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Économie - Énergie

Initiative américaine pour l’électricité : Amos Hochstein « prêt à aider »

Initiative américaine pour l’électricité : Amos Hochstein « prêt à aider »

Le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad (d.) s’entretenant avec l’émissaire américain Amos Hochstein et l’ambassadrice des États-Unis Dorothy Shea à Beyrouth, le 13 juin 2022. Anwar Amro/AFP

Le ministre libanais sortant de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad a affirmé, dans une déclaration à sa sortie d’une réunion avec le Premier ministre sortant Nagib Mikati, que l’émissaire américain Amos Hochstein était « prêt à aider » pour permettre au Liban d’importer du gaz égyptien et de l’électricité jordanienne via la Syrie.

Ces projets composent l’initiative américaine dévoilée en août dernier pour permettre au pays de pallier à son déficit de production de courant. L’acheminement doit se faire via des lignes haute tension et d›un gazoduc traversant tous deux le territoire syrien. Or, pour cela, Washington doit aménager ponctuellement son régime de sanctions imposées par la loi César entrée en vigueur en 2020 et visant tout pays, toute entité ou tout individu collaborant avec le régime du président syrien Bachar el-Assad.

Sanctions et Banque mondiale

La mise en œuvre de ces deux projets tarde à se concrétiser, notamment parce que la question du financement devant être assuré par la Banque mondiale n’a pas été réglée. Walid Fayad explique ce retard par des facteurs « politiques ». Le Liban et la Jordanie ont déjà signé leur contrat commun en janvier, tandis que celui entre l’Égypte et le Liban est presque achevé. Mais aucun acteur n’a encore officiellement signé de contrat avec la Syrie, faute de garantie concernant les aménagements à la loi César. Jeudi dernier, devant la commission des Affaires étrangères au Sénat américain, Amos Hochstein avait toutefois déclaré qu’un « accord préliminaire » à cette fin avait d’ores et déjà été conclu.

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Walid Fayad s’est quant à lui réuni avec le médiateur américain lundi soir. Ce dernier lui aurait fait part de son « enthousiasme pour la mise en œuvre de cet accord dans les meilleurs délais, si possible dans les deux prochains mois », et serait prêt à « coopérer et aider » aussi bien pour le volet des sanctions que pour celui du financement de la Banque mondiale. Cette dernière ne prête généralement pas de fonds aux États en défaut de paiement comme c’est le cas du Liban. Selon des sources proches du dossier, Amos Hochstein aurait également assuré à Walid Fayad qu’il serait « prêt à intervenir auprès de Bagdad pour prolonger le contrat d’importation de fuel irakien au Liban », celui-ci prenant fin en septembre.

À travers cet accord, le Liban importe chaque mois des quantités de fuel irakien incompatible avec ses centrales, mais qu’il échange ensuite avec du carburant conforme fourni par des acteurs sélectionnés via des appels d’offres organisés chaque mois. La première livraison a eu lieu en septembre dernier. Cet accord est actuellement le seul moyen pour EDL d’importer du carburant pour ses centrales qu’elle fait fonctionner a minima.

Les dossiers liés

Le responsable américain était à Beyrouth lundi et mardi pour aborder ce dossier, mais surtout celui de la délimitation de la frontière entre le Liban et Israël qui se disputent une zone maritime exclusive dont le potentiel gazier anime l’actualité depuis plusieurs années. Les autorités libanaises ont réclamé la semaine dernière une médiation américaine après l’arrivée d’un navire censé produire du gaz pour l’État hébreu dans des eaux contestées. Selon Marc Ayoub, chercheur au Issam Fares Institute for Public Policy and International Affairs de l’AUB, « l’aboutissement de l’initiative américaine sur l’électricité semble lié à celui de la délimitation de la frontière maritime », malgré l’absence de déclaration officielle en ce sens.

« C’est pour cette raison qu’un plan B est déjà dans les tuyaux côté libanais, celui-ci consistant à arrêter de subventionner les importations d’essence, ce qui coûte 130 millions à 200 millions de dollars par mois en réserves de devises conservées par la Banque du Liban, pour les utiliser dans l’achat de carburant à EDL, ce qui permettra d’alimenter une partie des centrales du pays », explique encore Marc Ayoub. Cette solution a été au centre d’un échange entre la Banque du Liban et le ministère de l’Énergie dont les échos ont été rapportés dans la presse. La BDL subventionne toujours les importations d’essence au taux de sa plateforme Sayrafa (sensiblement inférieur à celui du marché). Cela limite quelque peu la hausse des prix en livres de ce carburant. Si cette solution était mise en œuvre, ce serait alors EDL qui échangerait ses livres contre des dollars fournis par la BDL au taux de Sayrafa pour acheter du carburant, et non plus les importateurs d’essence.

« La BDL a accepté le principe de cette alternative qui pourrait être activée si l’Irak n’acceptait pas de renouveler son accord de troc de carburant avec le Liban. En contrepartie, les tarifs de l’électricité pourraient être relevés pour atteindre une fourchette allant de 2 500 à 6 000 livres le kilowattheure, contre des tarifs progressifs figés depuis les années 1990 et plafonnés à un peu plus de 200 livres actuellement », a estimé Marc Ayoub. « Les Libanais auront plus d’électricité publique, mais elle leur coûtera plus cher. La facture de générateur privé continuera d’évoluer en fonction du prix du mazout en dollar et du taux de change dollar/livre, et les 20 litres d’essence coûteront environ 1 million de livres, résume-t-il. Cette solution semble cohérente sur le papier, mais sa mise en œuvre suppose qu’EDL soit à jour dans sa facturation (ce qui n’est pas le cas) et parvienne à limiter ses pertes techniques comme les vols, ce qu’elle n’est pas en mesure de faire. »

Sur le dossier de la frontière, Marc Ayoub considère enfin que le Liban a intérêt à trouver un terrain d’entente rapidement, vu la pression exercée par Israël et l’Union européenne. Israël et l’Égypte ont en effet signé hier un protocole d’accord au Caire pour exporter le gaz israélien vers l’Europe à travers des infrastructures égyptiennes, tandis que l’Union européenne veut « renforcer » sa coopération énergétique avec l’État hébreu en réponse au « chantage » de la Russie, qui a baissé, voire coupé, ses livraisons de gaz à certains pays européens.

Le ministre libanais sortant de l’Énergie et de l’Eau Walid Fayad a affirmé, dans une déclaration à sa sortie d’une réunion avec le Premier ministre sortant Nagib Mikati, que l’émissaire américain Amos Hochstein était « prêt à aider » pour permettre au Liban d’importer du gaz égyptien et de l’électricité jordanienne via la Syrie. Ces projets composent...

commentaires (2)

Si on investissait dans la production de panneaux thermiques, photovoltaiques et batteries, ça nous coûterait beaucoup moins cher dans la durée que toutes ces "initiatives" qui ne servent qu’à tenter de redorer le blason du dictateur voisin. Sans compter les créations d’emplois etc. Mais non, le pays a semble-t-il d’autres priorités que le bien-être du peuple…

Gros Gnon

05 h 53, le 16 juin 2022

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Commentaires (2)

  • Si on investissait dans la production de panneaux thermiques, photovoltaiques et batteries, ça nous coûterait beaucoup moins cher dans la durée que toutes ces "initiatives" qui ne servent qu’à tenter de redorer le blason du dictateur voisin. Sans compter les créations d’emplois etc. Mais non, le pays a semble-t-il d’autres priorités que le bien-être du peuple…

    Gros Gnon

    05 h 53, le 16 juin 2022

  • Zero effort du gouvernement depuis l arrivee de ce saltimbanque M I T. N a rien aide’….

    Robert Moumdjian

    00 h 37, le 16 juin 2022

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