Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Patrimoine ukrainien

L’or des cavaliers d’outre-tombe dérobé par l’armée russe

L’or des Scythes ukrainien, une rare collection datant du IVe siècle exposée dans le musée d’histoire régionale de Melitopol, a disparu, alors que les militaires russes occupaient la ville.

L’or des cavaliers d’outre-tombe dérobé par l’armée russe

Vase trouvé près de Voronej, à Chastykh Kurganakh. Le roi Targitai, l’ancêtre des Scythes, donne l’arc, symbole de puissance, à son plus jeune fils (musée de l’Ermitage). Photo D.Kolosov, licence art libre, site A photo

À Melitopol, ville au sud-est de l’Ukraine, les Russes ont fait main basse sur l’or des Scythes ukrainien, une rare collection datant du IVe siècle exposée dans le musée d’histoire régionale de la ville, rapporte Courrier international. L’hebdomadaire français relaie le site d’information Melitopol City qui l’a annoncé début mai. « Nous avons appris que des militaires russes avaient pillé le musée d’histoire régionale de Melitopol. Des collaborateurs ont montré aux soldats russes où était conservé l’or des Scythes découvert par des archéologues dans les années 1950 (…) La municipalité et l’équipe du musée avaient caché la collection et les Russes, qui occupent la ville depuis le 25 février, l’ont cherché systématiquement. » Parmi les objets volés figurent de nombreux bijoux et pièces uniques, dont un étui à flèches gréco-scythe sur lequel est représenté la vie du héros grec Achille. Ce carquois est considéré par les spécialistes comme l’une des pièces archéologiques les plus importantes découvertes sur le territoire ukrainien. De plus, ce carquois est hautement symbolique puisqu’il renfermait jadis l’arme principale que les Scythes avaient inventée : un arc composite formé de plusieurs matériaux qui lui conféraient une résistance et une puissance de tir supérieures à celles des arcs en bois. Et les archers montés à cheval ont d’ailleurs fait la réputation des Scythes.

Collier pectoral gréco-scythe en or du kourgane royal d’Ordjonikidze, en Ukraine, datant de la seconde moitié du IVe siècle av. J.-C. Photo D.Kolosov, licence art libre, site A photo

Nomades guerriers

Qui sont les Scythes ? Il s’agit de farouches guerriers nomades ou sédentaires, vainqueurs du roi perse Darius Ier, qui ont connu leur apogée entre le VIIe et le IVe siècle avant notre ère, et ont peuplé le sud de la Sibérie et l’Ukraine. Ils étaient dirigés par une aristocratie guerrière nomade connue sous le nom de Scythes royaux, mais n’avaient pas bonne réputation. Si leurs parures somptueuses, leur richesse et leur raffinement ont ébloui leurs contemporains, leurs étranges coutumes et la cruauté de leurs usages étaient des images peu attrayantes. On leur prêtait en effet une sauvagerie ravageuse. « Tout Scythe qui tue pour la première fois boit du sang de sa victime ; aux ennemis qu’il abat dans une bataille, il coupe la tête qu’il présente au roi ; s’il présente une tête, il a sa part du butin conquis. Parfois, les Scythes tannent la peau de leurs ennemis, d’autres scient leurs crânes pour les transformer en coupe à boire », écrit l’historien et géographe grec Hérodote dans le livre IV de sa célèbre Enquête (Ve siècle av. J.-C.), après les avoir croisés lors d’un séjour dans la colonie grecque d’Olbia du Pont (dans l’actuelle Ukraine).

Dans la même rubrique

Pour contrer la crise climatique, BAD lance sa machine écologique

Aujourd’hui, les fouilles archéologiques témoignent en grande partie du passé de ce peuple. Dans toute l’aire de leur répartition, en Ukraine comme en Russie, ces tribus ont laissé derrière elles des tombeaux ou « kourganes », décrits comme des tumuli pouvant atteindre 100 à 200 mètres de diamètre et une hauteur de 17 mètres. Un article de l’archéologue russe Sergueï I. Roudenko, publié dans le numéro de septembre 2001 des Dossiers d’archéologie, nous en donne un aperçu.

En 1929, puis de 1947 à 1949, Roudenko avait entrepris la fouille d’une nécropole (datant des Ve et IVe siècles av. J.-C.) à Pazyryk, en Sibérie. Pour la dégager de sa gangue de glace, lui et son équipe durent utiliser de grandes quantités d’eau bouillante pour faire fondre la glace et accéder aux tombes. Là, ils ont trouvé de la vaisselle pleine de boisson et de nourriture, des tapis, des tentures, des vêtements, des corps momifiés, un char, des chevaux richement harnachés, des instruments de musique remontant à près de 2 500 ans. L’ensemble était parfaitement conservé. Sous le sol gelé, « la vie semblait s’être arrêtée ».

Les tatouages du chef

Les chambres funéraires, tapissées et recouvertes de troncs d’arbre, se trouvent au fond d’une excavation de cinq mètres de profondeur. Ici, comme dans toutes les tombes princières, des tissus fastueusement travaillés ont été découverts. De couleur rouge, bleue, jaune ou verte, ils sont brodés de figures humaines, animalières ou de créatures fabuleuses. Magnifiquement caparaçonnés, les chevaux, qui ont joué un rôle crucial chez ce peuple guerrier nomade, partagent la sépulture de leurs maîtres. Sur leurs tapis de selle en feutre rehaussé d’applications décoratives découpées dans du cuir et partiellement recouverts d’une feuille d’or ou d’étain sont relatés les combats des animaux. Pazyryk a également livré un tapis en laine au point noué et aux couleurs vives, avec des motifs de cavaliers, de biches paissant et de griffons. Mesurant 2 m sur 2 m, il est considéré comme le plus vieux tapis du monde.

Dans la même rubrique

Un des plus grands bassins sacrés des Phéniciens posés sur une île italienne révèle ses secrets

Autre découverte des plus intéressantes : le corps d’un chef de tribu embaumé et couvert de tatouages d’animaux se baladant sur une jambe, sur les bras, sur le dos et la poitrine. L’archéologue Sergueï Roudenko qui a entrepris ces fouilles écrit dans son ouvrage Frozen Tombs of Siberia que les tatouages indiquaient probablement « une noble origine ou bien représentaient une marque de courage, voire les deux ».

En Ukraine comme en Russie, les tribus des Scythes ont laissé derrière elles des tombeaux ou « kourganes », décrits comme des tumuli pouvant atteindre 100 à 200 mètres de diamètre et une hauteur de 17 mètres. Photo Wiki Commons

Orfèvres de la steppe

Les découvertes effectuées indiquent d’importants échanges commerciaux entre les Scythes et les autres peuples. Ainsi, ils troquaient leurs chevaux très prisés contre des tapis en provenance d’Iran, des ornements et de la soierie précieuse de Chine ainsi que des métaux d’or et d’argent, car les Scythes étaient de grands orfèvres de la steppe. Les kourganes de « l’aristocratie barbare », dont les rites funéraires impliquaient des sacrifices d’animaux et d’humains et l’enfouissement de trésors considérables à la mesure du chef défunt, ont livré des milliers d’objets d’or ou d’argent et de nombreux ornements cousus sur les vêtements d’apparat et les accessoires des hommes. Maria. P. Zavitoukhina, qui a dirigé des fouilles dans la région de Krasnoyarsk dans le Haut-Altaï, en Sibérie, écrit que « cette culture originale exerça certainement une grande influence sur tout l’art du monde scythe ». Les 172 œuvres ou ensembles de trésors scythes de l’Ukraine, exposées au Grand Palais de Paris en 2001, ont révélé « la finesse de leur travail, la diversité des techniques utilisées et le réalisme des représentations ». Scènes rituelles ou guerrières, animaux paisibles, cruels ou fantastiques, qui ornent les bijoux ou les harnachements des chevaux, sont reproduits « avec vivacité et une parfaite maîtrise plastique ». lls attestent de la remarquable maîtrise de l’art des Scythes. L’or des Scythes fait partie des chefs-d’œuvre de l’art mondial.

À Melitopol, ville au sud-est de l’Ukraine, les Russes ont fait main basse sur l’or des Scythes ukrainien, une rare collection datant du IVe siècle exposée dans le musée d’histoire régionale de la ville, rapporte Courrier international. L’hebdomadaire français relaie le site d’information Melitopol City qui l’a annoncé début mai. « Nous avons appris que des militaires...

commentaires (1)

ACCUSER C'EST FACILE , SURTOUT SANS PREUVE ,CI -JOINT UNE PARTIE DE VOTRE ARTICLE (PREUVE A L'APPUI ) :Un ancien président-DIRECTEUR DU MUSÉE DU LOUVRE Jean-Luc Martinez, a été mis en examen mercredi à Paris pour "BLANCHIMENT ET COMPLICITÉ D'ESCROQUERIE en bande organisée" et placé sous contrôle judiciaire dans une enquête sur un trafic d'antiquités du Proche et Moyen-Orient, NET ET PRECIS.De plus je fais référence à mon commentaire , non publie du 24 mai ..

aliosha

13 h 50, le 26 mai 2022

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • ACCUSER C'EST FACILE , SURTOUT SANS PREUVE ,CI -JOINT UNE PARTIE DE VOTRE ARTICLE (PREUVE A L'APPUI ) :Un ancien président-DIRECTEUR DU MUSÉE DU LOUVRE Jean-Luc Martinez, a été mis en examen mercredi à Paris pour "BLANCHIMENT ET COMPLICITÉ D'ESCROQUERIE en bande organisée" et placé sous contrôle judiciaire dans une enquête sur un trafic d'antiquités du Proche et Moyen-Orient, NET ET PRECIS.De plus je fais référence à mon commentaire , non publie du 24 mai ..

    aliosha

    13 h 50, le 26 mai 2022

Retour en haut