, le président Macron avait poursuivi l’approfondissement de ce lien. En décembre 2020, il attribuait notamment la Légion d’honneur au raïs égyptien. La rencontre à Paris de décembre 2021 marquait le retour au beau fixe, inaugurant un nouveau chapitre plus apaisé dans les relations entre les deux pays. En mai 2021, Le Caire confirmait l’achat de 30 avions de combat Rafale à la France, pour un montant de 3,95 milliards d’euros, selon le site d’information Disclose.

Pour les observateurs, ce rapprochement s’est pourtant fait au prix fort. Le dossier des droits humains, relégué au rang des sujets fâcheux, a été progressivement évacué des discussions officielles, pour n’être plus traité que de manière discrète en coulisses. Au lendemain de la visite de vendredi, l’Élysée s’est ainsi contenté de préciser dans son communiqué que « la question (…) a été abordée ».

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Élu président en 2014, M. Sissi n’a eu de cesse de renforcer le dispositif sécuritaire et législatif afin de verrouiller les espaces de liberté sous couvert de lutte antiterroriste. En avril 2020, une loi antiterroriste a été élargie, facilitant plus encore le musellement de l’opposition. Sous la pression internationale, le régime égyptien a consenti au cours des derniers mois à quelques gestes symboliques, ayant notamment permis la libération en janvier dernier du militant palestinien Ramy Chaath. Mais il ne s’agit que de rares mesures exceptionnelles. Selon les ONG de défense des droits de l’homme, plus de 60 000 prisonniers politiques – militants, opposants, journalistes – continuent d’être détenus dans les geôles égyptiennes. Tortures, arrestations, détentions et justice arbitraires y sont devenues le lot commun des prisonniers.

Le sort de Alaa Abdel Fattah, prisonnier égyptien en grève de la faim depuis début avril, planait tout particulièrement sur la visite de vendredi. Figure du soulèvement de 2011, le quadragénaire avait effectué de nombreux séjours en prison avant d’être condamné à cinq années de détention fin 2021 pour « diffusion de fausses informations ». Alors que la pression internationale grandit en vue d’obtenir sa libération, l’informaticien avait obtenu une légère amélioration des conditions de détention grâce à son transfert en mai de la prison de haute sécurité de Tora à l’établissement pénitentiaire de Wadi Natroun.

Mêmes sourires. Mêmes accolades chaleureuses. Et même complicité. Les images de la dernière rencontre, vendredi, entre le président français et son homologue égyptien sur le perron de l’Élysée n’ont pas pris une ride. Elles ressemblent, au détail près, à celles des années précédentes. Et évoquent la solidité d’un partenariat devenu étanche aux critiques, aux bisbilles...

commentaires (2)

Nous voilà rassurés…

Sissi zayyat

14 h 49, le 25 juillet 2022

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Commentaires (2)

  • Nous voilà rassurés…

    Sissi zayyat

    14 h 49, le 25 juillet 2022

  • AH LA LA CES PRESIDNETS FRANCAIS. TOUJOURS SUR LA MEME LIGNEE TRACEE POST DE GAULE. RAPPELEZ VOUS DES COLLEGUES A MACRON, SURTOUT LE PETIT SARKO, QUI AVAIT FAIT DRESSER DES TENTES POUR SATISFAIRE SON ADOUBE INVITE, ie. MOAMMAR KADDHAFI LUI MEME.

    Gaby SIOUFI

    10 h 12, le 25 juillet 2022

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