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Culture - Initiative

Quand la diplomatie se met au service de l’art

Les portes de la résidence de l’ambassadrice des États-Unis au Liban sont désormais ouvertes une fois par mois pour honorer l’art libanais. Le mercredi 27 avril, pour la troisième soirée dans le cadre du programme « Meet the Artist », mise au point par Dorothy Shea et son équipe, Georges Tomb, grand compositeur libanais et pianiste de renommée mondiale, était l’invité d’honneur.

Quand la diplomatie se met au service de l’art

« Plus de cinq heures d’entraînement par jour sont nécessaires », conseille Georges Tomb aux jeunes musiciens libanais. Photo DR

Il est très commun à travers le monde d’évoquer, lorsqu’on pense au Liban, son hospitalité et l’accueil chaleureux de ses habitants. On pourrait penser que si l’ambassadrice des États-Unis Dorothy Shea, en mission au Liban depuis deux ans, a voulu ouvrir sa demeure pour utiliser la culture comme outil afin de dresser un pont entre les États-Unis et le Liban, c’est qu’elle fut atteinte par ce syndrome d’essence libanaise. Mais c’est mal connaître la diplomate.

Passionnée de culture, amoureuse de l’art en général et férue d’art libanais en particulier, c’est une hôtesse souriante et affable qui accueille ses invités. La simplicité, l’enthousiasme, la beauté et la modestie étaient au rendez-vous ce soir-là, tant pour elle que pour son invité d’honneur, le grand compositeur et pianiste libanais Georges Tomb. Il est le troisième des artistes à participer à l’événement culturel « Meet the Artist », après Raouf Rifaï (artiste peintre libanais et dont les œuvres recouvrent les murs de la demeure) et Zeina Daccache (actrice et réalisatrice libanaise). Cette initiative, l’ambassadrice l’a réfléchie avec entrain et passion, l’a méticuleusement mise au point avec toute son équipe : Kristina Hayden (chargée des affaires publiques), Julie Mrad (responsable du programme) et Hermila Yifter (attachée culturelle), avec pour seul but de mettre en relation les artistes libanais confirmés et la génération future, de promouvoir l’art et d’encourager les jeunes talents de demain. C’est ainsi qu’une fois par mois, les portes de la demeure, qui regorge d’œuvres d’art glanées au fil des déambulations artistiques et libanaises de l’ambassadrice, s’ouvrent pour laisser à un artiste, devant un parterre de personnalités et d’étudiants, présenter ses œuvres d’abord puis se tenir à la disposition de la jeunesse pour répondre à ses questionnements et dissiper ses doutes. « L’initiative, la diplomate l’a voulue personnalisée, nous confie son attachée culturelle, pour que le monde sache que l’ambassade des États-Unis n’est pas uniquement un lieu pour le maintien des contacts et des échanges permanents entre un pays et l’autre, pour la diplomatie, la section consulaire et la mission économique, mais un lieu ouvert à l’art où la culture a une place sacrée. Ce programme veut avant toute chose privilégier le contact direct. » Et rien de plus direct que cette jeune femme souriante à volonté, passionnée pour tout ce qui touche à l’art libanais, de l’habillement à la joaillerie, en passant par la peinture, la sculpture et les arts scéniques, et qui a décidé de recevoir à la libanaise et d’honorer les artistes libanais.

L’ambassadrice Dorothy Shea, en mission au Liban depuis deux ans, a voulu ouvrir sa demeure pour utiliser la culture comme outil afin de dresser un pont culturel entre les États Unis et le Liban. Photo DR

La musique, seul langage pour unifier les peuples

On ne présente plus Georges Tomb. Compositeur et pianiste libanais âgé d’à peine 30 ans, il a été joué par plus d’un orchestre philharmonique, a composé pour maints pays d’Europe ainsi que pour les États-Unis, a plus d’un prix de reconnaissance à son actif : celui de « Best Film Soundtrack », pour le Hollywood Golden Gate Festival à NYC, et celui de « Outstanding Excellence » pour le film de Daisy Gedeon, Enough ! Lebanon Darkest Hour. Pour fêter les 140 ans de la création du chef-d’œuvre mondial de la littérature enfantine Les Aventures de Pinocchio, il compose actuellement la musique du ballet Pinocchio qui prendra son envol en septembre en Italie, se déplacera vers la capitale britannique, pour enfin réaliser une tournée mondiale. Georges Tomb espère pouvoir présenter le spectacle un jour à Beyrouth. Dans la demeure de l’ambassadrice, et en présence d’Ann Dismorr (ambassadrice de Suède), de Hermano Telles Ribeiro (ambassadeur du Brésil) et de Nicoletta Bombardiere (ambassadrice d’Italie), ainsi que des directeurs et représentants de quatre écoles de musique, Christine Arzoumanian Ghazarian (Hamazkayin Art School), Walid Moussallem (Conservatoire national de musique), Ghassan Rahbani (Académie Élias Rahbani) et Ghassan Yammine (École des arts), l’invité d’honneur a offert aux 31 invités quatre morceaux choisis parmi son répertoire : I Will Prevail, un morceau de sa propre composition qu’il a créé avec l’Orchestre philharmonique de Kiev, She de Charles Aznavour, Yesterday de John Lennon et Paul McCartney, et après l’insistance d’un public non rassasié, il terminera avec The Way We Are de Barbra Streisand, sous le regard enchanté des neuf artistes émergents âgés entre 15 et 25 ans (pianistes et ou compositeurs) qui représentaient les quatre écoles. Étaient aussi présents Simon Karam et Gabriel Issa, anciens ambassadeurs du Liban aux États-Unis.

La diplomate américaine Dorothy C. Shea en compagnie du pianiste et compositeur Georges Tomb. Photo DR

Les élèves s’interrogent et l’artiste les réconforte

Aux questions des étudiants, Georges Tomb a exprimé avec beaucoup de bonheur d’abord son enthousiasme face « au niveau de musique phénoménal atteint au Liban », et ce grâce au Conservatoire et autres écoles de musique, ensuite son désarroi face au manque d’initiatives de la part du ministère de la Culture pour motiver, soutenir et porter les talents émergents. Il avoue avec beaucoup d’humilité que. pour avoir avoir vécu à l’étranger, côtoyé les établissements les plus prestigieux et saisi toutes les opportunités, il a eu eu beaucoup de chance. « Mais la jeunesse d’aujourd’hui, dans un pays en crise, n’a pas accès à cette ouverture, elle devrait être soutenue par son propre pays. La musique est un magnifique langage pour unifier les peuples », a-t-il martelé. Et à la question d’une étudiante quant au pouvoir de jouir de la beauté de l’art dans un pays qui va à la dérive, le compositeur insistera sur le rôle du ministère de la Culture pour soutenir les orchestres, les écoles, les institutions, encourager les festivals et, pourquoi pas, se doter d’une salle d’opéra convenable.

Pour mémoire

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Pour Georges Tomb, qui avoue que la musique ne le quitte jamais, qu’il respire en elle, pour elle et avec elle, s’endort et se réveille en notes de musique et partitions qu’il rêve, pour s’accomplir réellement, il n’existe qu’une seule réponse, la pratique et la détermination. « Plus de cinq heures d’entraînement par jour sont nécessaires », et de préciser qu’il faut commencer très jeune pour ne pas perdre l’énergie, surtout si on tend à jouer de la musique classique. « Quant aux qualités requises, elles devraient être celles qui font que vous soyez toujours prêts à affronter le stress de la scène pour gagner en assurance. » Pour lui, la confiance s’acquiert encore et toujours par la pratique continue. « Avec le temps, tout devient naturel et l’angoisse de la scène s’estompe. » Quant à l’ambassadrice à qui son attachée culturelle pose la même question : « Et vous, Mme l’Ambassadrice, qui êtes toujours en représentation, comment faites-vous ? » C’est avec beaucoup d’humour que la réponse fuse : « La pratique ! »

Et l’on ne peut s’empêcher de penser, à l’heure où la soirée tirait à sa fin, que si le monde était régi par les femmes, la beauté, les amoureux de l’art et ceux qui l’honorent, il se porterait bien mieux. Merci, Mme l’Ambassadrice, de nous le rappeler.

Il est très commun à travers le monde d’évoquer, lorsqu’on pense au Liban, son hospitalité et l’accueil chaleureux de ses habitants. On pourrait penser que si l’ambassadrice des États-Unis Dorothy Shea, en mission au Liban depuis deux ans, a voulu ouvrir sa demeure pour utiliser la culture comme outil afin de dresser un pont entre les États-Unis et le Liban, c’est qu’elle fut...

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