Les négociateurs européens sur le nucléaire iranien à Vienne seraient contraints de regarder si "d'autres options" seraient possibles en cas de maintien par la Russie des demandes de garanties supplémentaires, a estimé vendredi un diplomate du groupe E3 (France, Allemagne, Royaume-Uni).
"Si le blocage russe est confirmé comme définitif, nous serions obligés de regarder si d'autres options sont possibles", a-t-il ajouté, sans préciser de quoi il s'agissait. "On ne souhaite pas être dans une situation binaire consistant à laisser la Russie prendre le JCPOA (accord de Vienne de 2015, ndlr) en otage".
Les négociations sur le nucléaire iranien, qui semblaient sur le point d'aboutir, ont été suspendues vendredi après la demande par Moscou de garanties supplémentaires. La Russie, frappée par des sanctions occidentales après son invasion de l'Ukraine, a ainsi demandé des garanties américaines visant à ce que ces mesures de rétorsion n'affectent pas sa coopération économique actuelle ou à venir avec l'Iran.
Des revendications jugées "hors sujet" par le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, mais qui ont mis un coup d'arrêt aux discussions. "On n'a pas claqué la porte. On a fini notre travail", a estimé le diplomate européen. "Un échec de cet accord qui priverait le peuple iranien d'une levée des sanctions et qui priverait la communauté internationale des assurances nécessaires sur le programme nucléaire iranien, serait extrêmement dommageable", a-t-il ajouté. "Ce serait irresponsable que ce soit le fait de la Russie".
Téhéran est engagé depuis onze mois dans des pourparlers à Vienne avec les grandes puissances pour tenter de sauver l'accord de 2015. Conclu par l'Iran d'un côté, et les Etats-Unis, la Chine, la France, le Royaume-Uni, la Russie et l'Allemagne de l'autre, ce pacte était censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique en échange de la levée des sanctions qui asphyxient son économie. Mais il s'est délité après le retrait en 2018 de Washington qui a rétabli ses mesures contre l'Iran. En réaction, l'Iran s'est progressivement affranchi des limites imposées à son programme nucléaire.
Le diplomate européen a précisé que la suspension devait notamment permettre des discussions entre l'Iran et la Russie. "Sur le fond, tout est là pour que la décision puisse être prise. Mon appréciation, c'est que le compte est bon pour Téhéran (...) et donc j'imagine que c'est la position qui sera tenue vis-à-vis de Moscou", a-t-il expliqué avant d'ajouter: "la suspension des négociations répond en bonne partie à une demande iranienne". Selon lui, "les Iraniens considèrent que l'accord qui est sur la table répond à leurs préoccupations (...). Même si nous sommes passés une ou deux fois au bord de la rupture, les Iraniens ont négocié de manière constructive et de bonne foi", a-t-il précisé.
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