Deuxième forte augmentation des prix des carburants en 48h

Les prix des carburants ont affiché une forte hausse au Liban pour la deuxième fois en l'espace d'une semaine, sur fond de dépréciation de la monnaie nationale qui a déjà plongé plus des trois quarts de la population sous le seuil de pauvreté. 

Selon le dernier barème publié jeudi matin par le ministère de l'Energie, les prix des bidons d'essence à 95 et 98 octane ont augmenté de 17.000 livres, atteignant respectivement 559.000 LL et 569.000 LL. Les 20 litres de diesel (utilisé pour les véhicules) se vendent à 680.000 livres, après une majoration de 65.000 LL. La bonbonne de gaz, elle, coûte 408.000 LL, son prix ayant augmenté de 33.000 LL.

Selon le porte-parole du syndicat des propriétaires de stations-services au Liban, Georges Brax, la hausse des prix de l'essence est due à l'augmentation du taux de change livre/dollar sur la plateforme Sayrafa (conçue par la Banque du Liban (BDL) pour stabiliser ce taux), qui est passé de 23.200 LL à 23.700 LL. L'augmentation du prix du kilolitre d'essence importé de 10 dollars a également contribué à cette majoration, ajoute-t-il. Le prix du mazout, lui, a augmenté en raison de la dépréciation de la monnaie nationale face au dollar sur le marché parallèle, son taux de change s'élevant à 30.887 LL lors de la dernière importation de carburants, contre 28.287 LL au préalable.

Plusieurs sources au sein des filières de distribution avaient confirmé mercredi à L’Orient-Le Jour que les tarifs des carburants seront mis à jour jeudi matin, ce qui devrait temporairement soulager le marché approvisionné au compte-goutte depuis 24 à 48 heures. Un pronostic notamment confirmé à L’Orient-Le Jour par le président du syndicat des distributeurs de bonbonnes de gaz, Jean Hatem, et M. Brax, dans un Liban en crise depuis plus de deux ans et demi et qui connaît des taux d’inflation records, sur fond de dépréciation massive de sa monnaie (de l’ordre de 95% de sa valeur). Une partie des stations-services était d’ailleurs fermée mercredi, d’autres rationnaient la distribution, tandis que des automobilistes s’agglutinaient devant les rares points de vente distribuant du carburant normalement.

Les prix de l’essence sont calculés en fonction du taux de Sayrafa, inférieur à celui du marché parallèle et auquel la BDL accepte, via les banques, de convertir en dollars les livres fournies par les importateurs, des livres provenant du produit des ventes d’essence sur le territoire qui se font exclusivement dans la monnaie nationale. Le mazout est essentiellement vendu en dollar, et le gaz en livres mais au taux du marché.

Selon les sources contactées, les filières de distribution de carburant se heurtent à deux problèmes, plus ou moins importants en fonction des catégories d’hydrocarbures. Le premier est lié à la volatilité du taux de change, qui a rapidement rendu obsolètes les derniers tarifs fixés. Le second est provoqué par les retards des banques à convertir en dollars l’ensemble des montants en livres déposés par les importateurs de carburant. "Sur une facture de 40 milliards, la banque nous en convertit le quart au taux de Sayrafa, mais avec 4 à 5 jours de décalage, ce qui provoque une perte si le taux a grimpé. Elle met ensuite plusieurs jours voire semaines à convertir le reste. Cette situation perdure depuis un certain temps déjà et c’est problématique", explique une source auprès d’une société importatrice. Un scénario confirmé par une autre avec des proportions et des délais marginalement différents (30% du montant directement converti et une situation qui perdure depuis un mois et demi).