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Lifestyle - Cuisine de famille

Les rigatoni alla vodka de Sophie Schoucair

C’est grâce à leur mère, leur grand-mère ou grand-père, un parent proche ou plus éloigné que la passion de la cuisine les a pris, spontanément, presque inconsciemment, souvent depuis de très nombreuses années. Qu’ils en aient fait un métier ou un plaisir, ces hommes, femmes et ados, tous libanais, reprennent un flambeau pétri de souvenirs, d’arômes et de parfums qui remontent à leur enfance, comme un pays que l’on ne quitte jamais. Ensemble, d’une génération à l’autre, ils remplissent des cahiers d’ingrédients, de modes de préparation, de conseils et d’astuces qu’ils transmettront sans doute un jour à la nouvelle génération pour conserver, indélébile, le goût des recettes simples et authentiques

Sophie Schoucair, propriétaire du restaurant Marinella baptisé ainsi en hommage à sa grand-mère. Photo João Sousa

La petite histoire de Sophie et sa grand-mère Marinella

« Le nom du restaurant, Marinella, que j’ai ouvert en juin 2011, est en fait le prénom de ma grand-mère. Elle est née en 1913 à Beyrouth et a grandi à Alexandrie avec sa sœur jumelle, Giovanna, son autre sœur Bianca et son frère Luigi. La communauté italienne au Proche-Orient était assez importante et fonctionnait en réseau, se mélangeant souvent à d’autres groupes cosmopolites en Méditerranée orientale (Grecs, Arméniens, juifs, Russes, etc.). Ces familles italiennes issues souvent des villes portuaires majeures (Gênes, Venise, Naples, Livourne) occupaient des fonctions-clefs dans l’Empire ottoman, en particulier dans le domaine commercial, bancaire et des transports. Leur influence s’est réduite lors des mandats français et anglais, puis lors de la création des États-nations dans la région.

« Les recettes de Marinella » dans lesquelles puise Sophie Schoucair au quotidien et son assiette de rigatoni alla vodka. Photo João Sousa

À peine sortie de l’adolescence, Marinella est revenue au Liban dans l’idée de trouver un parti, sans succès. Rentrée bredouille, sa sœur jumelle, Giovanna, prend le même chemin et tente sa chance. Elle rencontre Jean Medawar, né à Damas et issu d’une famille d’entrepreneurs syriaques. C’est l’amour, ils se marient. Sa sœur vient régulièrement en visite et finit par tomber elle-même amoureuse d’un des frères aînés de Jean : Georges. Voilà donc les deux sœurs jumelles mariées à deux frères. Ils habiteront tous ensemble. Le premier couple n’aura pas d’enfant, tandis que ma grand-mère en aura trois, deux garçons et une fille, ma mère. Dans la maison, la cuisine est au cœur des activités des deux sœurs.

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Bien que ma grand-mère soit décédée alors que j’étais très jeune, ma grand-tante est restée avec nous beaucoup plus longtemps. Après l’invasion israélienne de 1982, nous avons habité dans la villa où ma mère est née et j’ai alors passé beaucoup de temps avec Giovanna. C’est elle qui m’a transmis sa passion pour la cuisine et pour la culture italienne, même si j’ai beaucoup appris de ma mère et que le métier, c’est en Suisse et en France qu’on me l’a enseigné. Le goût de l’Italie et la langue de Dante se sont transmis jusqu’à moi. J’ai rencontré une de mes meilleures amies à Rome lors d’un séjour linguistique et nous avons encore de la famille dans la région de Florence. C’est dire que le lien est toujours fort et que le nom de mon restaurant autant que mon menu sont des hommages à une partie de mes racines et de l’histoire cosmopolite de Beyrouth. »

Sophie Schoucair préparant ses rigatoni alla vodka. Photo João Sousa

Sophie Schoucair, propriétaire du restaurant Marinella, a rouvert ses portes le 10 juin 2021 après une fermeture de dix mois à la suite de la double explosion du 4 août 2020 qui a dévasté ses locaux situés rue de Madrid. Cette reconstruction a été possible grâce à l’aide de l’ONG Alfanar pour les façades et le faux plafond, et la Fondation Moawad pour le matériel de cuisine. En raison du contexte économique actuel, elle a modifié sa carte en y introduisant plus de produits locaux tout en maintenant la qualité et la saveur de ses plats. Les plats à base de vongole et autres fruits de mer et produits plus chers seront disponibles sur commande. Le restaurant est ouvert tous les midis sauf les lundis, Marinella reçoit ses clients à dîner (et c’est une nouveauté) les mercredis et jeudis.

Ingrédients :

(Pour 4 personnes)

500 gr de rigatoni

1 oignon

5 gousses d’ail

Huile d’olive

300 à 400 gr de pancetta selon les goûts

1 kg de tomates pelées

15 cl de crème fraîche

20 cl de vodka.

Préparation :

Faire revenir les oignons et l’ail avec de l’huile d’olive. Les faire suer jusqu’à obtenir une belle coloration. Ajouter la pancetta pour 5 minutes. Rajouter les tomates pelées. Saler et poivrer. Couvrir une dizaine de minutes. Ensuite, laisser à demi couvert pour une quarantaine de minutes en fonction de la cuisson des tomates. Ajouter la crème à la sauce tomate et rectifier l’assaisonnement.

Attention : la pancetta est salée, si besoin, rajouter un peu de crème.

Cuire les pâtes 3 minutes de moins que le temps indiqué sur le paquet. Les égoutter en gardant deux louches de l’eau de cuisson (astuce des Italiens !). Mélanger les pâtes et la sauce sur feu vif. Y rajouter l’eau de cuisson pour terminer la cuisson des pâtes.

Et, au final, mouiller avec la vodka. Attendre que l’alcool s’évapore et que la sauce réduise.

Servir aussitôt.

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