Un campement de réfugiés syriens, le 19 avril 2022 à Deir Znoun, dans la vallée libanaise de la Békaa. Photo REUTERS/Mohamed Azakir
Depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, les réfugiés syriens ont coûté au Liban "plus de 33 milliards de dollars", a affirmé mardi le chef de la diplomatie libanaise, lors de la conférence de Bruxelles VI sur la Syrie. Le ministre des Affaires étrangères a dans ce contexte appelé une nouvelle fois au "rapatriement sûr et digne" de ces réfugiés.
"Actuellement, il y a au Liban environ un million et demi de déplacés syriens, et un peu moins d'un demi million de réfugiés palestiniens, ce qui constitue environ un tiers du nombre de résidents libanais", a affirmé le ministre Bou Habib, lors de l'assemblée générale de la conférence.
"Selon une étude internationale, le coût des déplacés (syriens) pour le Liban ont atteint trois milliards de dollars par an, ce qui équivaut à 33 milliards de dollars sur 11 ans", a souligné le responsable libanais lors de son allocution.
Réfugiés "économiques"
"La plupart des déplacés syriens ne sont pas des déplacés politiques mais économiques", a encore soutenu Abdallah Bou Habib. Selon lui, "la situation économique et sécuritaire actuelle en Syrie est meilleure que celle du Liban (...)". Il a ensuite affirmé que "les donateurs sont en train de créer pour les déplacés syriens une nouvelle UNRWA (l'agence onusienne pour les réfugiés palestiniens, NDLR)".
"Le gouvernement libanais n'a pas la capacité d'attendre une solution politique en Syrie" pour le retour des réfugiés chez eux. "Le Liban n'a pas non plus les capacités d'empêcher" les migrants de quitter son territoire clandestinement par la mer, alors qu'un naufrage meurtrier de migrants au large de Tripoli a secoué tout le pays récemment.
Depuis plusieurs semaines, les responsables libanais exhortent la communauté internationale à ne plus aider les réfugiés dans leur pays d'accueil, mais seulement une fois qu'ils seront rentrés en Syrie, un appel auquel n'a pas répondu l'Union européenne (UE), qui a assuré lors de la Conférence qu'elle maintiendrait son soutien financier aux déplacés et appelé les pays donateurs à faire de même. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a ainsi annoncé que l'UE portera une aide de 1,56 milliard d'euros en faveur des réfugiés et déplacés syriens pour 2022, et appelé les autres participants à la 6e conférence des donateurs organisée à Bruxelles à ne pas abandonner la Syrie. "Pour 2023, l'UE apportera le même soutien financier, soit 1,56 milliard", a-t-il ajouté, devant les représentants des quelque 70 Etats et institutions internationales présents à cette conférence.
Le Liban réclame régulièrement le départ des plus d’un million de réfugiés syriens présents sur son territoire depuis le début de la guerre civile dans leur pays en 2011, une revendication qui se fait plus pressante alors que le pays du Cèdre est embourbé depuis 2019 dans une grave crise économique.
La semaine dernière, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les Réfugiés (UNHCR) avait appelé les autorités libanaises à "continuer de respecter le principe de protection des réfugiés" et la communauté internationale à fournir davantage de soutien au Liban. Cet appel intervenait peu après que Beyrouth a officiellement fait part à l'Onu de son incapacité à supporter la présence sur son territoire de ces réfugiés. Vendredi dernier, le président de la République, Michel Aoun, avait affirmé que les réfugiés restent au Liban parce qu'ils y reçoivent des aides internationales.
commentaires (5)
Ah bon, je ne savais pas que l’état libanais disposait de milliards pour les dépenser sur les réfugiés alors que les citoyens libanais crèvent la dalle et en plus sont dépouillés par ces mêmes généreux accueillants qui ne cessent de vouloir rapatrier les syriens sans jamais oser le proposer à leur allié Assad de peur qu’ils les réprimande en ne les soutenant pas pendant les nominations futures. Quelle bande d’hypocrites ils font.
Sissi zayyat
14 h 22, le 14 mai 2022