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Politique - Éclairage

Informations contradictoires sur un « accord secret » entre le Liban et Israël

Selon la chaîne israélienne Channel 12, l’État hébreu et le pays du Cèdre auraient signé au cours du week-end un marché portant sur l’acheminement de gaz naturel, une annonce aussitôt démentie par le ministère libanais de l’Énergie.

Informations contradictoires sur un « accord secret » entre le Liban et Israël

Le gisement gazier du Léviathan, au large des côtes israéliennes, le 31 décembre 2019, au premier jour de sa production. Jack Guez/AFP

L’information a fait l’effet d’une petite bombe. Dans la soirée de samedi, une chaîne télévisée israélienne crée le buzz : selon Channel 12, l’État hébreu et le Liban auraient signé un accord secret portant sur l’acheminement de gaz naturel. L’entente, qui aurait été négociée au cours du week-end écoulé par l’entremise d’Amos Hochstein, envoyé spécial de Washington et médiateur dans les pourparlers entre le Liban et Israël sur la délimitation de la frontière maritime, organiserait le transfert de ressources gazières depuis le gisement israélien du Léviathan, via la Jordanie et la Syrie, jusqu’au territoire libanais.

Le Liban, en proie à une sérieuse crise énergétique, est censé bénéficier prochainement de l’acheminement de gaz égyptien et jordanien via la Syrie, dans un projet parrainé par les États-Unis et annoncé en août 2021. Mais l’information de Channel 12 vient semer le doute : et si le gaz en question était en réalité d’origine israélienne ? « Il y avait déjà une possibilité que le gaz importé soit du gaz israélien, présent sur le marché égyptien. Désormais, la pression sur le gouvernement libanais est énorme : comment prouver (une fois le gaz présent au Liban, NDLR) qu’il ne s’agit pas de gaz israélien ? » estime Laury Haytayan, experte sur la gestion des hydrocarbures au Moyen-Orient.

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Le gouvernement libanais a démenti l’information via un communiqué publié hier par le ministère de l’Énergie, insistant sur le fait que « l’accord de fourniture de gaz sur lequel travaillent les gouvernements libanais et égyptien stipule clairement et explicitement que le gaz doit provenir d’Égypte ». Aucune information n’ayant par ailleurs filtré du côté de Washington ou de l’équipe de négociation d’Amos Hochstein, les experts estiment qu’on en est encore au stade spéculatif. « Il pourrait s’agir d’une fuite ancienne recyclée, et il nous faudra attendre pour comprendre de quoi il en ressort », avance Laury Haytayan.

Stade gestationnel

Le contexte régional enclin au compromis sur certains dossiers-clés rend toutefois l’information crédible, au moins en partie. D’un côté, l’initiative annoncée cet été par l’ambassadrice américaine Dorothy Shea prévoyant l’acheminement de gaz égyptien vers le Liban, via la Syrie et la Jordanie, bénéficie d’un élan favorable malgré les quelques obstacles logistiques parmi lesquels la reconstruction des pipelines endommagés par la guerre en Syrie. Sur le plan technique, elle bénéficierait d’un raccourci via les infrastructures israéliennes. De l’autre, les négociations sur les frontières maritimes pourraient connaître de nouvelles avancées – Amos Hochstein avait annoncé un accord d’ici à mars 2022 – dans le cadre d’un compromis visant à « troquer » le gaz israélien contre une entente favorable aux parties libanaises dans le cadre des pourparlers entamés en octobre 2020 en vue d’une délimitation des frontières maritimes. Dans ce contexte, « la possibilité d’un accord plus large entre le Liban et Israël n’est pas à exclure », estime Michael Horowitz, spécialiste du Moyen-Orient à LeBeck International.

En août dernier, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait annoncé l’envoi de carburant iranien afin d’aider le pays à faire face aux pénuries. Les premières livraisons étaient arrivées en septembre par bateau dans les ports syriens, avant d’être acheminées vers le Liban par voie terrestre. Sans doute pour contrer cette initiative, Washington lançait en parallèle son projet de coopération égypto-jordano-libanais. Celui-ci implique cependant de ne pas appliquer les sanctions contre le régime syrien dans ce cadre précis, l’acheminement des hydrocarbures devant nécessairement passer par son territoire. Vendredi, Dorothy Shea rassurait les autorités libanaises en fournissant de nouvelles garanties contre l’application de sanctions dans le cadre de la loi César.

Pour mémoire

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Mais le projet, malgré la détermination de l’administration de Washington, reste pour l’instant au stade gestationnel. Au-delà des obstacles logistiques, la diplomatie américaine devra dépasser des divergences internes et une opposition républicaine. Certaines voix du Grand Old Party mènent en effet une campagne afin de contrer la stratégie du gouvernement démocrate. En accusant l’initiative de renforcer le régime syrien en allégeant les sanctions à son encontre, les républicains pourraient chercher à discréditer l’administration démocrate à quelques mois des élections de mi-mandat. « Notre électricité pourrait être suspendue aux élections américaines de mi-mandat », ironise Laury Haytayan.

L’information d’un accord secret libano-israélien relance par ailleurs la thèse d’une avancée sérieuse des négociations entre les deux pays. Amorcées en octobre 2020, elles avaient été suspendues en mai dernier, suite à des différends entre Tel-Aviv et Beyrouth portant sur une zone disputée d’une superficie de 2 290 km². Mais alors qu’Israël avait amorcé l’exploitation de ses champs gaziers offshore depuis plusieurs années, le Liban a désormais tout intérêt à conclure un accord afin de débloquer le forage des hydrocarbures, toujours freiné par les inquiétudes sécuritaires des compagnies internationales à la frontière sud. Dans ce contexte, la relance des négociations en octobre par Amos Hochstein mais aussi l’approche des législatives libanaises pourraient accélérer le cours des négociations. Les acteurs libanais, notamment le président de la République en fin de mandat, mais aussi les candidats souhaitant marquer des points à l’approche du scrutin législatif de mai, pourraient en effet chercher à obtenir des résultats positifs.

Mais la séquence, qui n’aurait été possible sans l’aval du Hezbollah, met également la milice chiite face à un dilemme. « L’éventualité que le Liban reçoive du gaz israélien ne sera évidemment pas bien reçue. Mais dans le même temps, la solution proposée, celle de l’importation de fuel iranien via la Syrie, n’est pas durable. La question est alors : est-ce que le Hezbollah peut se permettre de faire barrage à un tel accord sans nuire à son image à l’intérieur (du pays) ? » souligne Michael Horowitz, pour qui c’est avant tout la limite de l’influence iranienne au Liban qui est en jeu.

L’information a fait l’effet d’une petite bombe. Dans la soirée de samedi, une chaîne télévisée israélienne crée le buzz : selon Channel 12, l’État hébreu et le Liban auraient signé un accord secret portant sur l’acheminement de gaz naturel. L’entente, qui aurait été négociée au cours du week-end écoulé par l’entremise d’Amos Hochstein, envoyé spécial de...

commentaires (6)

Il n’y a pas à se poser la question de savoir si le gaz sera égyptien ou israélien. L’Egypte importe depuis des années du gaz israélien pour sa propre consommation car elle n’en produit pas assez. Le gaz importé d’Egypte sera donc 100% israélien. Ceci est purement factuel et le journaliste est sensé le savoir…

Scoubidou 1et2

09 h 55, le 18 janvier 2022

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Il n’y a pas à se poser la question de savoir si le gaz sera égyptien ou israélien. L’Egypte importe depuis des années du gaz israélien pour sa propre consommation car elle n’en produit pas assez. Le gaz importé d’Egypte sera donc 100% israélien. Ceci est purement factuel et le journaliste est sensé le savoir…

    Scoubidou 1et2

    09 h 55, le 18 janvier 2022

  • En ne considerant que Seul l interêt du Liban ,le projet peut être considéré.

    noujaim robert

    18 h 40, le 17 janvier 2022

  • UNE PAIX AVEC ISRAEL COMME AVEC CELLE D'ISRAEL AVEC LES PAYS DU GOLF OTERONT A HEZBOLLAH TOUTE LA NECESSITE DE GARDER SES MILICES ,RENFORCERONT INCROYABLEMENT LES INVESTISSEMENTS AU LIBAN ET AUSSI , CERISE SUR LE GATEAU AUGMENTERONT D'UNE FACON EXTRAORDINAIRE LE TOURISME AU LIBAN A COMMENCER PAR LES ISRAELIENS TRES FRIANTS DE POUVOIR VENIR AU LIBAN AVEC LEUR VOITURE DIRECTEMENT LA VERITE: SEULS LES RETARDES MENTAUX SONT ENCORE CONTRE CETTE PAIX ALORS QUE LES PAYS ARABES SONT DEJA 7 OU 78 A L'AVOIR FAIT ET LE RESTE EST EN ROUTE. POURQUOI LE LIBAN DEVRAIT ETRE LE DERNIER A TOUJOURS BIEN FAIRE QUAND IL N'A QU'A GAGNER EXTRAORDINAIREMENTDE CETTE PAIX AUJOURDH'UI AVANT DEMAIN?

    LA VERITE

    18 h 05, le 17 janvier 2022

  • C’est plutôt positif et cela devrait paver la voie vers une solution à une paix prochaine .C’est le meilleur moyen de neutraliser le hezb traître !

    Wow

    11 h 57, le 17 janvier 2022

  • Et alors? S’il est israélien ? Ces gens essaient d’aider le liban.Alors que la classe politique actuelle enfonce les libanais et le liban. Le liban n’est PAS en position d’avoir des caprices. Ceci dit, ce n’est pas un secret. Toute la presse mondiale et toutes les communautés dans le monde en parlent. Y a qu’au liban où ca reste secret. Bandes de complexés. Il est grand temps de modifier les lois au liban et de pacifier le pays. Sans paix, AUCUN INVESTISSEMENT et Pas de relance économique l. Les investisseurs ont besoin de paix . Y a que le Hezbollah et consorts d’extrême gauche qui refusent de voir le monde actuel tel qu’il est. Même les palestiniens ont fait la paix…

    LE FRANCOPHONE

    09 h 30, le 17 janvier 2022

  • "comment prouver (une fois le gaz présent au Liban, NDLR) qu’il ne s’agit pas de gaz israélien". Et si c'était le cas? Du moment que les centrales tournent, on s'en fiche! On a bien laissé entrer du mazout en provenance du pire ennemi du Liban, non?

    Yves Prevost

    07 h 31, le 17 janvier 2022

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