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Politique - Décryptage

Hamiyé en France : au-delà des considérations techniques...

Alors que le ministre des Travaux publics Ali Hamiyé poursuit depuis mercredi sa visite en France, des questions se posent sur sa portée et signification au niveau politique.

Certes, la visite de M. Hamiyé était prévue depuis sa prise en charge du ministère des Travaux publics, sachant qu’il avait été sciemment choisi parce qu’il avait un profil à la fois technique et politique adéquat pour cette période particulière. D’une part, il avait fait une partie de ses études en France et avait conservé de bonnes relations avec ses interlocuteurs dans ce pays et, d’autre part, il était considéré comme proche du Hezbollah qui l’avait d’ailleurs choisi pour cette fonction. Au moment de la formation du gouvernement présidé par Nagib Mikati en septembre 2021, de nombreux commentaires avaient été faits sur le choix de M. Hamiyé à la tête de ce ministère en particulier : des informations avaient alors circulé sur l’intérêt spécial que la France porte aux Travaux publics, notamment au dossier de la reconstruction du port de Beyrouth après la tragédie du 4 août 2020. Selon les commentaires publiés au moment de la formation du gouvernement, il avait été ainsi dit qu’en raison de ses contacts permanents avec le Hezbollah, la France pouvait donc accueillir favorablement l’idée de la désignation d’un proche de ce parti à la tête du ministère des Travaux et mener par conséquent un dialogue constructif avec lui sur des projets de développement des services publics au Liban.

Pour mémoire

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En dépit de la paralysie du gouvernement Mikati (qui prendra fin lundi), les préparatifs pour la visite de M. Hamiyé ont donc avancé. Mais entre-temps a eu lieu la visite du président français Emmanuel Macron en Arabie saoudite en décembre 2021 et sa rencontre avec le prince héritier du trône Mohammad ben Salmane. Un communiqué conjoint a été d’ailleurs publié à l’issue de cette rencontre dans lequel sont mentionnées la nécessité d’appliquer les résolutions internationales concernant le Liban, notamment la 1559, et la remise en cause de l’existence d’armes entre les mains de certaines parties, en dehors des institutions militaires légales.

Ce communiqué a été aussitôt interprété par les milieux politiques et médiatiques locaux comme un alignement de la France sur la position des autorités saoudiennes au sujet des armes du Hezbollah. D’ailleurs, juste après cette rencontre entre MM. Macron et ben Salmane, ce dernier a effectué une tournée auprès des États du Golfe et des communiqués similaires ont été publiés à chaque étape de son périple.

Au Liban, il a été dit que le prince héritier saoudien avait réussi à convaincre la France d’adopter une position similaire à la sienne. Certains médias ont même écrit que le Hezbollah ne cachait pas son mécontentement à l’égard de la position française, suite au communiqué conjoint publié à l’issue de la visite du président français à Riyad.

C’est donc dans ce contexte qu’intervient la visite du ministre Ali Hamiyé en France. Même si ses rencontres sont généralement placées dans le cadre des discussions techniques qui concernent le ministère des Travaux publics – qui exerce notamment un pouvoir de tutelle sur les aéroports et les ports –, la symbolique politique reste prédominante.

Selon une source diplomatique libanaise qui suit de près les relations avec la France, Emmanuel Macron est avant tout un homme pragmatique. Il mène son action diplomatique dans cet esprit. Il sait aussi que l’avantage de la France, par rapport à d’autres pays occidentaux, est qu’elle a maintenu ses relations avec toutes les composantes libanaises, dont le Hezbollah, en dépit de toutes les pressions exercées par certains de ses alliés pour qu’elle mette elle aussi le parti chiite – dans son volet politique – sur la liste des organisations terroristes (le volet militaire l’est déjà). La France adopte donc des positions de principe en harmonie avec la ligne politique américaine et celle de certains États du Golfe, mais elle se préserve en même temps une certaine marge de manœuvre dans ses relations avec les différentes parties. Cette marge lui permet, par exemple, de maintenir le dialogue avec le Hezbollah.

Au-delà de son aspect technique, la visite du ministre Hamiyé en France est donc un signe de la volonté des dirigeants français de garder le contact avec le parti pro-iranien et de chercher à l’utiliser de façon profitable pour tous. Mais, toujours selon la source précitée, cette visite s’inscrit aussi dans le cadre d’une tendance générale qui se précise de plus en plus, et qui vise à rétablir les canaux de dialogue dans la région et dans le monde. C’est ainsi que le chef du bureau exécutif du Hezbollah Hachem Safieddine a révélé récemment que l’administration américaine a tenté d’ouvrir un canal de dialogue avec cette formation par le biais d’un médiateur agréé. Dans la même période, le nouveau chef de « Faylaq al-Qods », qui a remplacé le général Souleimani, le général Ismaïl Qaani, a effectué il y a quelques jours une visite en Irak au cours de laquelle il a rencontré le leader chiite Moqtada Sadr, allant jusqu’à se recueillir sur la tombe du père de celui-ci. De même source, on précise que cette visite n’aurait pas été possible sans un feu vert américain, même indirect. On peut donc dire, dans ce contexte, que l’attitude de la France n’est pas en contradiction avec la tendance générale. Elle a juste une longueur d’avance...

Alors que le ministre des Travaux publics Ali Hamiyé poursuit depuis mercredi sa visite en France, des questions se posent sur sa portée et signification au niveau politique. Certes, la visite de M. Hamiyé était prévue depuis sa prise en charge du ministère des Travaux publics, sachant qu’il avait été sciemment choisi parce qu’il avait un profil à la fois technique et politique...

commentaires (5)

Comment peut on être ministre d’un pays et être binational? Dans ses discussions avec la France ce monsieur va t il privilégier les intérêts du Liban? Si oui, il devrait être déchu de sa nationalité française et vice versa. Même si les intérêts sont convergents, on ne peut pas deux à gagner la partie sauf chez Jacques Martin bien entendu

Lecteur excédé par la censure

18 h 47, le 23 janvier 2022

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Commentaires (5)

  • Comment peut on être ministre d’un pays et être binational? Dans ses discussions avec la France ce monsieur va t il privilégier les intérêts du Liban? Si oui, il devrait être déchu de sa nationalité française et vice versa. Même si les intérêts sont convergents, on ne peut pas deux à gagner la partie sauf chez Jacques Martin bien entendu

    Lecteur excédé par la censure

    18 h 47, le 23 janvier 2022

  • La famille Hamiye est druze , je la connais , que fait elle avec Hassouna ?

    Eleni Caridopoulou

    21 h 02, le 22 janvier 2022

  • La France doit idéalement reconstruire le port ainsi elle pourra se repositionner naturellement dans le paysage levantin et développer d’autres projets tel qu’un métro aérien, peut-être?

    Wow

    13 h 42, le 22 janvier 2022

  • La réalité de la visite du ministre des Travaux Publics en France est que la France possède la meilleure compétence mondiale en terme d’équipements publics que ce soit en infra structures routières, portuaires, aéroportuaires …. La France est donc prête à aider le Liban tant par son expertise que par des dons comme le don de bus que l’administration libanaise ne saura pas utiliser ni entretenir car notre administration est composée à 99% d’incompétents et de corrompus nommés à leur poste grâce à leur affiliation politique notamment pour Amal et le Hezbollah et récemment le CPL. Essayez de faire une seule démarche aussi simple soit elle dans l’administration sans être contraint de gré ou de force de payer des pots de vin.

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 31, le 22 janvier 2022

  • Une fois de plus un article biaisé sans queue ni tête. Du blabla destiné à faire l’éloge du parti iranien le Hezbollah. La France ne cherche que ses intérêts propres dans le MO hors l’aide humanitaire massive apportée aux libanais et non pas à l’Etat libanais car le président Macron savait bien que cette aide aurait pu être détournée par le dauphin du régime

    Lecteur excédé par la censure

    09 h 12, le 22 janvier 2022

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