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Lifestyle - Exposition

Les états d’âme du prince Charles à travers ses coups de pinceaux

Soixante-dix-neuf aquarelles du futur roi d’Angleterre, 73 ans, sont exposées à Londres. « Mon album photo » comme les qualifie ce peintre royal du dimanche.

Les états d’âme du prince Charles à travers ses coups de pinceaux

Exposition d’aquarelles du prince Charles à la Garrison Chapel de Londres. Photo The Prince’s Foundation

« Vous devenez de plus en plus conscient de détails qui ont pu échapper à votre attention auparavant, comme la qualité de la lumière et de l’ombre, du ton et de la texture, ou de la forme des bâtiments par rapport au paysage. Tout cela demande la concentration la plus intense qui soit, et c’est l’un des exercices les plus relaxants et thérapeutiques que je connaisse. » C’est ainsi que le prince Charles d’Angleterre évoque sa passion pour la peinture, à l’occasion d’une exposition de 79 de ses aquarelles qui se tient actuellement à la Garrison Chapel à Londres, la première de cette envergure qui lui soit consacrée. Cinquante de ses aquarelles avaient déjà été exposées au palais de Hampton Court en 1998, à l’occasion de ses cinquante ans, et trente autres en 2018 par la National Gallery d’Australie pour ses 70 ans.

Cette sélection, visible jusqu’au 14 février et qui est présentée par sa fondation, The Prince’s Foundation, fait un tour du monde des lieux qu’il aime particulièrement restituer sur la toile. Cet amoureux de voyages a implanté son chevalet à plusieurs reprises au pied des montagnes de l’Écosse, en Tanzanie et dans le sud de la France. Ce qu’il dit de son art, qu’il a commencé à développer dans les années 70, est reproduit sur de grands encadrés accompagnant l’accrochage. Le prince précise avant tout : « Je ne me fais aucune illusion sur le fait que mes croquis relèvent du grand art ou un talent naissant ! Ils sont, plus que toute autre chose, ma forme particulière “d’album photo” et, en tant que tels, ils signifient beaucoup pour moi. »

Exposition d’aquarelles du prince Charles à la Garrison Chapel de Londres. Justin Tallis/AFP

« Un amateur enthousiaste »

Le prince Charles s’est d’abord essayé à la photographie qui ne lui a pas procuré une pleine satisfaction, alors que sa mère, la reine Elizabeth, cultive cet art avec passion. Il ajoute : « J’ai tout simplement ressenti une envie irrésistible d’exprimer ce que je voyais à travers le médium de l’aquarelle et de transmettre ce sens presque “intérieur” de sa texture. Ce qui est presque impossible à réaliser à travers l’appareil photo. » Se qualifiant « d’amateur enthousiaste », il souligne avec modestie que les bénéfices thérapeutiques que lui offre la peinture à l’aquarelle l’emportent sur une volonté d’atteindre dans ce domaine un haut niveau. Rosie Alderton, curatrice de l’exposition, met l’accent sur ce point : « Son Altesse royale a déjà dit qu’il aimait s’asseoir dans un environnement réel et peindre en plein air, et que, pour lui, prendre une photo ne communique pas la même sensation que de peindre. Son désir pour la création d’un bel art est fortement véhiculé ici. » Qu’en disent les critiques professionnels ? Mechelle Eleene écrit dans Art Fanatic : « Le prince de Galles n’est pas Monet, mais j’ai été agréablement surprise en voyant certaines de ses œuvres. C’est merveilleux de savoir que non seulement il est un futur roi par droit de naissance, mais qu’il est aussi un aquarelliste de talent. » Il en est qui ne le voient pas de cet œil. Jonathan Jones du Guardian note : « Simplement ordinaire et évidemment amateur. Il faudrait être un royaliste convaincu pour s’en offrir un spécimen. » Nick Harrison Jones, professeur d’art et aquarelliste, adopte une attitude plus bienveillante, déclarant à L’Express que bien que ses peintures soient techniquement défectueuses, s’il ne savait pas que le prince Charles en était l’auteur, il dirait que « c’est un artiste avec un certain talent qui est encore en développement ». Toujours est-il que l’héritier du trône britannique, complètement absorbé par son passe-temps, avait été formé par un célèbre aquarelliste, Edward Seago, et par un portraitiste et paysagiste de renom, John Stanton Ward.

Le prince Charles et la peinture en plein air. Photo tirée du compte Instagram clarenhouse

Dans la lignée artistique de la reine Victoria

Les sujets de prédilection du prince vont naturellement vers la campagne anglaise et l’Écosse des vallons. Il puise son inspiration en particulier dans les panoramas des domaines royaux de Sandringham et Balmoral qui lui servent de retraite tranquille pour poser son chevalet. À son tour, il a inspiré un artiste tisserand anglais, Ben Hymers, qui a réinterprété l’une de ses aquarelles intitulée Cottage on the Isle of Stroma. Ce dernier a consacré huit mois à croiser des centaines de fils de différentes couleurs utilisant en parallèle, pour dessiner les cheminées du cottage, une laine naturelle non teintée de mouton gallois Lleyn, une race que le prince possède sur ses domaines de Highgrove et dans le Gloucestershire. L’artiste explique : « Il ne s’agit pas de faire une copie plate de l’aquarelle, ce serait comme traduire un roman via un outil en ligne qui ne capture pas l’essence. Au lieu de cela, je voulais montrer avec précision les techniques utilisées par le prince via la tapisserie, pour illustrer les couches de couleurs qu’il utilise et ses coups de pinceaux rapides. »

Dans un documentaire filmé intitulé Royal Paintbox, Charles explique que la peinture le transporte « dans une autre dimension qui rafraîchit des parties de l’âme que d’autres activités ne peuvent pas atteindre ». Un état d’esprit et un talent qui lui ont permis, à travers la vente de copies de ses aquarelles, de recueillir environ 6 millions de livres sterling (environ 8,7 millions de dollars) dédiés à sa fondation caritative À ce jour, il ne s’est jamais séparé d’un original. D’autres membres de la famille royale britannique s’étaient aventurés par le passé dans les voies artistiques. La reine Victoria, arrière-arrière-grand-mère de Charles, était également une aquarelliste de renom. Son époux, le prince Albert, aimait également peindre. Tous deux avaient constitué une collection relatant leur vie publique et privée en aquarelles qu’ils avaient complétées en s’adressant à des professionnels du genre. L’ensemble avait récemment fait l’objet d’une exposition itinérante en Angleterre sous le titre Victoria and Albert: Our Lives in Watercolours.

« Vous devenez de plus en plus conscient de détails qui ont pu échapper à votre attention auparavant, comme la qualité de la lumière et de l’ombre, du ton et de la texture, ou de la forme des bâtiments par rapport au paysage. Tout cela demande la concentration la plus intense qui soit, et c’est l’un des exercices les plus relaxants et thérapeutiques que je connaisse. »...

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