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Économie - Crise

« Illégal et inconstitutionnel » : un conseiller de l’ABL tacle l’accord Liban/FMI

« Illégal et inconstitutionnel » : un conseiller de l’ABL tacle l’accord Liban/FMI

Le siège de l’Association des banques du Liban. Photo M.A.

Dans une lettre envoyée au Fonds monétaire international datée du 21 juin, Carlos Abadi, dont la société Decision Boundaries assiste le cabinet international Global Sovereign Advisory dans sa mission de conseil à l’Association des banques du Liban, fait part des craintes de son « client », à savoir l’ABL, face au projet d’accord du Liban avec le FMI. La missive semble avoir fuité sur les réseaux sociaux, à la suite de quoi l’ABL a publié un communiqué précisant « ne pas s’opposer complètement à l’accord », sans pour autant prendre ses distances avec les propos de son conseiller. En début de soirée, plusieurs banquiers libanais se sont non seulement opposés au contenu de cette lettre, mais également au communiqué publié plus tard par l’ABL, soulignant ne pas avoir été mis au courant dans les deux cas.

Un imbroglio découlant donc des craintes sur cet accord préliminaire, résumées par le conseiller en sept points :

– L’accord ne se base pas sur une vision économique pour le Liban.

– C’est une solution comptable et non économique.

– Le document semble se baser sur des points de discussion erronés évoqués par la « société civile » libanaise.

– Sa mise en œuvre serait illégale ou inconstitutionnelle.

– Le texte traite du sujet des pertes de la Banque du Liban d’une façon contre-productive.

– La soutenabilité de la dette libanaise pourrait être rétablie de manière plus efficace que celle qui est mentionnée.

– L’accord pourrait mener à une privation injuste des droits de l’ABL.

Cet accord, en fonction duquel le Liban est supposé obtenir un financement de 3 milliards de dollars sur 4 ans, prévoit le lancement de plusieurs chantiers de réforme, notamment la mise en œuvre du plan de redressement économique du gouvernement, adopté le 20 mai dernier, et l’adoption d’une stratégie de restructuration du secteur bancaire.

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Or ce plan de redressement prévoit de faire supporter les pertes aux banques commerciales d’abord, à la BDL ensuite, avant de toucher aux actifs publics. Dans ce cadre, Carlos Abadi indique qu’une telle répartition des pertes serait injuste car elle ferait porter le fardeau des pertes aux banques alors qu’elles ont été causées en grande majorité par la Banque centrale.

Les banques libanaises demandent plutôt que les pertes du secteur financier, estimées à plus de 70 milliards de dollars, soient principalement supportées par l’État libanais, attribuant ces pertes à des décennies de politiques financières non viables, de gaspillage et de corruption.

Dans son communiqué, l’ABL a toutefois considéré cet accord comme « l’une des plus importantes portes de sortie de la crise actuelle », tout en réitérant que les pertes doivent être réparties de manière juste de sorte à ce que « le secteur bancaire et les déposants ne supportent pas l’intégralité des pertes causées par le secteur public au fil des ans ».

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Dans sa lettre, Carlos Abadi, rapporteur de l’ABL, préconise d’autres solutions pouvant combler le trou financier :

– Mobiliser les actifs de l’État (ce qui pourrait rapporter « jusqu’à 20 milliards de dollars »).

– Utiliser les réserves d’or de la BDL (« 15 milliards »).

– Inverser les conversions de livres libanaises en dollars (qui se résumaient juste à des opérations comptables) qui ont eu lieu depuis octobre 2019 (« 10 à 15 milliards »).

– « Lirifier » des dépôts tout en limitant l’impact sur l’inflation (« 30 milliards »).

– Reconnaître les profits de seigneuriage (générés par la BDL) depuis 2020 (« 5 milliards »).

Outre son rôle envers l’ABL, pour lequel il perçoit 1 million de dollars par an selon un tweet de Jean Riachi, PDG de FFA Private Bank, Carlos Abadi est un banquier spécialisé des marchés obligataires. En avril 2017, il avait été sanctionné par l’Autorité américaine de régulation du secteur financier (Finra), suspendu d’agir en tant que courtier et interdit de s’associer avec tout membre de la Finra.

Dans une lettre envoyée au Fonds monétaire international datée du 21 juin, Carlos Abadi, dont la société Decision Boundaries assiste le cabinet international Global Sovereign Advisory dans sa mission de conseil à l’Association des banques du Liban, fait part des craintes de son « client », à savoir l’ABL, face au projet d’accord du Liban avec le FMI. La missive semble...

commentaires (1)

Ils sont rigolos, les crapules de l'ABL de denoncer l'illegalite du plan de Chami et du FMI (ce qui est vrai) alors qu'eux meme nagent en pleine illegalite avec les restrictions bancaires imposees a leurs clients et les multiples taux de change de la fripouille de la BDL. Toutes ces crapules en cravate devraient etre en prison depuis belle lurette.

Michel Trad

09 h 46, le 23 juin 2022

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Commentaires (1)

  • Ils sont rigolos, les crapules de l'ABL de denoncer l'illegalite du plan de Chami et du FMI (ce qui est vrai) alors qu'eux meme nagent en pleine illegalite avec les restrictions bancaires imposees a leurs clients et les multiples taux de change de la fripouille de la BDL. Toutes ces crapules en cravate devraient etre en prison depuis belle lurette.

    Michel Trad

    09 h 46, le 23 juin 2022

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