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Politique - Archives/Commémoration Lokman Slim

Comment Lokman Slim a été assassiné

En recoupant des témoignages et des éléments livrés par des sources informées, « L’Orient-Le Jour » a pu reconstituer le jour funeste où Lokman Slim, éminent chercheur et opposant notoire au Hezbollah, a été kidnappé et assassiné au Liban-Sud. Un an après l’ouverture d’une enquête, personne n’a encore été interpellé au motif que les preuves manquent. Mais des doutes planent sur l’investigation qui s’est déroulée dans une région où le mouvement chiite est maître du jeu.

Comment Lokman Slim a été assassiné

Lors des funérailles de Lokman Slim, le 11 février 2021, à Haret Hreik, dans la demeure familiale. Photo nabil ismail

A l’occasion du troisième anniversaire de l’assassinat de Lokman Slim L’Orient Le Jour vous propose de (re)lire ce papier qui raconte comment l’intellectuel chiite a été assassiné. Cet article a reçu en 2023 le prix Lokman Slim.


Mercredi 3 février 2021, Tefahta, Liban-Sud. Deux jeunes des alentours se retrouvent vers 22h30 pour passer la soirée ensemble.

Au cours de leur trajet, sur l’axe secondaire en direction de Aaddoussiyyé, à deux pas de l’autoroute de Saïda, ils aperçoivent une voiture noire de location garée sur le bas-côté gauche. Intrigués, ils ralentissent pour jeter un coup d’œil. À l’intérieur du véhicule, un homme est allongé à plat ventre sur les sièges avant, un pied déchaussé dépassant de la fenêtre du conducteur. Le croyant ivre et endormi, ils décident de passer leur chemin.

À cet instant, les deux jeunes hommes ne se doutent pas que l’individu qu’ils viennent de croiser n’est autre que l’intellectuel Lokman Slim, abattu de six balles – cinq dans la tête, une dans l’épaule –, abandonné dans sa voiture gisant dans son sang et dont le décès n’a été annoncé que le lendemain matin. En recoupant des éléments donnés par des sources informées et des proches de la victime, L’Orient-Le Jour a pu reconstituer le jour funeste où l’éminent éditeur, linguiste et activiste politique chiite, opposant notoire au Hezbollah, a été éliminé. Mais pour cela, il faut remonter d’abord au samedi 30 janvier 2021, soit quatre jours plus tôt. Lors d’un déjeuner entre amis dans les environs de Jezzine, Lokman Slim croise l’écrivain Mohammad el-Amine qu’il connaît depuis une trentaine d’années. Ce dernier l’invite à lui rendre visite dans sa nouvelle maison à Niha et les deux hommes conviennent ensemble d’un repas à trois avec le poète Chbib el-Amine, un des plus proches amis de l’intellectuel tué. Le mercredi 3 février, jour de l’invitation, Lokman Slim quitte son domicile de Haret Hreik, dans la banlieue sud de Beyrouth, en fin de matinée et prend le chemin du Sud à bord d’une voiture, qu’il a louée comme il en a l’habitude pour laisser à son épouse l’usage de leur véhicule commun.

Le corps de Lokman Slim est évacué, le 4 février 2021, peu après son assassinat au Liban-Sud. Mahmoud Zayyat / archives AFP

Les premières images de vidéosurveillance relevées par les enquêteurs auraient intercepté sa Toyota Corolla à Khaldé, aux alentours de midi, suivie par trois véhicules auxquels s’en ajouteront bientôt deux autres. Le chassé-croisé des voitures suspectes toutes munies de fausses plaques aurait ensuite été repéré sporadiquement par les caméras sur l’autoroute Saïda/Tyr. L’une d’entre elles aurait suivi Lokman Slim jusqu’à sa destination, le domicile de Mohammad el-Amine, où il arrive vers 13h30.

L'impression de Fifi Abou Dib

« Sous la paupière du mal endormi »

L’écrivain, qui semble ne se douter de rien, retrouve ses deux amis autour d’un long repas que rien ne viendra perturber. Aucun malaise, aucun accroc, aucun appel téléphonique contrariant n'est signalé par ceux qui étaient avec lui ce jour-là. Le convive ne fait part d’aucune menace particulière qu’il aurait subie récemment et semble tout à fait serein au point de s’assoupir à 18h après un déjeuner bien arrosé. À son réveil, il demande à boire un thé et discute chaleureusement avec un parent voisin de Mohammad el-Amine passé à l’improviste comme à l’accoutumée et qu’il rencontre pour la première fois.

Kidnappé à 400 mètres de chez son ami

20h passées, Lokman Slim décide de rentrer à Beyrouth. Il remercie son hôte qui lui remet une boîte avec des restes du repas de midi. À l’extérieur, la tempête souffle et les au revoir sont expédiés sur le pas de la porte.

Aucune des personnes présentes à cette réunion amicale ne sera témoin de cet instant fatidique où Lokman Slim est monté dans sa voiture avant d’être enlevé, à peine deux minutes plus tard, alors qu’il se trouvait dans une zone habitée et dans une région où opère la Finul.

D’après les informations obtenues par L’OLJ, la Toyota Corolla de la victime s’est mise en route à 20h30, suivie à peine une minute plus tard par deux des voitures suspectes qui la prennent en tenailles 400 mètres plus loin, l’obligeant à s’arrêter.

Piégé, l’intellectuel aurait ensuite été kidnappé et jeté dans l’une des voitures de ses ravisseurs. L’un des assaillants aurait pris le volant de la Toyota de Lokman Slim et les trois véhicules se seraient dirigés vers l’autoroute de Saïda/Tyr où ils auraient été captés par des caméras à plusieurs reprises. Ils roulent pendant 36 kilomètres avant de s’engager dans la rue secondaire menant à Aaddoussiyyé où le crime aurait été perpétré dans les minutes suivantes, à un kilomètre de l’autoroute.

Pendant ce temps, à la résidence familiale des Slim, à Haret Hreik, l’inquiétude monte. Lokman Slim ne décroche plus son téléphone depuis qu’il a quitté le domicile de son ami. Sa sœur, Racha el-Ameer, et son épouse, Monika Borgmann se mettent à enchaîner les appels avec Mohammad et Chbib el-Amine pour tenter de géolocaliser le disparu via son portable. L’appareil est finalement retrouvé dans la nuit sur le bord de route où a eu lieu le rapt, à Niha. Bien que les services de sécurité aient été avertis de cette disparition inquiétante, ce n’est que le lendemain à 7h40 que le corps de Lokman Slim, 58 ans, est découvert inerte dans son véhicule près de Saïda. Il est fort probable que la victime ait été exécutée dans sa voiture compte tenu des trous identifiés sur les sièges et des cinq douilles qui y ont été retrouvées, les enquêteurs n’ayant toutefois pas pu mettre la main sur la sixième.

À l’issue de son autopsie, il est déclaré mort suite aux nombreuses hémorragies provoquées par les six balles qu’il a reçues, toutes tirées de l’arrière d’une distance d’à peine un mètre par une arme à feu de calibre 7,65 mm.

Tout dans le déroulement et la scène du crime révèle que ses assassins n’ont pas rencontré d’obstacle pour l’exécuter, ni eu le besoin de nettoyer derrière eux. À l’intérieur du véhicule, les vestiges du meurtre côtoient ceux d’une journée passée chez de vieux copains : la boîte de nourriture offerte par son ami, le traditionnel carnet de notes pour écrire les inspirations du moment, un livre et des courses pour la maison.

Assassiné dans une région acquise au Hezbollah

Fondateur de la maison d’édition Dar al-Jadeed, du centre d’archives sur l’histoire contemporaine du Liban Umam, de l’ONG Hayya bina, cinéaste documentariste engagé sur la question de la violence collective, fervent défenseur des droits de l’homme et opposant au sectarisme, la renommée de Lokman Slim dépasse de loin les frontières du pays du Cèdre. L’annonce de son assassinat le 4 février 2021 suscite un tollé au Liban et à l’international. Des États-Unis à la France, en passant par la Ligue arabe, tous appellent à faire la lumière sur « cet acte barbare » et à traduire les coupables en justice.

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Issu d’une grande famille chiite de la banlieue sud, fief du parti de Dieu où il a lui-même toujours vécu, Lokman Slim était un critique virulent de ce dernier et ne cachait pas son accointance avec les diplomates occidentaux. Ses prises de position lui ont valu d’être menacé et accusé par les sympathisants du Hezbollah de « traîtrise » et d’être un « agent » à la solde de Washington.

Le 13 décembre 2019, après avoir découvert des menaces de mort placardées sur les murs de son domicile, il écrit dans un communiqué faire assumer à Hassan Nasrallah et à Nabih Berry (chef du parti chiite Amal) l’entière responsabilité de tout acte qui le viserait ou viserait sa famille, appelant l’armée à assurer la protection de sa maison et de ses proches.

Lokman Slim. Photo fournie à l'AFP par la famille de Lokman Slim

Un an plus tard, il est assassiné dans une région acquise au tandem chiite, ce qui renforce les soupçons à l’égard du parti de Hassan Nasrallah. D’autant que sur son compte Twitter, le fils de ce dernier, Jaouad, s’est empressé d’écrire un message donnant l’impression de se réjouir de la mort de l’opposant avant de l’effacer rapidement.

Le Hezbollah a condamné le meurtre et appelé à ce que l’identité des criminels soit dévoilée. Réagissant aux accusations portées contre son mouvement, Hassan Nasrallah n’a pas explicitement démenti son implication comme il l’avait fermement fait à la suite de la double explosion du 4 août 2020, se contentant d’une formule implicite. « Tout incident qui se passe alors dans votre région vous accuse jusqu’à preuve du contraire ? Est-ce quelque chose qui est pratiqué dans le monde entier ? Cette logique est-elle à l’œuvre ailleurs que chez nous ? » a déclaré Hassan Nasrallah dans un discours télévisé.

L’importance des vidéos de surveillance

Un an après l’assassinat, aucun suspect n’a été mis en examen, et les espoirs que l’enquête aboutisse s’amenuisent. Le corps ayant été retrouvé dans le caza de Zahrani, celle-ci a été confiée d’office au parquet de Saïda, sous l’instruction du procureur d’appel du Liban-Sud, Rahif Ramadan. À sa demande, les premières investigations ont été menées par un poste de police locale, qui a relevé les traces et indices, saisi toutes les pièces retrouvées sur la scène du crime pour les analyser et conduit les premiers interrogatoires.

Ce n'est qu'une semaine plus tard que le magistrat décide de confier la suite de l’expertise au bureau central des renseignements des Forces de sécurité intérieure reconnu pour sa technicité. Pourtant, trois mois plus tard et après la remise d’un rapport par ce dernier, le procureur conclut à un manque d’éléments de preuve permettant d’identifier un coupable ou un accusé. Le dossier est alors déféré devant le premier juge d’instruction de Saïda pour complément d’enquête.

Mais que peut-on raisonnablement attendre d’une investigation menée sur des terres où le Hezbollah et Amal sont maîtres du jeu ? Quelques jours après l’assassinat, le Legal Agenda crie déjà au conflit d’intérêts en rappelant que le juge Rahif Ramadan est réputé proche du chef du Parlement Nabih Berry. L’ONG de défense des droits humains s’inquiète alors « que les preuves soient dissimulées et que l’enquête soit induite en erreur ou vidée de toute substance pour dissimuler la vérité ».

Contacté par L’OLJ, le juge Ramadan affirme pour sa part être arrivé à des progrès tangibles dans le dossier, tout en refusant de commenter le fait que personne n’ait été mis en examen.

La poursuite d’une enquête sur l’assassinat de Lokman Slim au Liban-Sud est alors considérée de nature à créer un trouble à l'ordre public, et les autorités judiciaires décident de transférer le dossier à Beyrouth en juin 2021. Il arrive alors sur le bureau du premier juge d’instruction, Charbel Abou Samra. Le magistrat se retrouve avec la tâche kafkaïenne de pallier le manque de preuves auquel avait abouti une enquête sur laquelle se sont pourtant penchés les principaux services de renseignements du pays.

La procédure est mise en pause pendant quelques mois en raison de grèves et des vacances d’été, avec en toile de fond la crise économique aiguë qui paralyse aussi le cours des affaires judiciaires. L’instruction, bien que secrète, devrait reprendre de façon imminente avec les demandes de complément d’enquête que le juge Abou Samra s’apprête à déposer et le démarrage des interrogatoires.

Toutefois, un an après les faits et alors que la scène du crime n’existe plus, plusieurs éléments matériels et indices pourraient avoir échappé au nouveau magistrat. « C’est comme avec un jeu de cartes. S’il manque une ou deux cartes, vous ne pouvez plus faire grand-chose avec », affirme une source judiciaire proche du dossier.

Mais tout n’est pas perdu si le juge parvient à mettre la main sur des pièces cruciales et manquant au dossier que le parquet de Saïda est tenu de lui fournir si elles sont en sa possession. Le magistrat pourrait parvenir à des résultats tangibles en disposant du matériel vidéo complet issu des caméras de surveillance postées tout le long du trajet de Lokman Slim le 3 février 2021.

Pour mémoire

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D’après des sources informées, le dossier, en l'état, se contenterait d’une géolocalisation lacunaire. Rien n’est mentionné sur le mouvement des véhicules des ravisseurs au moment où la victime sortait de chez elle ou pendant les heures où elle déjeunait chez son ami à Niha. Où étaient-ils ? Des individus en sont-ils sortis pendant un instant ? Les caméras positionnées devant certains établissements commerciaux pourraient ici compléter le puzzle, voire mettre des visages sur les assaillants.

La partie plaignante compte aussi sur la coopération de la Finul dont la base la plus proche, où stationnent 650 hommes du contingent français, est située à Srifa, à moins de deux kilomètres du lieu où Lokman Slim a été kidnappé. Monika Borgmann a sollicité les autorités françaises pour l’aider à obtenir de la force onusienne des éléments qui pourraient aider l’enquête. Mais du côté français comme de celui de la Finul, la réponse est la même : les affaires criminelles sont du ressort des autorités locales.

Contactée par L’OLJ, la Finul affirme ne pas avoir été sollicitée par la justice libanaise dans le cadre de l’enquête. Elle précise également que son dispositif de surveillance ne dépasse pas le périmètre de ses bases, sous-entendu que ses caméras vidéo ne sont pas disséminées dans les villages alentour.

« Cette fois, ça ne passera pas »

Les motifs de l’assassinat de Lokman Slim ont fait l’objet de nombreuses spéculations. Le réflexe, après sa mort, a été d’établir une chronologie des déclarations du célèbre intellectuel et des informations dont il disposait qui auraient pu mettre sa vie en danger.

Parmi elles, cette interview qu’il a accordée à la chaîne saoudienne al-Hadath TV le mois qui a précédé son meurtre, et dans laquelle il exposait l’implication du régime de Bachar el-Assad et du Hezbollah dans l’importation du nitrate d’ammonium responsable de la double explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020. Lokman Slim en savait-il trop sur l’affaire ? Son exécution est intervenue peu de temps après celle du photographe Joseph Bejjani, abattu et dépouillé de son téléphone portable le 21 décembre 2020. Bien que classé sans suite, ce drame avait été expliqué par certains médias par le fait que l’homme de 37 ans disposait de photos compromettantes en lien avec le drame du 4 août.

Une autre théorie, plus sensible, ne semble pas avoir intéressé les enquêteurs. Son auteure, la chercheuse et journaliste Mona Alami, affirme à L’OLJ n’avoir jamais été entendue par ces derniers. Celle-ci avait pourtant établi un lien entre l’assassinat de Lokman Slim et le fait que le chercheur disposait d’informations importantes sur l’économie parallèle du Hezbollah. « Il cherchait des contacts dans la nouvelle administration américaine pour aider un homme faisant du blanchiment d’argent pour le Hezbollah et qui souhaitait se libérer du joug du parti », assure-t-elle. La journaliste, qui avait fait ces révélations au lendemain de la mort du militant, ne s’est depuis plus jamais exprimée dans les médias. « Ce n’est pas par peur que je me suis tue, mais parce que j’ai subi une campagne de dénigrement », explique Mona Alami, qui assure ne pas être la seule journaliste avec qui l’homme avait partagé ces informations témoignant, selon elle, du courage de Lokman Slim. « Il ne cherchait pas seulement à combattre le mouvement chiite par les mots, mais aussi par les actes. »

La famille de Lokman Slim, elle, évite de s’avancer. Son principal combat est de traduire les assassins en justice. « Bien sûr que j’ai une idée de qui l’a tué, mais ça ne me suffit pas de le nommer à voix haute. Je veux des preuves, je veux un vrai procès, je veux la justice », affirme Monika Borgmann à L’OLJ. « J’ai connu Lokman il y a 20 ans, et la lutte contre l’impunité était au centre de tout ce que nous avons fait. Maintenant, il faut le faire sans lui, mais pour lui », ajoute la conjointe du défunt.

« “Vous souhaitez porter plainte contre qui ?” m’a-t-on demandé lors de l’interrogatoire », raconte Racha el-Ameer. « Je leur ai donné la lettre dans laquelle mon frère les a nommés après les menaces qu’il a reçues. Je leur ai dit : “Tenez, moi, je n’ai pas le courage de dire leur nom” », affirme-t-elle à L’OLJ.

Hantée par la paralysie qui règne dans l’affaire de la double explosion au port et par l’acharnement politique contre son magistrat instructeur Tarek Bitar, la famille de Lokman Slim pousse pour une enquête internationale indépendante. La communauté internationale a envoyé des signaux forts aux autorités libanaises pour offrir sa contribution à l’enquête. Les rapporteurs des Nations unies, quant à eux, pourraient intervenir de façon plus concrète dans le cas où celle-ci demeurerait au point mort.

Lors des funérailles de Lokman Slim dans la demeure familiale, le 11 février 2021 à Haret Hreik, dans la banlieue sud de Beyrouth. Photo Nabil Ismaïl

« Cette fois, ça ne passera pas comme ça », affirme, déterminée, Monika Borgmann en référence aux plus de 200 assassinats politiques qui ont émaillé l’histoire du Liban, la plupart restés impunis. Pour les familles comme pour l’ensemble de la population, l’impuissance de la justice résonne désormais comme une fatalité. » S’attendre à une enquête approfondie ou ne serait-ce qu’à une petite enquête, c’est supposer que le Hezbollah n’existe pas au Liban », affirme le journaliste Ronnie Chatah. Son père, l’ancien ministre Mohammad Chatah, a été tué dans un attentat à la voiture piégée en 2013. « Toutes les voix libanaises qui ont osé défier l’appareil sécuritaire de la Syrie et de l’Iran au Liban ont été assassinées », ajoute le fils de la victime.

« Bien sûr que je sais qui a pressé sur le bouton pour tuer Samir, et je sais pour le compte de qui il travaillait. Est-ce que cela me suffit ? Non. Ce qu’il faut, c’est que ces gens soient punis et jetés en prison. Mais peut-on seulement traduire un régime en justice ? On finira par le faire quand les choses seront plus calmes, quand “ils” commenceront à perdre », déclare pour sa part Gisèle Khoury, l’épouse de l’historien et journaliste Samir Kassir, fervent critique du régime de Damas, tué dans un attentat en 2005.

Il y a plus de 50 ans, un homme avait compris l’importance de condamner le cerveau politique plutôt que la personne qui a appuyé sur la gâchette.

Cet homme, c’était le député Mohsen Slim, père de Lokman et avocat de la famille du journaliste Kamel Mroué, un des premiers intellectuels tués, en 1966, au Liban. Il avait réussi à faire écrouer l’assassin du fondateur de al-Hayat et du Daily Star. Soupçonnés d’être les commanditaires du crime, les proches du régime égyptien de Nasser, eux, n’ont jamais été inquiétés.


A l’occasion du troisième anniversaire de l’assassinat de Lokman Slim L’Orient Le Jour vous propose de (re)lire ce papier qui raconte comment l’intellectuel chiite a été assassiné. Cet article a reçu en 2023 le prix Lokman Slim.Mercredi 3 février 2021, Tefahta, Liban-Sud. Deux jeunes des alentours se retrouvent vers 22h30 pour passer la soirée ensemble.Au cours de leur trajet,...

commentaires (13)

"Le Hezbollah a condamné le meurtre et appelé à ce que l’identité des criminels soit dévoilée". Si l’affaire n’était pas dramatique, une telle déclaration aurait secoué tout le Liban d’un immense éclat de rire! "Tout incident qui se passe alors dans votre région vous accuse jusqu’à preuve du contraire?" Évidemment! Il est bien connu (et vous vous en vantez, d’ailleurs), que personne, dans "vos régions", ne peut se gratter l’oreille à votre insu. "Que peut-on raisonnablement attendre d’une investigation menée sur des terres où le Hezbollah et Amal sont maîtres du jeu ?" Bien évidemment: rien!

Yves Prevost

07 h 23, le 05 février 2024

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Commentaires (13)

  • "Le Hezbollah a condamné le meurtre et appelé à ce que l’identité des criminels soit dévoilée". Si l’affaire n’était pas dramatique, une telle déclaration aurait secoué tout le Liban d’un immense éclat de rire! "Tout incident qui se passe alors dans votre région vous accuse jusqu’à preuve du contraire?" Évidemment! Il est bien connu (et vous vous en vantez, d’ailleurs), que personne, dans "vos régions", ne peut se gratter l’oreille à votre insu. "Que peut-on raisonnablement attendre d’une investigation menée sur des terres où le Hezbollah et Amal sont maîtres du jeu ?" Bien évidemment: rien!

    Yves Prevost

    07 h 23, le 05 février 2024

  • Tout le monde parle d'assassinat sauf eux, bizarre et étrange !

    TrucMuche

    20 h 17, le 04 février 2024

  • Peut-être il faut commencer a utiliser le même style avec eux…

    Jack Gardner

    22 h 49, le 03 février 2023

  • article tres bien ecrit et expliquant les details de ce crime IL EST CERTAIN QUE LES VOITURES QUI ONT SUIVI LOKMAN ONT ETE UN PEU PARTOUT DANS LES ENVIRONS DURANT SON DEJEUNER ET LES VIDEOS ONT DU LES CAPTER MEME A VISAGE DECOUVERT SORTANT DE LEURS VOITURES OU ENTRANT QUELQUE PART COMMENT EXPLIQUER QU'IL Y A DES DIZAINES DE VIDEOS POUR POURSUIVRE LOKMAN MAIS AUCUNE APRES SUR TOUTES LES VOITURES ET PERSONNES QUI L'ONT SUIVIT? LA VERITE: TANT QUE LES JUGES ET LES ENQUETEURS SERONT A LA SOLDE DES POLITICIENS , RIEN NE SE FERA DANS CE PAYS CAR A PART RIAD SALAME QUI A VUE SES BIENS SAISIES PAR UNE JUGE ( POUR LAQUELLE BASSIL ET AOUN ONT BLOQUE TOUTES LES PERMUTATIONS JUDICIAIRES A CE JOUR ) AUCUN OFFICIEL N'A ETE A( CE JOUR AUSSI) INQUIETE ET CE LIBAN NE PEUT PLUS CONTINUER COMME CELA. NOUS DEVONS VOTER POUR REMPLACER CETTE CLIQUE AU POUVOIR ET ASSAINIR LE PAYS DE TOUS LES MAFIEUX

    LA VERITE

    15 h 02, le 03 février 2022

  • Les armes de nos défenseurs de justice c'est la plume la pensée et l'honnêteté Comment lutter contre la haine la violence et l'obscurantisme ? Un pays où règne la loi de la jungle !

    Martin Saint Leon Nicole

    14 h 52, le 03 février 2022

  • Assassins = hashasins =Hashischins Domaine : Assassinat, guerre asymétrique, Guerre psychologique, terreur Type: société secrète Siège: Iran Religion: Chiite

    Wow

    14 h 16, le 03 février 2022

  • SES ASSASSINS SONT CONNUS BIEN QU,ILS ONT ENVOYE LEURS FANATIQUES CRIMINELS EXECUTER L,ABJECTE BESOGNE, RAFIC HARIRI ET TOUS LES MARTYRS ASSASSINES, TOUS DU MEME COTE, ET LA JUSTICE N,A PAS BOUGE UN DOIGT. ET CES TYPES FONT PARTIE DES GOUVERNEMENTS SUCCESSIFS DU PAYS ET INVITES A PARTICIPER AUX LEGISLATIVES. LES ARABES ONT RAISON D,ADRESSER DES ULTIMATUMS AUX MAFIEUX QUI NOUS GOUVERNENT SOUS LA BANNIERE DU BARBU ET DE SON WALI EL FAKIH.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 35, le 03 février 2022

  • Anucun assassin ne sera traduit en justice car quand vous etes Chiites Amal/hezb, vous etes intouchables. Idem pour l'assassin d'un enfant a Dekwaneh, Idem pour les voleurs de voitures, pareil pour les voleurs a la tire , toujours pareil pour vos cleints Chiites mauvais payeurs ... IN-TOU-CHABLES ... ca donne envie de reconstruire le Liban avec eux hein ?!?

    Lebinlon

    12 h 02, le 03 février 2022

  • Voila les actes d'heroisme de la "resistance" : abattre les intellectuels dans le dos. Et ensuite voir l'enquete confiee a des juges mafieux qui leur sont infeodes. Ce n'est ni l'aile politique, ni meme l'aile militaire du Hezb qui derange, c'est son aile criminelle.

    Michel Trad

    10 h 10, le 03 février 2022

  • La milice sectaire armee peut tout faire au Liban, meme declarer de Baabda par la voix de mohamma raad qu’elle est le maitre de notre pays. La responsabilite n’incombe pas seulement sur cette milice sanguinaire vendue a l’Iran mais surtout sur les politiciens corrompus et soumis qui la couvrent servilement, notamment chretiens.

    Goraieb Nada

    09 h 58, le 03 février 2022

  • "Un an après l’assassinat, aucun suspect n’a été mis en examen, et les espoirs que l’enquête aboutisse s’amenuisent". Quels espoirs? Quelqu’un aurait-il la naïveté d’espérer qu’une enquête sur un crime où est mêlé le Hezbollah aboutisse? Alors même que lorsque, comme pour l'assassinat de Samer Hanna, le coupable est connu et a même avoué, il est remis en liberté!

    Yves Prevost

    08 h 14, le 03 février 2022

  • Du vrai reportage. Un travail de professionnelle. Merci et bonne continuation.

    sancrainte

    04 h 40, le 03 février 2022

  • Quelle honte pour notre Pays ! Des valeurs du calibre de Lokman Slim se font massacrer alors que des politiciens et d'autres leaders de tout bord jouissent de liberté, de contrôle sans limites, et des économies du peuple tout en détruisant assidûment notre Patrie.

    Wlek Sanferlou

    00 h 55, le 03 février 2022

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