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Campus - MÉMOIRE DE LA GUERRE

À l’ULS, un cours en ligne sur les disparus de la guerre civile au Liban

Ouvert à tout public, ce cours permet à celles et ceux qui s’y inscrivent de se familiariser avec le dossier des disparus de la guerre civile au Liban et dans le monde arabe, à travers des entretiens, des témoignages, des illustrations et des documentaires.

À l’ULS, un cours en ligne sur les disparus de la guerre civile au Liban

Lors de la cérémonie de lancement du nouveau MOOC, de gauche à droite, Reina Sfeir, directrice de la Clinique juridique pour les droits de l’homme à l’ULS, Wadad Halawani, du comité des familles des disparus, Lina Jarrous, de SEEDS et le Dr Carmen Abou Jaoude. Photo Université la sagesse

La Clinique juridique pour les droits de l’homme à l’Université la sagesse (ULS) a lancé un MOOC (cours en ligne ouvert et massif) sur les disparus et les personnes victimes de disparition forcée au Liban. Soutenu et financé par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), dans le cadre du projet interuniversitaire intitulé « Dealing with the past » (Faire face au passé), ce programme vise, d’après Reina Sfeir, directrice de la Clinique juridique pour les droits de l’homme à l’ULS, à pallier le manque académique, à aider les jeunes générations à comprendre le passé, à en tirer les leçons pour ne pas répéter les mêmes erreurs. Il cherche surtout à braquer les projecteurs sur cette plaie béante que constitue ce dossier, à s’attaquer sérieusement à la question des disparus en apportant un effort de réflexion et d’examen critique du passé. « Comme j’enseigne la matière des droits de l’homme à l’ULS, j’ai remarqué que les jeunes étudiants en droit manquent d’informations concernant leur histoire, notamment ce qui s’est passé durant la guerre dans les années 70, d’autant que les manuels d’histoire au Liban s’arrêtent malheureusement à l’époque de l’indépendance », dit-elle. « Par conséquent, ils n’ont pas leurs propres opinions et ont souvent tendance à reproduire celles de leurs parents ou de leur entourage », a-t-elle encore indiqué.

« En incitant mes étudiants, mais aussi le public en général, à suivre ce cours, nous cherchons à mettre à leur disposition des données, des graphiques, des chiffres, des témoignages de personnes qui ont vécu la guerre, chacune la relatant comme elle l’a vécue avec en parallèle des concepts et des lois pour qu’ils puissent comprendre que les victimes sont de tous les bords, de sorte à permettre à entamer ultérieurement un travail de mémoire collectif », explique Mme Sfeir. « En 1991, la loi d’amnistie générale votée à la fin de la guerre ( le 26 août 1991, NDLR) a libéré tout le monde de toute responsabilité mais le crime perdure depuis », remarque-t-elle encore, ajoutant que « l’impunité fait que les chefs de guerre sont toujours au pouvoir et du coup rien ne change ». « Le vote de la loi 105 en 2018 permettant la formation d’un comité national chargé de la question des disparus, et garantissant les droits des familles à l’accès à l’information et à la protection n’a pas permis jusqu’à présent, faute de budget, de faire la lumière sur le sort des milliers de disparus », déplore Reine Sfeir.

Conçu et préparé en collaboration avec l’organisation à but non lucratif SEEDS for Legal Initiatives qui s’est occupée du volet technique, ce MOOC dont le contenu est signé par le Dr Carmen Abou Jaoudé, s’articule autour de six séances virtuelles de 30 à 40 minutes chacune. Gratuit, en langue arabe, obligatoire pour les étudiants de l’ULS, et ouvert à tout public intéressé par cette question épineuse, le cours permet à celles et à ceux qui s’y inscrivent, notamment les jeunes parmi eux, de se familiariser avec le dossier des disparus de la guerre civile au Liban et dans le monde arabe mais aussi de comprendre les concepts et les terminologies en rapport avec les notions de droit humain, des disparitions forcées et des crimes contre l’humanité, tout comme ce qu’est la justice transitionnelle comme outil et stratégie de construction de la paix. Et ceci à leur propre rythme et au travers d’entretiens, de témoignages, d’illustrations et de documentaires. Le cours s’attaque aux multiples aspects liés à ce dossier tant sur le plan historique que sur celui de la justice, de l’impact social ou encore de l’implication et la participation de la société civile. Au terme des six séances, le candidat recevra, s’il réussit son évaluation, un certificat.

À l’heure où le droit international humanitaire (DIH) stipule que le droit des familles de connaître le sort de leurs proches portés disparus doit être respecté et protégé et que la responsabilité première de prévenir les disparitions et d’établir le sort des personnes portées disparues incombe aux États, qui doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour fournir des renseignements aux familles concernées, les parents des disparus de la guerre civile au pays du Cèdre réclament toujours le « droit de savoir ». Contrairement à beaucoup de pays, le Liban, dont la sortie de guerre demeure problématique et inachevée, n’a pas connu une transition politique incluant un processus de justice transitionnelle. Et c’est ainsi que plus de trente ans après la fin du conflit armé, ces dernières ignorent toujours ce qu’il est advenu de leurs proches et vivent dans un état permanent d’épuisement émotionnel, d’inquiétude et de désespoir. Incapables de faire leur deuil, elles ne peuvent baisser les bras et se résigner à l’idée que ce fils, ce conjoint, ce père, ce frère ou ce parent n’est peut-être plus en vie tant qu’aucune preuve fiable et tangible ne leur a été fournie. Ce cours tend à garder cette question d’actualité. Pour que justice soit rendue un jour, mais aussi pour accorder à toutes ces familles meurtries, la délivrance de savoir et de connaître la vérité, enfin.

À savoir, qu’opérant depuis 2008, la Clinique juridique pour les droits de l’homme à l’ULS offre aux étudiants en droit la possibilité de faire un stage au sein d’une institution locale ou internationale partenaire avec la clinique dans le but de consolider la culture de la défense de l’intérêt général chez les étudiants en droit, les sensibiliser aux questions portant sur les droits de l’homme tout comme à fournir gratuitement conseil, aide et service aux victimes en cas de violations de ces droits. Cette année, plus de 120 étudiants en droit font leurs stages au sein de plus de 25 institutions.

Ce MOOC est disponible gratuitement sur le lien mooc.uls.edu.lb


La Clinique juridique pour les droits de l’homme à l’Université la sagesse (ULS) a lancé un MOOC (cours en ligne ouvert et massif) sur les disparus et les personnes victimes de disparition forcée au Liban. Soutenu et financé par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), dans le cadre du projet interuniversitaire intitulé « Dealing with the past »...

commentaires (1)

L'amnésie sélective des hautes sphères de la politique face à ce dossier est révoltante...

Gemayel GABRIEL

22 h 06, le 28 avril 2022

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Commentaires (1)

  • L'amnésie sélective des hautes sphères de la politique face à ce dossier est révoltante...

    Gemayel GABRIEL

    22 h 06, le 28 avril 2022

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