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Politique - Frontière maritime

Dans l’attente d’une réponse israélienne, le Liban s’accroche à l’optimisme américain

Le vice-président du Parlement Élias Bou Saab espère la reprise des négociations indirectes à Naqoura.

Dans l’attente d’une réponse israélienne, le Liban s’accroche à l’optimisme américain

Amos Hochstein, émissaire américain chargé des négociations indirectes entre le Liban et Israël sur la délimitation de leur frontière maritime, lors de sa dernière visite, le 13 juin, à Beyrouth. Anwar Amro / AFP

L’heure est à l’optimisme affiché dans le dossier de la frontière maritime commune entre le Liban et Israël. Parce que, à l’issue de la dernière visite à Beyrouth, le 13 juin courant, d’Amos Hochstein, émissaire américain chargé des négociations indirectes entre le Liban et Israël sur la délimitation de leur frontière maritime, et des deux entretiens par zoom qu’il a menés par la suite avec de hauts responsables israéliens – le premier une semaine après son départ de Beyrouth, le second vendredi dernier, selon notre chroniqueur politique Mounir Rabih –, l’administration américaine salue « une avancée ».

Lundi soir en effet, le porte-parole du département d’État américain Ned Price annonçait « des échanges productifs » entre le conseiller principal américain à la Sécurité énergétique mondiale et les négociateurs israéliens. Échanges « qui ont fait avancer l’objectif de réduire les différences entre les deux parties », a souligné M. Price, faisant état de la détermination des États-Unis à « rester engagés avec les parties dans les jours et les semaines à venir ». La réaction libanaise n’a pas tardé. Le vice-président du Parlement Élias Bou Saab, qui suit de près le dossier, a qualifié de « positive » la position américaine relayée par le communiqué. « Nous apprécions l’engagement américain d’entrer en contact dans les prochains jours (avec les parties libanaise et israélienne) et espérons que cela aboutira à la reprise des négociations indirectes à Naqoura », a-t-il écrit sur Twitter.

Acceptation par le Liban de la ligne 23

Un développement, alors que les négociations indirectes entre les deux voisins ennemis, sous l’égide des Nations unies et sous médiation américaine, au siège de la Finul à Naqoura, sont interrompues depuis mai 2021 depuis l’annonce par les négociateurs libanais de leur revendication maximaliste d’une zone supplémentaire de 1 430 km2 bordés par la ligne 29. Une revendication jamais officialisée auprès de l’ONU. Les pourparlers avaient d’ailleurs débuté en octobre 2020 sur la base des revendications officielles enregistrées en 2011 auprès de l’ONU, en référence au décret 6433/2011 portant sur une zone de 860 km2 seulement, délimitée par la ligne 23.

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C’est dans ce cadre que le Liban attend la réaction israélienne à la réponse officielle donnée oralement par le chef de l’État Michel Aoun à la proposition du médiateur américain. Le président Aoun avait alors réclamé que la totalité du champ d’hydrocarbures présumé de Cana soit attribuée au pays du Cèdre. « Cette réponse est le signe de l’acceptation du Liban officiel et pour la première fois, de la ligne 23 (avec une courbe pour contourner le champ de Cana), même si le président Aoun était attaché à la ligne 29 maximaliste », commente l’expert en énergie et professeur universitaire Charbel Skaff. Elle est aussi l’expression d’un double refus unanime libanais, « le refus de tout partage avec l’ennemi israélien, car Hochstein avait attribué au Liban les deux tiers de Cana et à Israël le tiers restant, proposant l’exploitation des champs communs d’hydrocarbures par des entreprises tierces », explique une source proche de Baabda sous couvert d’anonymat. « Le refus aussi de cette ligne sinueuse proposée par le médiateur américain », qui, partant de la ligne 23, déviait à mi-chemin vers la ligne Hof pour accorder à Israël une partie du bloc 8, outre la totalité du champ de Karish.En résumé, le Liban réclame le champ de Cana contre le champ de Karish à Israël. Mais outre la position claire du Hezbollah à ce propos, le Liban se garde bien de le dire haut et fort pour ne pas s’attirer les foudres de Washington. « Nous pensons que des menaces américaines pourraient être derrière le recul libanais », observe M. Skaff, évoquant la crainte de sanctions américaines contre le chef de l’État et son gendre Gebran Bassil.

Dans l’attente d’une avancée régionale ?

Rien n’est toutefois joué pour l’instant. Et c’est avec prudence qu’il faut lire l’optimisme affiché de Washington, qui n’est autre qu’une volonté de calmer l’escalade verbale entre le Hezbollah et Israël. Selon notre chroniqueur Mounir Rabih, Israël n’a toujours pas accepté la réponse libanaise. Sans oublier que la crise politique dans ce pays pourrait entraver toute prise de décision à ce niveau. Il faut aussi compter avec la complexité du dossier et la capacité des dirigeants libanais à le traiter avec doigté. « Les responsables libanais ne sont pas à la hauteur de la question », résume Charbel Skaff. À ces entraves possibles à une réponse israélienne imminente, pourrait s’ajouter le dossier régional, autrement dit la question du nucléaire iranien et la lutte d’influence entre l’Iran et l’Arabie saoudite au Moyen-Orient. « La question de la délimitation de la frontière maritime libano-israélienne pourrait faire l’objet d’un package deal régional, estime M. Skaff. Elle pourrait ne se faire qu’au terme de la délimitation de l’influence iranienne et saoudienne dans la région, à l’heure où l’Iran multiplie les signaux positifs pour une reprise des négociations. »

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Alors qu’Israël est près d’extraire son gaz depuis l’arrivée de la plateforme Energean Power en juin courant dans la zone économique exclusive (ZEE) de l’État hébreu, le Liban, lui, attend toujours d’avoir le droit d’exploiter ses ressources gazières. Dans l’attente de l’aboutissement des efforts du médiateur américain, l’ONU entre dans la danse, histoire d’apporter une note d’apaisement au dossier. Selon des informations obtenues par L’Orient-Le Jour, la coordinatrice spéciale pour le Liban Joanna Wronecka a effectué une visite en Israël pour évoquer le dossier, éviter toute escalade et envisager les solutions possibles. Mais cette visite pourrait n’être autre qu’une visite périodique dans le cadre de l’observation de l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU. Selon une source diplomatique, en effet, « avant le briefing au Conseil de sécurité et le rapport du secrétaire général de l’ONU sur la résolution 1701, le coordinateur spécial de l’ONU mène des consultations régulières avec la partie israélienne ». Et ce sachant que le prochain briefing du Conseil de sécurité sur la résolution 1701 est prévu le 21 juillet prochain et que le mandat de la Finul devrait être renouvelé un mois plus tard.

L’heure est à l’optimisme affiché dans le dossier de la frontière maritime commune entre le Liban et Israël. Parce que, à l’issue de la dernière visite à Beyrouth, le 13 juin courant, d’Amos Hochstein, émissaire américain chargé des négociations indirectes entre le Liban et Israël sur la délimitation de leur frontière maritime, et des deux entretiens par zoom qu’il a...

commentaires (2)

Entre-temps les israéliens extraient le gaz et le Liban est puni si Liban encore existe

Eleni Caridopoulou

23 h 43, le 29 juin 2022

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Commentaires (2)

  • Entre-temps les israéliens extraient le gaz et le Liban est puni si Liban encore existe

    Eleni Caridopoulou

    23 h 43, le 29 juin 2022

  • QUELLE DECADENCE ! NOS STUPIDES INCOMPETENTS CORROMPUS ET VOLEURS SONT A LA MENDICITE...

    JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

    13 h 57, le 29 juin 2022

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